Cette fois, vous en êtes sûrs. Malgré tous vos efforts pour les rendre acceptables et présentables en société (société se résumant souvent à vos amis), force est de constater que Papa et Maman atteignent dangereusement le point de non-retour de la ringardise. Vous vous croyiez épargné, mais sachez que ce fléau est omniprésent. Petit résumé des signes qui ne trompent pas, pour vous aider à dépister ce virus. Parce que Topito, c’est aussi de la prévention.
Ils disent "les djeuns"
Et ce sont les seuls qui l’utilisent encore de manière non ironique. C’est le premier signe avant-coureur de la ringardise aiguë et assumée, si vous n’aviez pas détecté le symptôme des yeux hallucinés qui roulent dans leurs orbites quand vous avez le malheur de placer trois mots de verlan dans une seule phrase.
Ils aiment beaucoup les jeux de mots
S’il ne devait rester qu’un seul humour sur terre, ils choisiraient celui-là. Faut dire pour leur défense qu’ils se débrouillent super bien et savent vous surprendre en toute occasion. Une fois, quelqu’un dans cet open space parlait innocemment de cheveux ondulés quand son paternel l’a interrompu pour sortir « faut être une vache, parce que les vaches ont-du-lait ». Autant vous dire qu’on sait de quoi on parle.
Sinon, ils adorent aussi les blagues toutes faites.
Tu sais, quand tu passais encore le Nouvel An en famille, que tu filais au dodo à trois heures du matin et souhaitais donc à la compagnie un chaleureux « à demain ». Dans un tonnerre d’éclats de rire affligeant on te répondait « Mais on est DÉJÀ demain ! », lol lol et lolilol. Mais tu sais ce qui aurait été bien pire ? Partir avant minuit, et écoper du grandiose « Eeeeeh, à l’année prochaine !! »
L'Internet est un grand mystère pour eux.
Qu’ils ne cherchent pas vraiment à élucider. Certes, parfois ils vous déstabilisent en vous demandant de leur expliquer le but de Facebook, Instagram ou Snapchat, ou en prenant l’air intensément attentif quand vous leur expliquez la magie du copier-coller. Mais très vite ils retrouvent leur indifférence assumée, vous venez d’ailleurs d’entendre votre père épeler tout un lien url au téléphone « non deux t à https ensuite deux points bâton bâton. »
Et, finalement, c'est beaucoup mieux que s'ils maîtrisaient Facebook.
Oui, parce que ça leur arrive, mais toujours à moitié. Par exemple, ils ne comprendront jamais l’intérêt des messages privés, et continueront sans prévenir une conversation sur votre mur, en pensant quand même à signer maman à la fin de chaque post, avant de commenter toutes vos photos.
Leurs humoristes préférés sont déjà d'une autre époque.
Anne Roumanoff ou Patrick Timsit, au choix. Ils peuvent se regarder le DVD en boucle tous les samedis soirs devant leur plateau télé sans se lasser, les larmes aux yeux tellement ils en peuvent plus de se marrer. Mais attention, ils n’aiment pas Bigard parce qu’il « va trop loin et puis quand même il est un peu vulgaire roooh ».
Quand ils rentrent du travail, ils se changent, et c'est pas jojo
Vous, vous en tenez au jogging, et c’est déjà beaucoup. Vos petits parents d’amour privilégient avant tout le bien-être et le confort, il leur faut donc un pyjama, une robe de chambre et des chaussettes toutes douces dans leurs charentaises à carreaux. Et pour dormir, ils mettent des chemises de nuit.
Ils ne renouvellent jamais leur déco, jamais
Parce que, sinon, ils ne se sentiraient plus chez eux, et ça ferait tout vide, et puis qu’est-ce que tu m’emmerdes c’est très bien comme ça. Même vos sculptures en pâte à sel, vos photos de classe et l’almanach du facteur de 1997. Tout ce qui se rapporte à des êtres chers ou des bons souvenirs, ou qu’ils ont éventuellement trouvé un peu mignon à un moment donné de leur existence, ils le gardent, ils l’entassent, ils l’exposent.
Leur chien est moche
Ils auraient pu choisir un fringant golden retriever, par exemple, ou quoi que ce soit de beau, digne et aimant. Mais Filou fait trente centimètres de long, ses poils sont gris-marron et pas mal emmêlés. Il s’obstine à vouloir dormir sur le canapé et aboie très aigu, surtout envers vous. Et pourtant, ils le traitent comme le petit dernier, le chouchou de la famille et le bichonnent presque plus que vous.
Ils essayent d'adopter ton langage, et échouent
« Alors, les filles, ça swag ? » peut être légèrement déstabilisant, surtout si tu es accompagnée. Mais ça prend des proportions délirantes par sms, où ils s’en donnent à cœur joie avec les nouveaux émoticônes que vous leur avez installés et autres XD et MDR.
Leurs vêtements
Mais bien sûr, pourquoi n’en a-t-on pas parlé plus tôt. Le tee-shirt de concert vieux de vingt ans, la polaire quechua parce qu’il fait pas chaud pour la saison, et le jean trop large. Quand ce n’est pas la tenue complète Desigual pour Mamounette parce que c’est « joyeux toutes ces couleurs ». Avant, vous vous vexiez quand ils se permettaient une réflexion sur votre tenue, depuis vous savez relativiser.
Ils utilisent des mots ringards pour dire que quelque chose est ringard
Créant ainsi une boucle infinie. Exemple : « Regarde-moi ce t-shirt comme il est craignos ! »
Tous leurs cadeaux sont nuls
Sauf si vous leur faites une liste au préalable. Et encore, c’est pas gagné d’avance, parce qu’ils ne comprennent pas toujours ce qu’ils lisent, et ils ne font pas la différence entre les marques qui vous intéressent et les produits discount. Les fausses Converse avec une arobase à la place de l’étoile pour vos huit ans, elles vous restent encore en travers de la gorge.
Ils n'écoutent que de la musique des années 80
Et pas n’importe laquelle non. La musique underground de l’époque ils s’en battaient les steaks. Eux ils ont acheté religieusement chaque année de leur jeunesse le CD des hits de l’été, les pires tubes commerciaux de l’époque sur lesquels ils se trémoussaient en boîte de nuit en levant leurs index vers le ciel. Ils peuvent critiquer Magic System, après ça.
Ils ont un avis sur beaucoup de choses qu'ils ne connaissent pas
Vous avez eu le droit à un exposé affligeant sur les dangers de la fumette bien pire que l’alcool, une mise en garde contre le covoiturage et les réseaux sociaux où tu peux rencontrer des pervers, et ils reviennent de chaque croisière en affirmant que les autochtones sont très chaleureux, « un vrai sens de l’accueil », ce que leur niveau d’anglais ne leur a pourtant jamais permis de vérifier.