une_mots2015 (1)
Source photo : walkerkarraa

Au fil de l’année dans des articles de presse, des posts de réseaux sociaux ou tout simplement au milieu de conversations, des mots sont apparus, répétés à l’envi, comme des marqueurs de l’actualité. Noms propres ou communs, anglicismes, termes inconnus ou prenant une valeur inédite dans un contexte fort, tels sont les 10 mots de 2015. Retour sur une année chargée en émotion, dictionnaire en main.

  1. Charlie
    Les cotillons du Nouvel An à peine aspirés, les coupes de champ’ à peine vidées, les événements du 7 et 9 janvier ébranlent la France et le monde. Un mot prend le pas sur tous les autres pour synthétiser la vague émotionnelle qui submerge le pays : Charlie. « Je suis Charlie », lettres blanches sur fond noir, marque à la fois le deuil et la cohésion nationale. Si le journal satirique ne vendait plus beaucoup, il devient de fait le symbole d’une France fraternelle et multiculturelle. On sait désormais où est Charlie : partout !
  2. Grexit
    Au cœur de l’été, alors que les Européens se prélassaient au soleil, un néologisme a explosé dans les JT et sur les unes de tous les quotidiens : grexit. Avec la crise économique endémique de la Grèce, les 19 membres de la zone euro réfléchissent en effet à un scénario de sortie de la Grèce de la monnaie unique, à peine 14 ans après son entrée. Pour, contre, sans opinion, le débat a enflammé les rédactions et les conversations. On a même fini par apprendre à dire non en grec (oxi). Si un jour, en vacances en pays hellénique, vous souhaitez refuser un dernier verre d’ouzo, vous pourrez crâner devant les locaux. Merci l’Europe !

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    "*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

  3. Logeur
    Jawad, le logeur le plus célèbre du web a crevé l’écran de BFM en novembre. Sujet de détournements plus hilarants les uns que les autres, l’homme qui aurait logé à son insu un groupe terroriste à Saint-Denis, a servi d’exutoire à la folle tension des jours qui ont suivi le 13 novembre. Bouffon cathartique, il a permis à des dizaines de milliers de Français de se fendre la poire, à coup de citations grotesques, de fausses pages Airbnb (appartement « très aéré ») et d’un événement Facebook auquel plus de 400 000 personnes ont répondu présentes (« soirée pyjama chez Jawad »). Un mème comme on les aime.

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    Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

  4. Migrant
    On aurait pu parler d’immigrés, de réfugiés, de sans-papiers, mais rapidement c’est le mot migrant qui s’est imposé pour faire référence à la vague migratoire inédite qui bouleverse la Méditerranée. Moins stigmatisante qu’immigré mais plus déshumanisante que réfugié, cette caractérisation impersonnelle des pauvres hères qui cherchent à fuir leurs pays en guerre a fait les choux gras de la presse. Le choix de ce mot aura montré tout le paradoxe de la situation quand aux Etats-Unis, dont l'Histoire repose précisément sur la venue de "migrants", certains refusent de les voir débarquer.

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    Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

  5. Pavoiser
    Les évènements de novembre ont réhabilité pas mal de choses, à commencer par la Marseillaise et la capacité des Français à faire d'un verre en terrasse un acte politique. Mais aussi à sortir le drapeau tricolore en dehors des compétitions de foot. On nous a donc invités à "pavoiser" et donc à (re)découvrir un autre sens à ce mot. Parce que jusqu'ici, "pavoiser", en France, on savait faire.
  6. No go zone
    Quand Fox News décide d’enquêter sur Paris après les attentats de janvier, la chaine d’information très controversée ne fait pas les choses à moitié. Un journaliste spécialiste des zones de conflit explique sérieusement qu’au coeur de la capitale existe des no go zones, des quartiers où la charria est imposée, où les non-musulmans n’ont pas droit de cité, où des passants arborent des tee shirts à l’effigie d’Oussama ben Laden. Bref Kaboul ou Bagdad en lieu et place de Belleville, la Goutte d’or ou Ménilmontant. Et dire qu’on se plaint de BFM…
  7. Uberisation
    Star de 2015 pendant le conflit avec les taxis, Uber est rapidement devenu le symbole du modèle économique 2.0, celui où tout un chacun devient son propre patron, dans une précarisation rampante. Cette "uberisation" de la société, sorte de changement de paradigme du patronat, vend l’idée d’une simplification du marché du travail, en mettant en contact direct, via des applications et la géolocalisation, un client et un free lance. Adaptable à une myriade d’activités professionnelles, l’uberisation a de beaux jours devant elle, risquant fort de devenir le mode de consommation et de travail des temps modernes.

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    Il n'a pas souffert, promis

  8. Phubbing
    Il suffit parfois de nommer une chose pour asseoir son statut de phénomène médiatique. A l'instar du "selfie" devenu par cette dénomination une pratique faisant oublier que les "auto-portraits" existent depuis la nuit des temps, le phubbing (mix entre phone et snubbing qu’on pourrait traduire par télésnober) a rempli les pages "société" des magazines ces derniers mois. Le fait de river ses yeux à son téléphone au lieu de communiquer avec ses proches ou d’observer le monde autour de soi a donc un nom qui synthétise parfaitement l’hyperconnexion virtuelle du XXIe siècle couplée à un isolement égoïste. Et si maîtriser sa tendance au phubbing était la bonne résolution 2016 ?
  9. Ruck
    Le grand public a découvert lors de la Coupe du Monde de rugby ce mot désignant les regroupements au sol, ces mêlées spontanées, qui sont aujourd'hui la base de l'ovalie. Et que ce mot soit dans toutes les bouches de l'encadrement français en dit long sur l'ambition du rugby tricolore : une préparation de GI, de l'agressivité, de l'impact... en 2015, "french-flair" n'a pas été tendance. Non. Il fallait de l'impact dans les rucks. Le reste, c'est de la littérature.
  10. Swatting
    Encore un anglicisme issu des nouvelles technologies, le swatting pourrait être considéré comme une mauvaise blague à grande échelle. Dérivé du mot SWAT (brigade d’intervention d’urgence américaine), le swatting revient à hacker le téléphone d’un individu ou tout autre moyen de communication et demander d’urgence de l’aide aux services de police (genre « je viens de tuer ma femme », « j’ai une bombe te je compte bien tout faire sauter »…). Déboule alors chez le pauvre hacké une ribambelle de flics surarmés et prêts à en découdre. Frayeur assurée. Ce canular, dont ont été victimes Aymeric Caron, Enora Malagré, Pierre Haski ou Daniel Schneiderman, est passible en France de 30 000 euros d’amende et de deux ans de prison.
  11. Phablette
    Jusqu'ici, la technologie, c'était cool. Mais ça, c'était du temps des "smartphones" et des "tablettes tactiles". le marché est aujourd'hui gangréné par ce truc hybride qui ne permet pas d'apprécier un film, qui ne rentre pas dans une poche et qui donne l'air con quand on téléphone avec. Et qui a en plus un nom dégueulasse.
  12. Bleuche
    Bon... on se doute que ce mot ne rentrera pas dans le Larousse, mais on racontera sûrement à nos petits-enfants un jour qu'un jour de février 2015, le monde était suspendu à la photo d'une robe, bleue ou blanche, qui a divisé l'humanité.

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    Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

  13. (bonus) Les mots de la haine
    Au cours d'une année tendue qui s'est conclue par un front républicain lors des Régionales, les mots-valises de plus ou moins bon goût ont remplacé les arguments. "Ripoublicain", "gauchiasse", "socialope" auquels répondait le mot "fachosphère", "Feminazi", "islamofachisme" et "climato-septiques" ont contribué à durcir les positions dans d'autres domaines. Amalgames et jeux de mots merdiques, voila ce qui fait avancer le débat...
  14. Et vous, vous avez enrichi votre vocabulaire en 2015 ?