Entre la fin des années 90 et le tout début des années 2000, on trouvait en librairies une série de livres pour ados qui allaient marquer toute une génération. Et il ne s’agit pas d’Harry Potter, sorti plus tard, mais bien d’Animorphs, 46 tomes de guerre entre plusieurs peuples extraterrestres avec au milieu de tout ça une bande d’adolescents dotés de supers pouvoirs leur permettant de se transformer en animaux pour mieux mener le combat. Et quiconque a eu entre ses mains tout ou partie de ces 46 tomes se souvient que c’était tout simplement génial.
L'histoire des vers extraterrestres dans les oreilles
Les Yirks s’inséraient dans les oreilles des gens pour contrôler leur esprit et aider les infâmes méchants à conquérir la terre. Bref tu t’endormais en mettant des boules Quiès parce que tu n’avais vraiment pas envie qu’on prenne le contrôle de ton corps, surtout que les quelques descriptions du processus de prise de contrôle par les rares humains qui réussissaient à résister étaient terrifiantes.
Tu te disais que t'avais pas envie de te transformer en dauphin, toi
Alors que se transformer en ours, c’était cool. Ah oui parce que pour ceux qui ne connaissent pas, on suivait 5 ados qui acquéraient grâce à un gentil extraterrestre la capacité de se transformer pour quelques heures en un animal en le touchant, simplement. Mais tu ne croises pas des ours tous les jours, du coup parfois c’était des transformations assez nazes.
Les couvertures où ils se transformaient faisaient bien flipper
Et de manière générale, c’était ULTRA. GORE. Les scènes de transformation étaient décrites au détail près avec des craquements d’os, des torsions de muscles, des écrasements de crânes… Sans parler des batailles. Rien ne nous était épargné : membres déchirés, déchiquetés, écrabouillés. On a lu ça quand on avait 10 ans ? CHAUD.
La narration à plusieurs voix
« Je m’appelle… ». Tous les livres commençaient par cette même phrase. Ils étaient écrits à la première personne, ce qui permettait de voir l’horreur de la guerre la plus brute à travers les yeux des personnages principaux, successivement, le point de vue changeant de tome en tome. On découvrait leurs pensées et on les voyait grandir avec un grand rapport d’intimité.
Les Andalites étaient stylés
Enfin tu croyais. C’était loin d’être manichéen, Animorphs. Pendant les 13 premiers tomes, les gentils extraterrestres Andalites étaient très gentils et les méchants extraterrestres Yirks très méchants. Puis, on apprend que les gentils sont en fait des raclures de fond de chiotte (inspirés des stratégies néo-impérialistes des Etats-Unis pendant la guerre en Irak) et que les méchants sont plus complexes, et que même si ce sont des bâtards cauchemardesques qui prennent possession du corps des gens, peut-être que la vision des méchants qui sont juste méchants pour être méchants n’explique pas tout (le tome 19, Le Départ, avec le papillon là… des LITRES de larmes bordel) A côté, Voldemort, bon, c’est sympa hein, mais ça reste un rien basique.
Quand tu tournais les pages très vites ça faisait une animation en flip-book en bas.
Grave. Stylé.
Les extraterrestres étaient DINGUES
Vraiment. Les Hork-Bajirs étaient décrits comme des rasoirs sur pattes puis se révélaient être une race de jardiniers manipulés par une puissance supérieure (faut s’accrocher mais cette histoire est folle) ; les Taxxons étaient des mille-patte géants cannibales absolument terrifiants, les Leerians pouvaient lire les pensées… Chaque créature extraterrestre méritait quasiment une saga à elle toute seule. Sauf les Helmacrons. Tout le monde déteste les Helmacrons.
La trilogie de David.
Un condensé de cruauté, de suspense, de trahisons, de désespoir, de manipulations… Tout le monde a son tome préféré d’Animorphs (moi c’est La Capture parce que j’en n’ai pas dormi pendant trois jours) mais tout le monde sait que le point culminant de la saga, c’est cette trilogie, avec les tomes 20 (La Découverte), 21 (L’Ennemi) et 22 (La Solution). Magistral et terrifiant à la fois.
C'était une série Netflix avant Netflix.
Et en livres. Un nouveau tome d’Animorphs sortait tous les mois et je m’en rappelle très bien parce que la veille du jour où ma librairie le recevait je n’arrivais jamais à dormir. J’allais sur Internet pour avoir un résumé, mais comme je ne savais pas lire l’anglais et qu’aucun francophone n’avait lu les livres en VO – non seulement c’était pas Harry Potter mais en plus on était 5 sur Internet en 1999 – c’était chaque fois la surprise. En un mois, je ponçais le livre en boucle et je passais au suivant trente jours plus tard. Ça a duré presque 4 ans ! Et parfois, il y avait des mois glorieux où – surprise ! – il y avait en plus du nouvel épisode…
Les hors séries
Mégamorphs, Alternanorphs, les Chroniques, ce que vous voulez… Tout ne se valait pas. Les Mégamorphs étaient des épisodes qui avaient un peu la prétention d’être le Avengers d’Animorphs, des blockbusters intenses où des événements très importants pour la suite se passaient. Quant aux Chroniques (Andalites, Hork-Bajir, Vysserk…) elle n’étaient rien de moins que les meilleurs romans de science-fiction pour jeunes ados sortis au début des années 2000. Les Alternamorphs n’étaient que des livres dont vous êtes le héros dans l’univers d’Animorphs, rigolos mais décevants.
C'était un peu long après le 23ème tome
La série est LONGUE et à partir d’un certain moment, on ne comprenait plus très bien où elle voulait en venir. Il y a eu de très très bonnes idées (L’Illusion, dans lequel un des membres se fait capturer et torturer, est vraiment, sans exagérer, plus intense et plus terrifiant que 100% des deux dernières saisons de Game of Thrones) mais c’était LONG. Et vraiment, le tome en Australie, est-ce qu’on en avait besoin ? Oui ? Non ? Bon.
D'ailleurs, la série était vachement moins bien que les livres
La série était NULLE. Mais alors NULLE. Elle a révélé Shawn Ashmore qui a joué dans X-Men, le générique était à peu près cool, mais les effets étaient flingués et l’histoire n’avait presque rien à voir avec les livres. On oublie. Zou. Poubelle.
Ça ne prenait jamais les lecteurs pour des enfants
Animorphs, c’est la série parfaite. Le concept est génial, un peu cheap mais fantastique, les scènes d’actions sont DINGUES (un tigre qui se bat contre des extraterrestres ? J’achète, merci) mais derrière ces paillettes et ce côté très « cool », aucune autre série n’a aussi bien parlé de la guerre, de ses horreurs, des pertes qu’elle engendre, des jeux de pouvoirs scandaleux qui peuvent l’animer, de la propagande et de tout ce qu’elle peut détruire. Animorphs, c’était violent, mature, prenant, excitant et terriblement pesant à la fois, et surtout, ça ne s’est jamais dit « On va atténuer les horreurs ou rajouter des romances parce que nos lecteurs ont dix ans ». Et quand on a dix ans, ça fait du bien de voir que des adultes nous parlent sans nous prendre pour des teubés.
La fin était abrupte
Si vous avez tenu pendant les 46 (!) premiers tomes, la fin a dû vous paraître abrupte et même un peu naze. Après une vingtaine de livres où il ne se passe pas grand’chose, tout est plié en deux livres… Vous vous rappelez de la saison 8 de Game of Thrones ? Sauf qu’il y a une douille. La vraie fin d’Animorphs, ce sont les 7 derniers livres, et parmi ces 7 livres qui forment un final grandiose, épique, plein de dilemmes, de coups de théâtres, de trahisons qui n’en sont pas mais en fait si mais en fait non… il y en a 5 qui n’ont jamais été traduits chez nous. Imaginez la saison 5 de Breaking Bad si, en France, on avait eu que les 3 derniers épisodes ! Bref, nul. Mais la fin était violente, spectaculaire, controversée pour une raison simple : Animorphs, c’est avant tout le récit de cinq adolescents américains plongés dans une guerre qui les dépasse (tu les vois les trauma de la Guerre du Viet-Nam ?). Et une guerre, ça ne se finit pas comme dans Star Wars avec des médailles et des fanfares. Ca se finit avec des traumatismes, des victimes, et des familles en deuil. Ouais, c’est badant. C’est aussi ça, Animorphs.
J’attends le remake avec impatience maintenant.