Pour apparaître dans un film ou une série, certains suivent des années de formation au métier d’acteur en passant par les écoles les plus prestigieuses. Et puis il y a les autres : ceux qui n’ont rien fait de spécial pour être là, car ils ne se destinaient pas du tout à apparaître au cinéma jusqu’à ce qu’un réalisateur croise leur route et repère en eux l’étincelle d’un talent de comédien. Le gros coup de cul, quoi. Encore faut-il transformer l’essai derrière en offrant une belle performance à l’écran. À ce petit-jeu là, certains amateurs s’en sont très bien sortis.
Ronald Lee Ermey dans "Full Metal Jacket"
Le Sergent instructeur Hartman qui engueule les recrues dans Full Metal Jacket est interprété par Ronald Lee Ermey, qui n’était autre qu’un vrai militaire déjà habitué à former des recrues (et à leur crier dessus comme un fou furieux). Dans sa jeunesse, Ronald était un petit voyou, jusqu’à ce qu’un juge lui dise qu’il avait le choix entre la prison et les Marines. Il a choisi les Marines. Après une carrière de 7 ans (il a dû arrêter car réformé), Ronald a fini par bosser pour le ciné comme consultant, et il a fait deux-trois petits rôles, mais c’est Stanley Kubrick qui finira par le révéler en lui offrant le rôle de sa vie. Aujourd’hui, le Sergent instructeur Hartman est certainement l’un des seconds rôles les plus cultes du cinéma, et c’est génial de se dire que, sous le chapeau, y’avait un mec totalement amateur.
Danny Trejo dans "Runaway Train"
Aujourd’hui, on visualise bien Danny Trejo, comédien à la gueule mythique aussi connu pour être l’acteur qui meurt le plus à l’écran. C’est plus un débutant, mais il n’avait pas du tout prévu de jouer quand un assistant du réalisateur l’a intégré au film Runnaway Train, où tout le monde a encensé sa performance. À la base, Danny était surtout un gros gangster qui avait fait de la taule et qui s’était pointé sur le plateau de tournage pour aider un pote cocaïnomane à ne pas replonger. Complètement dingo le destin.
Hunter Schafer dans la série "Euphoria"
Mannequin transgenre américaine, Hunter Schafer a décroché des contrats avec les plus grandes maisons, comme Dior, Marc Jacobs, Miu Miu ou Vera Wang. Grâce à son charisme et sa beauté, elle s’est faite remarquer rapidement et s’est retrouvée dans des listes prestigieuses, comme celle des « 21 under 21 » de Teen Vogue ou celle des « mannequins à suivre » du journal Observer. Du lourd, en somme. Tout ça lui a permis de décrocher son premier rôle, à savoir celui de Jules Vaughn dans Euphoria, l’amie de Rue (jouée par Zendaya). Et autant dire qu’elle crève littéralement l’écran, égalant quasiment la performance de Zendaya, pourtant actrice confirmée. Bon, ok, elle crève pas « littéralement » l’écran, elle le crève littérairement, mais on aime bien en faire des caisses.
Dylan Robert dans "Shéhérazade"
Apprenti carreleur ayant abandonné sa scolarité à 12 piges, Dylan Robert a grandi dans le 3eme arrondissement de Marseille où il a fait toutes sortes de conneries genre vol avec violence. Repéré pour son profil de petit caïd par le réalisateur Jean-Bernard Marlin, il a accepté de jouer le premier rôle de Shéhérazade, un super film où il interprète Zachary, un caïd de 17 ans qui sort de prison. Un rôle taillé sur-mesure, quoi. Du coup Dylan s’en est bien sorti et a chopé un César, avant de retourner en prison pour… vol avec violence. Un peu trop proche de son personnage, le mec.
Gérald Thomassin dans "Le Petit Criminel"
Dans le même genre que Dylan Robert, Gérald Thomassin avait été casté en 1990 alors qu’il était à la DDASS pour le film de Jacques Doillon, Le Petit Criminel. À 16 ans, il a délivré une performance d’acteur tellement puissante qu’il s’est vu décerner le César de l’espoir masculin. Après ça, le jeune acteur a lancé sa carrière tout en plongeant dans l’alcool et la drogue. Ça ne l’a pas empêché de décrocher d’autres bons rôles, notamment dans Le Paria et Le Premier Venu, mais sa dépendance l’a entraîné bien bas. En 2009, il devient sans-abri, et en 2013, il est accusé de meurtre, incarcéré, puis remis en liberté sous contrôle judiciaire 2 ans plus tard, puis à nouveau incarcéré et libéré. Toujours pas jugé (car il y avait d’autres suspects), Gérald devait participer à une confrontation entre les suspects en 2019, mais il a disparu. Depuis, un non-lieu a été prononcé, mais l’acteur n’a toujours pas été retrouvé, et beaucoup pensent qu’il est mort. Difficile de faire plus tragique comme destin.
Vinnie Jones dans "Arnaques, Crimes et Botanique"
Ancien footballeur gallois ayant évolué dans la plus grande ligue anglaise, Vinnie Jones était un milieu de terrain de type « gros bourrin » qui s’est fait expulser 12 fois en cours de partie, avec un superbe record : un carton jaune obtenu après seulement 3 secondes de jeu. Le genre de mec qu’il ne faut pas énerver quoi. C’est sa réputation de bad boy à la carrure imposante qui lui a permis de se faire repérer par Guy Ritchie qui lui a filé le rôle de Big Chris dans son premier long-métrage Arnaques, Crimes et Botanique. Vinnie Jones a tellement bien su rendre effrayant l’homme de main de Harry la Hache qu’il a lancé sa carrière avec d’autres rôles cool, comme Bullet Tooth Tony dans Snatch, Le Fléau dans X-Men : L’Affrontement final, ou Danny Brickwell dans la série Arrow. Comme quoi ça sert de montrer les dents sur le terrain.
Déborah Lukumuena dans "Divines"
Celle qui a obtenu le César de la meilleure actrice dans un second rôle en 2017 pour sa performance dans Divines s’intéressait au cinéma, mais n’avait pas prévu de faire carrière. À la base, Déborah Lukumuena s’était pointée au casting du film pour être simple figurante ; finalement, elle est ressortie avec le second rôle (Maimouna). Ne rêvez pas trop non plus que ça vous arrive à vous : ce genre d’histoire est à peu près aussi rare que le nombre de fois où on retrouve des fautes d’orthographe sur Topito.
Rod Paradot dans "La Tête haute"
Rod était en plein CAP menuiserie quand, lors d’un casting sauvage, la réalisatrice Emmanuelle Bercot l’a repéré et choisi pour lui donner le rôle principal de son film. Et bim : César du meilleur espoir masculin. L’acteur a donc lâché la menuiserie pour se lancer dans le ciné, mais aussi sur scène, ce qui lui a permis de choper un Molière de la révélation masculine pour son rôle dans Le Fils. Génial. Ce qui est moins génial, c’est qu’il a joué dans l’énorme bouse produite par le Puy du Fou, Vaincre ou Mourir, mais bon ça ça le regarde.
Adolpha Van Meerhaeghe dans "Les Invisibles"
Celle qui interprète Chantal, la « femme qui ne ment pas », une sans-abri qui a fait de la prison, a obtenu ce premier rôle à l’âge de 70 ans. Il s’agit d’Adolpha Van Meerhaeghe, une Nordiste qui a vraiment fait de la prison pour avoir tué son mari violent. Elle a délivré une performance hyper juste qui ferait presque regretter de ne pas l’avoir repérée beaucoup plus tôt.
Les actrices et acteurs non professionnels dans Ouistreham
Le film d’Emmanuel Carrère, qui traite du travail intérimaire précaire, a la particularité de mettre en scène de vraies agentes et agents d’entretien. Autant dire que le pari est réussi, puisque tous les amateurs présents au casting sont parfaits dans leur rôle et apportent un vrai réalisme dans les scènes montrant le quotidien des travailleurs de l’ombre. On enlève notre chapeau.
Les actrices non professionnelles dans Nomadland
On finit sur ce qui est probablement le plus beau film de 2021 : Nomadland. Et ce qu’il y a de très fort, dans le long-métrage qui met en scène la vie précaire et (presque) libre des nomades aux États-Unis, c’est que plusieurs comédiennes non professionnelles sont de vraies nomades. Et elles jouent À MERVEILLE. Linda May et Charlene Swankie, qui jouent leur propre rôle, méritent chacune un Oscar tellement elles sont bouleversantes. Franchement, si vous n’avez pas encore vu ce film, arrêtez ce que vous êtes en train de faire et courez le mater. C’est presque un ordre.
On n’a pas parlé de Gunther de Friends, pris parce qu’il savait faire fonctionner une machine à café, mais vous trouverez toute l’histoire dans le top des acteurs qui ont décroché un rôle de façon amusante.