Paris histoire. Paris la fête et Paris champagne. Mais Paris le meurtre, Paris fusils, Paris la mort et Paris allemand. Paris gibet, Paris pendu, Paris triple meurtre, Paris guillotine, Paris suicide et Paris bien glauque.
Faisons en le tour.
Les places de la Concorde et de la Nation
1036 personnes ont été guillotinées, pendant la Terreur, sur l’actuelle Place de la Nation qui, en ces temps révolutionnaires, s’appelait la Place du Trône Renversé. Ironie du sort, le responsable d’un bon paquet de ces exécution, à savoir Robespierre himself, a eu droit à un traitement de faveur puisqu’on lui a coupé la tête sur la Place de la Révolution, laquelle correspond aujourd’hui à la place de la Concorde. Les noms de places ont un sens.
Le jardin d'acclimatation
Au départ, le jardin d’acclimatation est une concession du bois de Boulogne octroyée à une société de zoologie pour l’acclimatation (d’où son nom), d’espèces animales exotiques au rigoureux climat français. Mais à partir des années 1870, la donne change légèrement quand on commence à y présenter au public des humains décrits comme des sauvages. En gros, on prend des mecs des colonies africaines (ou parfois d’extrême-orient) et on les exhibe au milieu de bêtes sauvages de leur contrée d’origine pour faire couleur locale. Le tout durera jusqu’à 1931 et nourrira, dès le XIX°, pas mal de polémiques, rapport au fait qu’on mettait des hommes en cage. Ce qui est davantage problématique, c’est que les cartels actuels du jardin racontant cette pratique ancienne la présentent comme une activité exotique qui ravissait le peuple parisien. Sans doute les auteurs ne pensent-ils pas à mal, mais ce serait pas mal de les changer.
Les Buttes Chaumont
Aux Buttes Chaumont, parc artificiel construit avec son jumeau Montsouris sous Napoléon III sur le mont chauve, se trouve un pont qui s’appelle tout simplement le pont des suicidés. Et il est remarquablement bucolique et remarquablement grillagé, désormais, pour éviter que la pratique ne perdure. La passerelle qui surplombe le lac attirait en effet les désespérés de tout poil qui venaient mettre fin à leur jour dans le cadre chatoyant du XIX° arrondissement.
La rue Lauriston
Entre 1941 et 1944, aka pendant l’occupation, la Gestapo allemande s’est adjoint les services de mercenaires français qui ont constitué à eux seuls ce qu’on a appelé la Gestapo française, probablement les pires fils de pute de l’histoire de la vie. Souvent recrutés parmi les malfrats et les salauds, ses membres prolongeaient l’action de la Gestapo allemande, se livrant au débusquage des Juifs et des résistants, mais pour des raisons souvent veules, attirés par l’appât du gain et la possibilité de se livrer à des trafics. Autant dire que passer devant le 93 de la rue, située pas très loin de la Place Dauphine, ne met pas de super humeur.
Le Lutetia
L’hôtel Lutetia est un des palaces parisiens de la rive gauche, repère de stars en tout genre et de personnes fortunées. Mais pendant l’occupation, il a été occupé par l’Abwehr qui en a fait son QG et, à la libération, pour éviter de se faire passer par le feu, son propriétaire a transigé avec les forces alliées pour que l’hôtel serve de refuge à tous les rescapés des camps. Ses couloirs sont donc (mémoriellement parlant) hantés par les agents du renseignement nazi et par les individus décharnés ayant réchappé des camps de la mort.
Le 53 rue de la Grange-aux-Belles
Avant la guillotine, il y avait le gibet. La pendaison, c’était comme tout : ça se faisait publiquement. Or, le gibet le plus en vue de Paris était situé précisément à cette adresse du X° arrondissement : le gibet de Montfaucon, comme on l’appelait, était constitué d’un ensemble de potences où l’on exhibait les corps en décomposition des condamnés pour qu’ils soient peu à peu mangés par des charognards. Autant dire que c’est pas le truc le plus jojo du monde. Le gibet a été opérationnel jusque sous Louis XIII.
Le Père Lachaise
C’est au sein du Père Lachaise que la Commune a pris un gros coup dans sa tronche en 1871 lorsque 147 de ses combattants ont été fusillés contre le mur des Fédérés, comme la postérité devait le nommer, histoire de bien installer l’idée que le patron, c’était Thiers. On ne refera pas l’Histoire, mais en tous les cas ce n’est pas l’histoire la moins glauque survenue dans le cimetière.
La cascade du bois de Boulogne
A la veille de la Libération de Paris, en 1944, 37 résistants ont été attirés par la Gestapo dans un guet-apens et ont été fusillés, tout près de la cascade du bois de Boulogne. Aujourd’hui, un monument commémore cet événement qui marque un des derniers actes de cruauté de l’occupant allemand pendant la guerre et accueille souvent des cérémonies officielles lors des commémorations annuelles.
La station de métro Charonne
Le 8 février 1962, lors d’une grande manifestation organisée contre l’OAS en pleine guerre d’Algérie, 8 personnes sont mortes dans la pagaille faisant suite aux violences policières ayant conduit les manifestants, réunis à l’initiative de la gauche et des communistes, à se réfugier à la hâte dans le métro. En plein état d’urgence, la manifestation avait en effet été interdite et le préfet de police avait donné l’ordre à ses hommes de réprimer les présents. La plupart des historiens pointent la responsabilité de l’appareil répressif policier et des dysfonctionnements évidents dans la chaîne de commandement ayant quand même entraîné 8 morts et 2500 blessés.
Le 8 rue Jean Mermoz
Le 17 mars 1887, Claudine-Marie Regnault, sa femme de chambre et la fille de ladite femme de chambre trouvent la mort au 17 de la rue Montaigne (aujourd’hui le 8 rue Jean Mermoz dans le VIII°) dans une mise en scène macabre. Les femmes sont égorgées ou décapitées et certains de leurs doigts sont coupés. De l’argent a été volé ainsi que des bijoux. Les enquêteurs ne tardent pas à arrêter un aventurier, Henri Pranzini, qui sera condamné et exécuté pour ce triple meurtre, malgré ses dénégations.
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