Les vacances sont finies. On a salué nos amours d’un temps, quitté nos terres d’attache temporaires. On en aura profité – pas suffisamment. D’où vient dès lors ce pincement au cœur ? Pourquoi la rentrée m’inspire-t-elle des sentiments si noirs ?
Ne vous inquiétez pas, vous passez par un cycle normal.
Le choc
Le train avance à toute vitesse vers Paris. La pluie commence à s’abattre sur les vitres aussitôt le massif central passé. On se retourne, mais déjà les paysages d’hier disparaissent. Que reste-t-il ? Un vague souvenir, lui aussi dilué dans la bouillasse, une impression d’éternité – ce n’était qu’une impression. Alors soudain on est pris d’un hoquet et le hoquet se change en suffocation et la suffocation ne cesse pas, voilà le quai du métro : où est l’air ? À l’aide ! Mais le couple de Japonais sur le quai n’intervient pas. On s’effondre, terrassé.
Le déni
Si j’ouvre les yeux dans 5 secondes – je les compte, les 5 secondes, elles sont longues, les 5 secondes – si j’ouvre les yeux dans 5 secondes je vais me rendre compte que tout ça n’était qu’un rêve. Au-dessus de moi, je verrai la tête amie de mon amie qui me versera une rasade de daïquiri dans la bouche, la soirée battra son plein, ma peau tannée par le soleil me tirera un peu aux entournures, je sentirai le souffle du ventilateur sur ma peau moite et je serai bien.
ET NON !
Le récit circonstancié
« Non vraiment ça faisait du bien, on s’est vraiment marré. Avec Christian, on a inventé un jeu incroyable, un truc de compétition : ça s’appelle le tractobite. Le principe, c’est simple, tu as deux équipes de deux joueurs qui s’affrontent : l’un fait la planche dans la piscine pendant que l’autre le tire en marchant vers l’autre rive par la bite. La première équipe arrivée a gagné. Il va de soi que cela se joue nu – et saoul »
« Ah super tes vacances ! »
La colère
« Putain de bordel de merde au nom de quoi est-ce qu’on a droit seulement à cinq semaines de vacances par an ? Au nom de quoi est-ce qu’il faudrait bosser, s’aliéner pour gagner sa vie ? On vit, on meurt et on a beau le savoir on passe toute sa putain de vie à aller pointer à l’office cache-misère pour pouvoir s’offrir cinq semaines de bonheur. Il est où l’équilibre ? Il est où ? Qui a décidé de ça ? Pourquoi on s’y conforme ? Il faut se soulever bordel de merde ! Se soulever ! »
Avant de taper syndicat-cgt.fr dans sa barre URL.
La tristesse
« Pas de doute. C’est vraiment fini. Jamais plus je ne me réveillerai dans une maison inconnue à l’heure de mon choix. Jamais plus je ne verrai les sourires amusés des amis m’invitant à les rejoindre pour une excursion dans le village. Jamais plus. L’éphémère me tue. Dire que c’était bien réel, que c’était là, c’était tellement là qu’on ne le voyait même plus et me voilà à nouveau loin du bonheur. Il n’y a pas de bonheur, il n’y a que son souvenir. »
Le burn out immédiat
JE HAIS MON BOULOT JE HAIS LES GENS JE HAIS MA VIE JE HAIS PARIS JE HAIS LE TRAVAIL JE HAIS L’ARGENT JE HAIS LA LÂCHETÉ HUMAINE ET J’AI TERRIBLEMENT BESOIN D’UN TRANXEN.
La résignation
« …Peut-être que si je me concentre sur le dossier Brignard, j’arrêterai de penser aux vacances. Et puis, si je le boucle, je pourrais peut-être partir avant 19h30, ce soir, qui sait. Allez, on donne un coup de collier… Il faut bien… »
La dépression
Mon moral raccourcit de jour en jour, tout comme s’il était calqué sur le cycle des saisons. Nous allons vers l’hiver et mon cœur avec. Moi, c’est deux Tranxen le matin, deux Lexo le soir. Je peux pas tenir sans ça. Un Jack à portée, je fume plus qu’avant. Je grossis. J’ai l’idée d’en faire un livre. Je me rends compte que c’est trop peu intéressant, que JE suis trop peu intéressant pour que quelqu’un ait envie de le lire.
L'acceptation
Franchement, j’ai pas passé une si mauvaise journée aujourd’hui. Et en plus y’a Stranger Things qui reprend ! !!! !!!!!
Le calendrier de l'Avent
Bientôt les vacances de Noël !
La retraite, ce sont les vacances avec de l’arthrose.