Loi Evin en 1991, interdiction de fumer dans les bars en 2007. Depuis, le nombre d’espaces autorisés pour fumer se réduit à sa portion congrue : on ne va pas s’en plaindre, c’est mieux pour tout le monde et surtout pour les odeurs de fringues. Mais quand on y réfléchit, c’est un changement maousse de société : il n’y a pas si longtemps, on fumait à peu près partout.
Dans l'avion
On en viendrait presque à la regretter quand on doit se taper 26 heures sans fumer avec escale sans espace fumeur : la torture. Mais 12 heures d’avion dans l’odeur de tabac froid, ça devait quand même faire mal à la tête.
Au ciné
On pouvait jouer à faire des figures avec sa fumée dans le faisceau du projecteur. La belle époque.
Au lycée
Bah oui parce que si le prof il fume, on peut fumer, hein, d’autant que s’il a un quart d’heure de retard on a le droit de partir donc bon, on est libre, on est grand on est trop puissant.
Dans le métro
Vu la pollution qu’on se tape dans le métro, de toute façon, ça devait pas changer grand’chose. Et puis ça couvrait les odeurs de transpiration. A l’époque, on pouvait aussi prendre des billets de première. La grande vie.
A l'hôpital
Et sous contrôle médical, encore. Quitte à mourir, autant multiplier les sources de mort, me direz-vous. On ne peut pas totalement trouver ça bête.
Au boulot
Pour créer du liant à la machine à café ou appuyer un argument massue pendant une réunion en salle Zephyr : « Je te dis, Michel, que ton télex, là, ça marchera jamais » (bruit de briquet Dupont). On rentrait du travail en cherchant à enlever l’odeur de tabac infecte.
A la télé
Gainsbourg est mort en même temps que la loi Evin prenait vie.
Sur scène
En vrai, on peut encore si on veut, mais on passe pour un type ultra-subversif, alors qu’à l’époque personne ne se posait ce genre de questions.
Dans le train
Idéal pour entamer une conversation avec sa voisine : « la fumée vous incommode ? » On n’utilise plus le verbe incommoder non plus, du coup.
Dans les ascenseurs
Ambiance aquarium pour promiscuité. On trouve encore des cendriers dans les vieux ascenseurs. Dedans, des chewing-gums. Les temps changent, comme dit Mc Solaar.
L’amour c’est comme une cigarette.