Qui dit confinement dit plus d’école. Qui dit plus d’école dit plus besoin de croiser les parents d’élèves relous le matin devant l’école. Mais qui dit plus besoin de croiser les différents types de parents d’élèves le matin devant l’école dit aussi plus de profs à croiser et donc plus d’enfants gardés toute la journée et donc école à la maison. Et qui dit école à la maison dit devoir tout se taper soi-même parce que les profs ne sont pas d’une grande aide quand ils ne sont pas en présentiel. Enfin ça dépend, y’en a quand même qui jouent le jeu.
Le prof de français surinvesti
Il est surinvesti. Il a d’ailleurs surinvesti dans un matos de dingue pour continuer à donner cours comme si de rien n’était. Avec une caméra 4k, le voilà qui fait des live YouTube avec cours envoyé deux jours à l’avance et contrôles en live sur Google Docs. Il est hors de question que ses élèves fassent l’impasse sur la poésie romantique. HORS. DE. QUESTION. Le seul hic, c’est que seule la petite Samira est connectée au live YouTube et encore il est difficile de savoir si elle est vraiment devant son écran.
Le prof d'allemand qui a perdu toute raison de vivre
Que voulez-vous qu’il fasse le prof d’allemand ? C’est pas comme si un seul parent d’élève parlait allemand… Il est foutu, kaput, le prof d’allemand, il sait très bien qu’en l’absence de suivi tous ses élèves vont essayer de filouter pour voir s’ils peuvent pas plutôt passer en LV2 espagnol. Le voilà qui passe des coups de fil aux élèves pour leur demander de répéter des phrases absconses ; entre mauvaise réception et mauvais allemand, il en vient à douter de sa vocation.
Le prof de maths qui n'a qu'à filer des exos
Dans le grand marasme du confinement, le prof de maths ne s’en tire pas trop mal. Désormais, son boulot consiste essentiellement à envoyer un mail le matin dans lequel il indique à quelle page du manuel il faut se référer pour ensuite donner des exercices qu’il corrigera en deux deux puisque de toute façon les maths c’est juste ou c’est faux. Le voilà donc gentiment allongé dans son jardin en train de jouir d’une solitude toute mathématique qu’il n’interrompra guère que pour aller checker ses mails en fin d’après-midi.
Le prof de techno qui utilise des logiciels obsolètes
L’intégralité de la communauté éducative espérait pouvoir reposer sur lui dans ces temps troublés et l’intégralité de la communauté éducative avait tort. Il est désormais bien difficile pour le prof de techno de dissimuler son absence totale de compétences informatiques. On ne pourra pas lui jeter la pierre : l’Education nationale n’est pas à proprement parler réputée pour proposer des solutions informatiques de pointe. Pour les cours de techno, on passera donc par le chat de Copains d’avant puisqu’apparemment MSN a fermé.
Les profs de chimie et de bio qui se disent que c'est l'occas' ou jamais de ne plus être profs
Et les voilà qui négligent totalement leurs élèves au profit d’une communication haletante et bipartite dans l’idée illusoire de trouver à deux un vaccin contre le virus. Sur Facetime, ils passent la journée ensemble à chercher, paillasses installées à la va-vite dans le garage et idées débordantes qui n’aboutiront à rien. Pour tous, c’est une crise sanitaire ; pour eux, c’est l’occasion d’une vie de se venger des chercheurs, les vrais, de tous ceux qui ont intégré des laboratoires prestigieux pendant qu’ils se dirigeaient d’un pas mou vers l’enseignement faute d’autres propositions. Les élèves attendront ; d’ailleurs, le prof de chimie vient de s’inoculer le virus dans l’espoir de tester un remède miraculeux sur l’humain (sa femme a refusé de servir de cobaye).
La prof de musique qui vit un moment difficile
Imaginez un concert de flûtes à bec mal jouées dans une petite salle confinée : c’est le quotidien des profs de musique en temps de paix et ce n’est déjà pas facile.
Maintenant, imaginez l’exacte même scène mais avec en plus la déformation du son inhérente aux communications téléphoniques. Ce sont les profs de musique qu’on devrait applaudir à 20 heures tous les soirs.
Le prof de sport pour qui rien ne change
Avant le confinement, le prof de sport se contentait de fumer des clopes en regardant des élèves mal en point courir 1500 mètres sur une piste municipale dégueulasse.
Depuis le confinement, le prof de sport se contente de fumer des clopes en regardant devant son écran des élèves mal en point courir 1500 mètres à moins d’un kilomètre de chez eux.
Vous voyez bien que toutes les professions ne sont pas impactées !
Le prof d'Histoire qui a chamboulé le programme
Parce que ça vit l’Histoire, merde, et ce qu’on est en train de vivre, là, c’est actuel, c’est vivace, c’est présent, c’est de ça qu’il faut parler, c’est du présent, l’Histoire elle ne sert à rien d’autre qu’à éclairer le présent ! Alors on balance toutes les vieilles antiennes sur le général Boulanger et/ou la révolution industrielle et on parle histoire de la médecine, histoire des pandémies. Le prof d’Histoire était en dépression nerveuse avant le confinement et ça ne va pas beaucoup beaucoup mieux, mais au moins il est rigolo. Et puis pour la partie géo, vous m’apprendrez les capitales de tous les pays touchés par le virus.
Le prof d'arts plastiques qui se tape des trucs dessinés sur Paint
Théorie : « Libérez votre créativité, laissez parler votre folie intérieure, faites du dessin un exutoire de l’âme. »
Réalité : « Bah là c’est un soleil et à côté j’ai fait une maison mais c’est pas super droit parce que sur Paint y’a pas de règle… »
Et dire que Pierre Galouise nous enchante depuis si longtemps avec ses tops Paint.
Le prof d'espagnol qui n'a pas compris que c'était confinement et qui continue de venir au collège
Parce qu’à force d’écouter Manu Chao à fond les ballons, ce babos de prof d’espagnol n’a pas entendu parler du confinement. Résultat, cela fait maintenant une semaine qu’il se rend tous les jours au collège pour trouver porte close, mais ça ne lui a pas mis la puce à l’oreille. Pas plus d’ailleurs que l’intégralité des commerces fermés sur le chemin. Me gustas tu.
Et pendant ce temps-là, ce sont les parents qui trinquent. Prof, un métier difficile.