Aujourd’hui on a décidé de vous parler d’un événement que vous ne connaissez probablement pas, ou pas très bien. Cet événement, c’est une tragédie dont on parle assez peu en cours d’Histoire : l’incendie du Bazar de la Charité. Nous les premiers, on n’était pas hyper calés sur le sujet, donc on a eu envie d’en apprendre un peu plus puis de vous en faire profiter. Comme ça, ça vous fera un petit rattrapage. Sans plus attendre, voilà donc l’histoire d’un grand drame provoqué par un petit rien.
Le Bazar de la Charité, c'était un grand rendez-vous pour la haute société
Le Bazar de la Charité, c’était une vente de bienfaisance parisienne qui existait depuis 1885. En gros, on faisait venir des gens riches, on leur vendait des œuvres d’art, des bijoux, des meubles et autres bibelots, et on reversait l’argent de la vente aux pauvres. Plutôt sympa donc.
L'année du drame, la déco du Bazar de la Charité était particulièrement chargée
En 1897, le Bazar s’est tenu pour la première fois dans un hangar du 8e arrondissement. Le bâtiment, tout en longueur, faisait 80 mètres sur 13, et les organisateurs ont décidé de le décorer comme une rue du Moyen-Âge. Ils ont tapissé les murs de lierre, créé de faux bâtiments en bois et en papier mâché, et des tapisseries pendaient de partout. En plus de tout ça, on a ajouté une toile goudronnée qui pendaient sous toute la surface du plafond. Bref, il y avait tout pour alimenter un bon incendie.
Le Bazar de la Charité ne proposait pas QUE de la vente
Oui, on pouvait aussi profiter d’un salon, d’un buffet, et il y avait même des projections des tous premiers petits films des frères Lumière. Parce que oui, le cinématographe venait d’être inventé deux ans plus tôt, en 1895, et il y en avait un exemplaire au Bazar de la Charité. Retenez bien cette info, elle est importante pour la suite.
Cette histoire de cinématographe, ça ne sentait pas bon
Sur place, il y avait un homme chargé de s’occuper des projections des films avec le cinématographe : Monsieur Normandin. Et Normandin, il n’était pas hyper content du local dans lequel on l’avait mis pour assurer les projections. Il s’est plaint au Baron de Mackau, l’organisateur de l’événement, de ne pas avoir assez de place pour mettre tout son matos, ses tubes d’oxygène, ses bidons d’éther et la lampe qui permet de projeter les images. On a tenté de trouver des solutions, mais la situation restait pourrie.
Le jour du drame, il y avait un paquet de monde
Le Bazar de la Charité devait se tenir sur quatre jours, du 3 au 6 mai 1897. Le 4 mai 1897, il y avait environ 1200 personnes présentes, essentiellement des femmes. Et 1200 personnes dans un bâtiment d’environ 1000m² déjà bien chargé de déco en tout genre, c’est pas mal.
Voilà le déroulé du drame
Le 4 mai 1897 à 16h20, le projecteur Monsieur Normandin demande à son assistant Grégoire Bagrachow de l’éclairer pendant qu’il remplit le réservoir d’éther de l’ampoule du cinématographe. Bagrachow, au lieu d’écarter le rideau noir de la salle pour laisser rentrer la lumière, décide d’utiliser une allumette. Forcément, les vapeurs d’éther s’embrasent, et là, tout se passe à une vitesse folle. Comme tous les décors de la salle sont inflammables, le feu se propage sur les murs et le plafond du hangar en un clin d’œil. Les gens se pressent pour rejoindre les issues du bâtiment, mais ces issues sont étroites, et tous ne parviennent pas à sortir. Beaucoup sont piétinés par la foule meurtrière, et d’autres ne parviennent tout simplement pas à s’extirper du bâtiment à temps. En à peine un quart d’heure, tout a brûlé, et 125 personnes ont perdu la vie.
Beaucoup de personnes très importantes sont mortes
La majorité des victimes étaient des femmes de l’aristocratie ou de la haute bourgeoisie. Parmi elles, on compte notamment la Duchesse d’Alençon, qui n’est autre que la sœur de Sissi, l’Impératrice d’Autriche. On dit d’elle qu’elle a tenu à sortir en dernier pour aider d’autres personnes à s’échapper. Il y avait aussi plein de marquises, de comtesses, de vicomtesses, de baronnes et des artistes célèbres. Ça a bouleversé pas mal de monde à l’époque.
Certaines ont senti venir le drame
On raconte que, vers 16h15, soit 5 minutes avant l’incendie, la duchesse d’Alençon avait dit à une autre dame qu’elle étouffait avec tout ce monde. Ce à quoi l’autre dame aurait répondu : « Si un incendie éclatait, ce serait terrible ! ». Ben elle avait raison.
Le drame aura servi à créer des nouvelles réglementations
Le Bazar de la Charité de 1897, c’était à peu près tout ce qu’il ne fallait pas faire en termes de sécurité. Tout était inflammable, il y avait trop de monde et les issues de secours étaient ridiculement petites. Suite à ça, on a donc voulu éviter de refaire la même chose, et de nouvelles réglementations sur la sécurité ont été écrites. Mieux vaut trop tard que trop jamais.
Le cinéma a failli s'arrêter là
Les frères Lumière sont connus pour avoir été les pionniers du cinéma, mais leur machine et l’incendie qu’elle a causé au Bazar de la Charité a failli mettre un terme à cette belle histoire. A l’époque, beaucoup de gens ont dit qu’il fallait arrêter le cinéma, et les cinématographes ont été interdits pendant quelques temps. Finalement, la machine s’est quand même bien exportée à l’étranger, et les frères Lumière ont mis au point une lampe fonctionnant à l’électricité pour éviter les risques d’incendie. Sans ça, on n’aurait peut-être jamais eu la chance de voir Bienvenue chez les Ch’tis un jour.
Nous on aime bien raconter des drames historiques dont personne ne parle.
Sources : Wikpedia, reseau-canope.