« Tiens, c’était utile...» Combien de fois avez-vous prononcé cette phrase ? Combien de fois ne vous êtes vous rendu compte de votre chance qu'à posteriori ? « J’ai reconnu mon bonheur au bruit qu’il a fait en partant » disait l’autre inspiré (vous pouvez chercher vous-même, Google est votre ami). Ben, là, aujourd’hui, intéressons-nous à cet endroit souvent oublié mais ô combien utile, la cheville, sans qui le quotidien devient un Enfer sans nom, et qui aliène la réalisation d'un important nombre d'action...
- Dormir (paisiblement)
Une dure et longue journée vient de s'écouler. Votre cerveau prend un peu de forces, se détend, fait le tri de tout ce qu'il a vécu dans la journée, et s'apprête à, enfin, se reposer convenablement. Sauf que ce soir, ça ne se passe pas comme ça. Car la douleur lancinante axée sur cette minuscule partie de votre corps, qui n'es même pas utile sur le moment, obnubile votre être tout entier et vous empêche de basculer du côté des rêves et de Freddy Krueger. Ou alors, autre alternative, vous ne dormez tout simplement pas parce que vous avez passé votre journée à dormir sous l’effet de calmants nauséabonds. C'est selon. - Se doucher (seul et rapidement)
Parce que l’époque néandertalienne a fait place à celle de l'eau courante, vous avez développé le besoin (superficiel, convenons-en) ne pas puer lamentablement dès lors que vous envisagez un quelconque contact humain en dehors de votre vous intérieur. Mais voilà, se doucher avec une cheville en décomposition complique largement cette action habituellement si naturelle : enjamber le rebord de la douche, se tenir debout. Impossible en l'état actuel des choses. Alors, vos fesses resteront par terre, et votre corps ne sera propre que sur 10% de sa surface. Vous vous en sortez bien, au final. - Se déplacer jusqu'aux toilettes
Des câbles qui s'étalent de tout leur long en travers de votre salon, des livres soigneusement en bordel jonchant le sol, des meubles Ikea résidant toujours dans leur emballage hyper encombrant...Déco arti minimaliste, d'accord. Parcours du combattant, aussi. - Répondre à ce coup de fil avant qu’il ne bascule vers la messagerie vocale
Et pourtant, vous aviez laissé le combiné à côté de vous. Mais ce dernier à sa volonté propre, et se barre sans que vous vous en aperceviez. Alors, il faut bouger pour le récupérer. Et là, vous sentez de nouvelles affinités avec ces escargots qui rampent salement et lentement sur le sol. Pas avec les limaces, parce que vous avez l'impression de transporter votre corps comme d'autres transportent leurs maisons, ni avec les tortues, puisque l'une d'entre elle à réussi, il y a un moment maintenant, à dépasser un lièvre. - Vous déplacer vers votre frigo/le Franprix du coin
Puisque vous ne pouvez rien faire de très constructif, vous compensez par l'absorption de tous les aliments qui se trouvent à portée de votre main. Seulement, après 1 semaine d'inaction, les réserves de survie que vous aviez accumulés près de votre lit se sont largement épuisés. Des rêveries d'Eldorado ou de frigo circulent dans votre esprit, mais pour atteindre ce rêve ultime, vous allez devoir apprivoiser cet animal sauvage et dangereux que vous tenez entre vos mains : votre paire de béquilles. Courage, vous n'avez plus que pour 6 semaines. - Arnaquer la Sécurité Sociale en posant des jours de congé maladie pour faire autre chose
Ben non, vous ne pouvez pas faire autre chose, mon vieux, vous êtes coincé dans une zone spécifique de chez vous, sans pouvoir vous en extirper : votre canapé / votre lit / vos escaliers...Vous pourrez vous rassurez en vous disant que la dette de la Sécurité Sociale ne gonflera pas prochainement à cause de votre dilettantisme de fonctionnaire peu scrupuleux... - Considérer les escaliers comme des esclaliers
Et non comme l’ultime épreuve à franchir pour arriver à vos fins ! Les dizaines boss de jeux vidéos que vous avez eu a affronter jusqu'alors ne valent rien, par rapport à ces redoutables éléments du décor de la vie quotidienne... - Ouvrir une porte sans vous prendre les béquilles dedans
Et sans tricher en les posant, hein ! - Allez à un rendez-vous en métro
Le métro et les sauvages qui pullulent en son sein, c'est encore plus dangereux que les magistraux escaliers que vous avez franchi tout à l'heure. Et parce que vous avez laissez vos dernières forces physiques et mentales au sein de ces escaliers du démon, vous n'avez d'autres alternatives que de prendre un taxi. - Ouvrir une poubelle
Sans une cheville en bon état de marche, il va bien falloir se servir de vos mains pour ouvrir cette satané poubelle remplie de saloperies en tout genre. Lavez-vous les mains avant de manger.
Et vous, vous en voyez d'autres ?
Top écrit par Chiara