Depuis le début de l’épidémie (années 1980), le monde de la musique (chanteurs, auteurs, producteurs…) a été l’un des tout premiers à prendre en compte l’ampleur du drame qu’est le Sida, et de l’importance de combattre la maladie, en musique. Nombre d’artistes ont ainsi reversé les droits des chansons susmentionnées à des associations de lutte contre le Sida. Au-delà de l’argent qu’elles ont généré pour la cause, ces chansons ont aussi, toutes, une dimension pédagogique fondamentale, hier comme aujourd’hui. Parce que le combat contre le Sida n’est pas encore gagné.
- Sid’Amour à mort, Barbara
« Ô Sida, Sid’assassin qui a mis l’Amour à mort »
La Dame brune écrit Sid’Amour dans la nuit du 9 au 10 septembre 1987 dans sa maison de Précy-sur-Marne. Hommage à certains de ses amis emportés par le Sida, la chanson n’a jamais été enregistrée en studio. Barbara l’a toujours réservée à la scène, comme un lien intime avec son public, une première fois au Châtelet en 1987, à Mogador en 1990, de nouveau au Châtelet en 1993 et de manière générale lors de ses tournées, pendant lesquelles elle met en outre des corbeilles de préservatifs à la disposition du public. À chaque fois, Barbara en modifie légèrement les paroles, sans que la portée d’ensemble en soit modifiée.
- Streets of Philadelphia, Bruce Springsteen
« My clothes don't fit me anymore »
Sans doute la chanson qui, au niveau mondial, « colle » le plus au combat collectif contre le Sida. Il s’agit surtout, dans les paroles signées Bruce Springsteen, de lutter contre les préjugés et les discriminations dont sont victimes les malades. Streets of Philadelphia est évidemment connue pour être la chanson « phare » du film Philadelphia sorti en 1993, avec dans les rôles principaux Tom Hanks et Denzel Washington. Le titre obtiendra l’Oscar de la meilleure chanson de film en 1994 (Tom Hanks l’Oscar du meilleur acteur).
- Sid’Aventure, Jean-Louis Aubert
« Sid'Aventure, je vous laissais cette blessure, à jamais mon amour »
Septembre 1989 : Jean-Louis Aubert publie son deuxième album solo, Bleu Blanc Vert. Parmi les 15 pistes de l’album, Sid’Aventure, chanson à la fois hommage aux victimes du Sida et chanson « de prévention » alors que la maladie atteint son pic en France (et dans la majeure partie du monde occidental). On notera la participation, sur Sid’Aventure, du génialissime Paul Personne (guitare).
- Le Radeau, -M-
"Il a suffit d'une seule fois"
"Une malchance, une imprudence et la vie s'en va". La chanson n'évoque pas explicitement le Sida mais parle de la dérive du "radeau de l'amour" que l'on "regarde partir, s'éloigner à l'horizontale", impuissant face à l'inéluctable.
- America, Wu-Tang Clan
« Whole garden sour, polluted with a dead flower »
Au début des années 1990, une rumeur circule aux États-Unis selon laquelle la communauté noire serait préservée du Sida. Autrement dit : inutile d’utiliser des préservatifs. Les autorités réalisent un gros travail de sensibilisation et sont suivies, entre autres, par les rois du hip-hop du Wu-Tang Clan qui, avec America, mettent à mal les rumeurs délirantes et demandent à chacun de se protéger. Sa portée fut immédiate et massive, surtout auprès des jeunes Noirs américains.
- Pas du gâteau, Mano Solo
« Même si j’ai l’Sida, ça m’coupe pas l’envie »
Pas du gâteau figure sur l’album La Marmaille nue, sorti en 1993. Dans la chanson, Mano Solo se met lui-même en scène, déclarant son amour pour la vie malgré le sida qui le ronge. Le jeune homme (il a alors une trentaine d’années) a été diagnostiqué séropositif quelques années plus tôt. Mano Solo mènera un combat sans relâche contre la maladie, sur le plan physique évidemment, mais aussi sur le plan artistique, créant une œuvre considérable avant d’être « saisi » par la mort en janvier 2010.
- Halloween Parade, Lou Reed
« I was afraid it might be true »
En 1989, Lou Reed sort l’album New York avec pour ambition de décrire les transformations de sa ville natale durant les années 1980. Habitué du New York interlope, Lou Reed fréquente depuis « toujours » les milieux gay et underground de la Grosse Pomme. Il en connaît parfaitement les lieux de rencontre et surtout les hommes et les femmes qui la composent. Avec Halloween Parade, il se plonge dans le « New York du Sida » (« Aids New York »), relatant notamment l’ostracisme dont sont alors victimes les malades du Sida, à une époque où la maladie est peu connue et où on accuse les homosexuels d’en être responsables.
- Sa raison d’être, Collectif
« C’est peut-être une goutte dans la mer… »
En 1997, à la demande de Pierre Bergé et Line Renaud, Pascal Obispo et le parolier Lionel Florence écrivent Sa raison d’être, dont les revenus des ventes du single doivent être reversés au Sidaction. Pascal Obispo dirige alors 42 artistes pour enregistrer le titre. Les ventes sont énormes : 700.000 exemplaires écoulés et près de 7 millions d’euros récoltés.
- Boy Blue, Cyndi Lauper
« It may have stolen your innocence but not your soul »
Cyndi Lauper a elle-même écrit Boy Blue, en hommage à son meilleur ami, mort quelques mois plus tôt du Sida. Le single ne fut jamais un grand tube pour la chanteuse, au regard de ses autres succès, mais il annonce déjà son engagement dans la lutte contre le Sida, engagement qu’elle renforcera les années suivantes. Cyndi Lauper sera également très active dans le mouvement des « Droits pour les gays » aux États-Unis.
- The Last Song, Elton John
« As light as straw and brittle as a bird »
Sans doute l’une des plus célèbres chansons sur le Sida, sortie en 1992. Elton John et Bernie Taupin (son parolier attitré) écrivent un petit bijou de chanson pop triste. Le titre est d’autant plus poignant que le narrateur est un homme en train de mourir du Sida. Elton John est l’un des premiers musiciens d’envergure internationale a s’être investi dans la cause, ayant été lui-même touché par la mort de nombreux de ses amis dans les années 1980, notamment le magnifique Freddie Mercury (mort en 1991 à l’âge de 45 ans).
- In this life, Madonna
« He was only 23 »
Durant sa longue et grande carrière, Madonna a écrit peu de chansons. In this life est l’une d’elles. Le signe que la Reine de la Pop a voulu montrer son engagement, et surtout retranscrire avec des mots la douleur d’avoir perdu des suites du Sida, son meilleur ami Martin Burgoyne et son mentor Christopher Flynn.
- (bonus) The HIV Song, Ween
Difficile de piger ce qu'ont voulu faire les deux cinglés de Ween avec cette chanson dont les paroles se résument à "Aids" et "HIV". On dirait un extrait de South Park dans une chorale dirigée par Eric Cartman. En tout cas, le groupe poursuit sa thématique malsaine de chanson sur des maladies, avec “Mononucleosis” et l'épouvantable "Spinal Meningitis (Got Me Down)". Mauvais goût et bonne musique, le cocktail gagnant.