Ce qui est bien avec la musique, c’est que c’est un gros piège. On gigote sur des rythmes, on chantonne des airs entraînants, et on associe à des chansons des émotions totalement contradictoires avec leur contenu réel. Il est temps de rétablir la vérité, quitte à casser quelques rêves.
Every breath you take - Police
« I’ll be watching you« . Une putain de chanson d’amour, hein ?
Non, la chanson parle d’un putain de stalker qui ne quitte pas des yeux sa victime. C’est d’une glauquerie infâme. « Every step you take / Every move you make / I’ll be watching you« . JE SUIS LAAA…
Hey Ya - Outkast
Cool on danse sur Hey Ya ! Sauf que les paroles de la chanson racontent comment un mec se retrouve coincé avec une femme qu’il n’aime plus et qui ne l’aime plus. Et ce n’est pas suggéré, hein, c’est dit : « So why oh, why oh/Why oh, why oh, why oh/Why are we so in denial/When we know we’re not happy heeeerrreeee? »
Un genre de Comme d’habitude en plus hardcore.
You can call me Al - Paul Simon
Petite ambiance bonne humeur dans la musique et dans le clip. Mais quand on y prête attention, la chanson parle surtout de la crise de la quarantaine et de la dépression. Simon parle de son bide à bière, et, dans le second couplet, il est même carrément explicite :« Whoooo my nights are so long… Where’s my wife and family ? What if I die here ? Who’ll be my role model now that my role model is gone ? » (« où sont ma femme et ma famille ? et si je mourrais ici ? »)
Bonne ambiance.
Billie Jean - Michael Jackson
Petite musique groovy et hop Billy Jean, c’est à la cool. Sauf qu’on parle quand même d’un type qui se rend compte que sa meuf est enceinte d’un autre mec. En plus le type se fait maxi culpabiliser par toute sa famille : « People always told me be careful of what you do / And don’t go around breaking young girls’ hearts« .
Autre piste, le type a juste couché avec une fille en soirée et se retrouve avec un gosse non désiré.
Choisissez ce qui vous plaît le plus.
Don't think twice, it's alright - Bob Dylan
Les arrangements folk emmènent tout sur leur passage et apportent le vent du grand large. Sauf que la chanson parle d’un pauvre type qui se sépare d’une fille en espérant secrètement qu’elle va le retenir, mais elle ne le retient pas. Le « Don’t think twice, it’s alright » est ironique et désabusé. C’est d’une tristesse infinie.
Essa moça tà diferente - Chico Buarque
Pub Schweppes et rythmes brésiliens : sans doute une bonne grosse chanson de vacances avec des paroles à la con. Raté : Chico Buarque est un équivalent brésilien de Brel en France et la chanson évoque en réalité les malheurs d’un type qui se casse les dents sur une fille qui l’ignore délibérément et jusqu’à préférer regarder la télé que de lui adresser la parole. Tristou.
Le Sud - Nino Ferrer
Oui, la douceur de vivre, le temps qui passe, les maisons de vacances. Sauf que Ferrer est déjà nostalgique de ce qui existe encore, car toute la chanson est tournée vers l’inévitable destruction de ce havre de paix par les hommes et la guerre. C’est une chanson sur la mort en réalité. Dans la version originale en anglais, écrite aussi par Nino Ferrer, les paroles sont encore plus explicites : « I know one day / I’ll have to leave the sweet life / Back to the dark / Don’t really care but they won’t ask my opinion / As a matter of fact.«
Common People - Pulp
La chanson pepsi de Pulp est en réalité une critique sociale virulente. La chanson raconte la rencontre entre un narrateur issu d’un milieu modeste et une fille bourge qui voudrait jouer aux pauvres. Mais pour le narrateur, elle ne fera jamais partie du peuple. Il trashe la fille et nous renvoie à une réalité de lutte des classes et d’incommunicabilité entre les gens. JOIE.
Senorita - Christophe
Musique pêchue, appel à une Senorita qu’on image volontiers espagnol, c’est logique, la chanson de Christophe est en réalité une longue complainte sur le thème du « c’était mieux avant » : tout y passe, du ciné (Brando, Vivien Leigh) et les boîtes (L’Alhambra). « Rien n’est plus comme avant ». Nostalgie, et mort au bout du chemin.
La route de Memphis - Eddy Mitchell
Quand on ne fait pas gaffe, on pense que La route de Memphis raconte l’errance d’un type dans sa bagnole décapotable qui fonce vers Memphis à la cool pour rejoindre une fille.
En réalité, la chanson raconte le trajet d’un type arrêté par la police qui ne pourra jamais revoir la fille qu’il aime.
C’est pas la même chose.
Quelqu’un a vu mes Tranxen ?
Source : Cracked