Avant que l'on commence à s'emballer avec "les racailles", les bandes des cités et toutes ces menaces venues des périphéries urbaines, le monde n'était pas plus serein. Parce qu'à l'époque, les vrais rois du bitume, c'était eux, ceux sur qui vous ne vouliez pas tomber dans une rue sombre ou ceux qui pouvaient vous chercher des noises sur un parking de boite de nuit. Les loubards ont disparu, et il ne tient qu'à vous de faire revivre cette belle tradition de délinquance urbaine. Une tenue adéquate, un état d'esprit résolument anti-social, vous passerez sûrement pour taré, mais on vous remarquera. Et c'est bien là l'essentiel.
- Un blouson noir
C'est la base. Un bon gros blouson en cuir pour se prémunir contre les coups de cran d'arrêt. Évitez les boutons, le loubard ne mise que sur la fermeture éclair, bien plus moderne. - Un bandana
Forcément rouge, pas de fantaisie. Le bandana, outre son évident apport esthétique, vous sera d'une grande utilité pour arrêter une hémorragie au canif ou pour vous protéger au moment de péter une vitre avec votre coude si un larcin tourne mal. - Des armes débiles, du genre couteau-papillon ou chaine de vélo
Transformer un objet du quotidien en arme pour ne pas éveiller les soupçons, ça se tient, si vous vous faite choper par les forces de l'ordre avec un cutter, vous pourrez toujours baratiner que vous venez d'ouvrir des cartons d'emballage. Mais que dire si on trouve dans vos poches une chaine de vélo toute crade? Vous direz juste : "je suis un loubard!" - Des policiers qui vous harcèlent
Le vrai loubard est connu des poulets, on le soupçonne toujours quand un mauvais coup a été perpétré. Sa défense reste toujours la même : "Quoi... on fait rien de mal!" - De la bière en bouteille
Pour pouvoir les péter dans la rue une fois finie, pour faire chier les bourgeois. Si vous préférez la cannette en ferraille, prenez bien soin de l'écraser dans votre main une fois terminée, en fixant un innocent badaud, idéalement un vieux. Et attention : un loubard NE RECYCLE PAS, ne tombez pas dans ce piège de débutant. - Une copine un peu vulgaire
Qui se fait appeler "Lola", qui a les cheveux décolorés en blond et qui met un peu trop de rouge à lèvre, en tout cas suffisamment pour en laisser sur le filtre des clopes qu'elle ne fume qu'à moitié. Sous le perfecto usé du loubard, il y a un petit cœur qui bat pour "sa gonzesse". - Une mobylette
Bien bruyante, et de préférence chourée dans le quartier grâce à une énorme pince coupante. L'activité favorite du loubard étant de réveiller les voisins en tournant inutilement dans la rue avec sa bécane, il ne prendra le métro que pour sauter par dessus le tourniquet, par pure provocation. - Une tignasse mal entretenue
Quand on dit à un loubard, "hey, ton coiffeur est en prison?", ce n'est pas une blague, c'est vrai. Le loubard n'a pas le temps de prendre soin de ses cheveux, il est bien trop occuper à zoner avec des gens de mauvaise vie et à jouer un peu trop bruyamment au flipper et au baby-foot. Du coup, il a souvent une nuque longue. - Quelques cicatrices
Parce que la raison d'être d'un loubard, c'est de se bastonner avec d'autres loubards sur des parkings de boite de nuit ou à la sortie de bars miteux. Il est donc de bon ton d'avoir une ou deux marques de tesson de bouteille, le souvenir d'un point américain à côté de l’œil et, encore mieux, la trace de menottes après un passage au panier à salade, à côté de son tatouage "Mort aux Vaches" sur le poignet. - Un bon plan de la ville
Oui, car le loubard ne doit pas être aperçu dans un parc en pleine après midi ou dans un supermarché avec son caddie. Le loubard ne traîne que dans les "coins mal famés" de sa commune, seulement éclairés par la Lune et encombrées de poubelles en ferrailles à moitié défoncées. Renseignez-vous à l'Office du Tourisme de votre municipalité, un préposé de la Mairie se fera un plaisir de vous indiquer les "coupes-gorges" desservis par le réseau de bus. - Une cassette de Renaud
Dans les films, la musique de soirée de loubard est plutôt à piocher dans la new wave du début des années 80. Mais le loubard a toujours un vieil album du patron à trainer quelque part, histoire d'écouter "Société tu m'auras pas" ou "Ou c'est qu'j'ai mis mon flingue" en se réveillant le matin.
Et vous, vous faites peur aux bourgeois quand vous arrivez en ville ?