Après Anissa de Wejdene, un nouveau tube de l’été a fait son apparition dans la catégorie musiques de boîtes de la variété française. J’ai nommé La mirifique, la mirobolante, l’incroyable chanson Djomb de Bosh, rappeur découvert dans la série Validé. Un son à écouter à fond les ballons dans sa caisse, fenêtres ouvertes à 130 km/h sur l’autoroute. Mais parce qu’une chanson, ça s’apprécie encore plus quand on la comprend, on a décortiqué pour vous cette petite pépite afin que vous en perceviez toutes les subtilités.
L'importance de savoir saisir sa chance
Le chanteur commence sa chanson en nous rappelant un mantra plus que nécessaire : savoir sauter sur les occasions pour se réaliser. C’est d’ailleurs ce que comprend Bosh lorsqu’il nous dit « J’vois une go passer, j’la verrai p’t-être pas deux fois » : cette rencontre est éphémère et risque de ne pas se reproduire. Il se retrouve finalement confronté à un dilemme très commun : prendre le risque d’aller parler à celle qui vient de réveiller son cœur ou laisser passer sa chance de construire une belle relation.
La difficulté d'avoir confiance en soi
L’artiste nous fait part de ses doutes quant à son image au moment où il s’apprête à aborder la jeune femme. Ayant peur du refus, il décide de « prendre sa meilleure voix » pour aller lui parler et l’impressionner. Il nous montre ainsi que même un chanteur peut douter de lui, de son naturel, ce qui le rend encore plus humain à nos yeux. Et pourtant Bosh invite lui-même les femmes à prendre confiance en elles, leur indiquant « si t’es belle, bonne, ma chérie donne ton number ». Il laisse donc la possibilité à toutes les femmes de se sentir belles en lui confiant leur numéro de téléphone portable, probablement pour les féliciter par la suite de cette progression mentale.
L'obsession du protagoniste
Bosh nous fait ensuite comprendre que la vision de cette belle demoiselle l’a conduit à développer une obsession. Il est tant en admiration devant le fessier de celle-ci qu’il oublie s’il l’a déjà croisée dans le quartier ou si elle est une apparition divine, d’où son interrogation adressée à la jeune femme « T’habites dans le coin ou quoi? ». Cet arrière-train le transforme même puisqu’il indique que celui-ci le « rend romantique », ce qui ne semble pas être dans sa nature. L’homme semble, ici, tant subjugué qu’il en perd également ses mots et fini par utiliser une métaphore pour exprimer ce qu’il ressent. En affirmant que son fessier « fait des appels de phares », il veut finalement dire qu’il se sent comme un lapin pris au piège dans les lumières d’une voiture au beau milieu de la route, traduisant bien son obsession nouvelle.
La complexité des relations
Bosh met ici en exergue un problème très fréquent, qui survient en général au début d’une relation et que l’on nomme souvent le jeu du chat et de la souris. Alors que lui semble très intéressé par la jeune femme qu’il a croisée dans la rue, elle semble moins encline à lui accorder du temps. Et pourtant, lorsque Bosh « lâche l’affaire », comprenant qu’il n’a aucune chance avec elle, c’est finalement « elle qu’insiste ». Nous pouvons donc voir par la suite que Bosh, blessé dans sa fierté par le rejet, se joue du retournement de situation, notamment lorsqu’il nous explique qu' »elle fait que d’me regarder mais je bombe ». La suite de l’histoire ne nous dit pas si les deux tourtereaux ont su dépasser ce jeu dangereux.
La notion de temps et l'importance de vivre dans le moment présent
La notion de temps semble en effet affecter Bosh différemment lors de la soirée en boîte qu’il évoque dans le refrain de sa chanson. Alors qu’à 4 h du matin, il se dit finalement « faut qu’je rentre chez moi », il n’a toujours pas bougé deux heures plus tard et n’est « même pas fatigué ». Étant en compagnies de jeunes femmes qu’il qualifient de « belles gos », il n’a pas vu le temps filer. Le chanteur met donc aussi en avant son désir de profiter de l’instant présent sans se soucier des obligations et des devoirs qui l’attendent et le restreignent.
Un homme au cœur sur la main
À maintes reprises, Bosh nous montre qu’il fait preuve d’une grande générosité envers les gens qui comptent pour lui. Il propose tout d’abord de recevoir ses amis dans son appartement pour la fin de la soirée lorsqu’il dit « y aura after chez moi ». Cette attitude bienveillante montre que l’artiste a à cœur de donner sans compter. Cela se ressent également lorsqu’il dit « kichta pour les teilles-bou, kichta pour le tel-hô », indiquant qu’il est prêt à sacrifier de grosses liasses de billets pour offrir des bouteilles ou des nuits d’hôtel à ses proches.
Dévoiler son mal-être en évoquant ses addictions
La grande présence du champs lexical de la drogue semble être un moyen pour Bosh de nous faire part d’une addiction qui l’habite. En banalisant ainsi la drogue tout au long de son texte, Bosh souhaite nous alerter implicitement sur sa situation de dépendance pour créer un lien avec son public mais aussi obtenir du soutien.
La divinisation d'Amber
L’attitude ambiguë de Bosh vis-à-vis des femmes peut aussi s’expliquer par la présence dans son esprit d’une Amber, dont nous ignorons, à la première écoute, l’identité. On peut tout d’abord penser qu’il s’agit de son ancienne petite amie, puisque comme il l’indique à la jeune femme qu’il a croisée dans la rue, « de dos, tu ressembles beaucoup à Amber ». On en conclu donc qu’il a pu bénéficié d’une certaine proximité avec cette Amber pour avoir eu l’occasion d’admirer ses dorsaux. Quelques recherches scientifiques nous ont finalement permis de déduire qu’il s’agissait en fait d’Amber Rose, actrice et mannequin américaine, nous permettant de constater que Bosh a également pu développer un trouble obsessionnel au sujet de cette célébrité, qu’il compare désormais à toutes les femmes de son entourage.
Laisser le passé derrière soi
Dans un élan que l’on pourrait presque qualifier de féministe, Bosh nous montre qu’il accorde peu d’importance au passé de sa belle. En effet, il n’hésite pas lui expliquer que « t’as déjà posé, ton histoire d’amour je m’en beurre », refusant de comparer son histoire passée à leur relation actuelle. Cet acte, tout à son honneur, traduit à nouveau son désir de profiter de l’instant présent.
Toujours croire en ce que l'on veut
Avec un second mantra, Bosh cherche à nouveau à nous mener sur la voie de la sagesse en nous montrant qu’il ne faut jamais perdre espoir. En effet, même s’il sent des différences de caractère entre lui et la jeune femme qu’il convoite, son amour pour elle et son désir de construire une vraie relation le forcent à croire qu’il y a des chances pour cela fonctionne un jour, c’est pourquoi il nous explique que « ça va finir par coller car les opposés s’attirent », nous dévoilant ainsi sa personnalité persévérante.
Faire le deuil de ses rêves brisés
Dans une phrase métaphorique pleine de sens (« Chaque taffe me rapproche de l’espace, j’vais finir dans sa lune »), l’artiste s’ouvre à nouveau à nous en nous faisant part d’un rêve qu’il n’a pas pu réaliser et qui le hante encore : devenir astronaute. La drogue semble être pour lui un moyen efficace d’oublier qu’il ne pourra jamais toucher les étoiles, son rêve étant d’autant moins réalisable qu’il semble actuellement être recherché par la police qu’il indique « v-esqui », dès le début de sa chanson.
Se délester d'un poids
Finalement, dans une fine métaphore, Bosh nous dit « J’ai vidé mes couilles, mais pas mon sac à dos », ce qui peut implicitement signifier qu’il est finalement parvenu à se débarrasser de quelque chose de lourd qu’il avait au fond de lui et qui le tirait vers le bas, sans pour autant perdre ce à quoi il tenait, puisque le sac à dos représente d’une manière générale l’enfance, la cour de récré avec les copains. On peut notamment penser que sa relation avec la jeune femme lui a finalement permis de combattre certains de ses démons intérieurs sans qu’il n’y perde ni ses amis ni sa famille.
Finalement, c’est une bien belle leçon de vie que nous enseigne là Bosh. À quand un duo avec Aya Nakamura dont les paroles lourdes de sens nous font autant d’effet qu’un coup de pelle en pleine tête ?