Manger s’est un peu voyager, s’évader quelques instants quand on n’est pas trop dans son assiette. Il suffit d’ailleurs parfois de prononcer le nom d’un aliment pour se retrouver ailleurs, par exemple dans une ville qui, un jour, on ne sait plus trop par quel hasard de l’histoire, a réussi à lui refiler son nom.
Le hamburger
« Le burger de Hambourg » tire son nom du départ de nombreux Allemands pour l’Amérique au milieu du 19ème siècle. Le steak de bœuf haché séché était alors le plat principal servi à bord des navires qui reliaient Hambourg aux États-Unis. C’est alors le début de l’invasion du Hamburger qui se répandra dans toute l’Amérique, rappelant aux immigrants européens leur pays d’origine. Quant aux deux tranches de pain, elles feront leur apparition dans les cantines des chantiers permettant ainsi aux ouvriers de manger rapidement sans avoir à s’embarrasser de couverts.
Le sandwich
Selon la légende, un certain John Montagu (18è siècle), 4ème comte de la ville anglaise de Sandwich, avait l’habitude de manger sur le pouce pendant ses longues parties de cartes. Il demandait alors à ses serviteurs de lui apporter une tranche de viande salée entre deux morceaux de pains ! Certes, il existe une autre version moins romanesque qui ferait de ce gentilhomme un simple bourreau de travail qui ne quittait que trop rarement son bureau… y compris à l’heure du déjeuner.
La mayonnaise
Les origines du nom « mayonnaise » ont été mises à peu près à toutes les sauces ! Certains affirment ainsi qu’il faut aller du côté de la ville de Mahon dans les îles Baléares en Espagne pour trouver les premières traces de la « mahonnaise » dont le nom n’apparut que vers 1756 lors d’un banquet organisé par les Français pour fêter la prise de la ville. Une version de l’histoire que contestent les Bayonnais qui revendiquent la paternité de la recette, à une lettre près ! A moins que la vérité ne se trouve dans la région de Mayenne dans le Pays de Loire, où Charles de Lorraine (duc de Mayenne) ne put combattre l’armée d’Henri IV en 1589, à cause d’une indigestion à la célèbre sauce locale ?
Le Bialy
Cousin yiddish du Bagel, il fit son trou aux Etats-Unis à partir de la fin du 19ème siècle ! Le bialy fut en effet une spécialité ashkénaze de la ville polonaise de Bialystok avant de traverser l’Atlantique pour accoster aux USA.
Le Cantaloup
C’est le nom d’une variété de melon dont fait également partie le melon charentais et celui de Cavaillon. Son nom provient du village de Cantalupo situé à proximité de Rome où le Pape – ou plutôt ses sbires – le cultivait jadis. Depuis, le Cantaloup a fait du chemin, jusqu’à atterrir au Japon, plus précisément sur l’île de Hokkaido, qui fait pousser une variété appelée « Yubari King », réputé pour être le melon le plus cher du monde : comptez en moyenne 5000 euros l’unité !
La pomme Fuji
Pomme préférée des Japonais et beaucoup moins des Français qui lui préfèrent à peu près toutes les autres variétés, la Fuji voit le jour en laboratoire pour la première fois en 1939 dans la ville de Fujusaki. Sorte de Frankenstein de la pomme (comme toutes ses copines), elle fut créée à partir de croisements entre la Red Delicious et la Ralls Janet.
Le poivre de Cayenne
Comme son nom ne l’indique pas, le poivre de Cayenne n’est pas un poivre mais un piment extrait d’une plante originaire d’Amérique du Sud et Centrale. Présente en abondance en Guyane dès le 15ème siècle, elle fut importée en Europe par les Espagnols qui lui donnèrent au passage son surnom de piment du Diable. Il s’agit en effet du piment le plus piquant du monde (jusqu’à 3,5 fois plus épicé que le poivre noir par exemple).
Le camembert
Bien qu’ayant fait vœu d’abstinence, c’est un prêtre de la ville de Camembert qui aurait donné naissance en 1791 au célèbre fromage du même nom. Ce cher Charles-Jean Bonvoust, originaire de Brie, aurait révélé le secret de fabrication du fromage briard à une certaine Marie Harel qui l’avait recueillie. Marie Harel qui, heureux hasard, était née à Crouttes en Normandie, transmit plus tard la recette à sa famille qui commença à le vendre comme des petits pains, jusqu’à en livrer à Napoléon III dans son palais des Tuileries !
L’eau de Seltz
Cette eau minérale gazeuse prend sa source dans le village de Seltz à proximité de Francfort. Bon, jusque là on s’en fout un peu… mais l’eau de Seltz possède plein de vertus, à commencer par celle d’être utilisée dans la recette d’origine du Spritz ! Accessoirement, cette eau miraculeuse a également été utilisée dans l’histoire pour lutter contre une épidémie de choléra survenue à Paris en 1832 et quasiment un siècle plus tard pour prévenir des risques d’incendies dans les fêtes foraines à proximité de la capitale française !