On s’est tous déjà retrouvé dans une situation cocasse où on pense intérieurement « ça m’a l’air plutôt mal barré cette histoire » et où finalement on parvient à se sortir contre toute attente d’un drôle de guêpier. Historiquement il existe également quelques exemples de batailles ou de guerres qui étaient « perdues d’avance » mais où les outsiders ont quand même décroché la victoire (ce qui ne veut pas dire que ce sont les gentils de l’histoire, mais en même temps le concept de gentil et de méchant est assez subjectif quand il s’agit de guerre. Sauf pour les nazis qui sont vraiment des méchants peu fréquentables).
La bataille de Longewala
Cette bataille qui a opposé les forces armées pakistanaises et indiennes entre le 4 et le 7 décembre 1971 donnait l’armée pakistanaise gagnante puisque 2000 à 3000 soldats se trouvaient sur le champ de bataille accompagnés d’une quarantaine de tanks face à 120 soldats indiens accompagnés de dix chameaux et d’une jeep (ainsi que d’un soutien aérien de quatre avions arrivés six heures après le début des hostilités).
C’est d’une part l’ingéniosité des Indiens pour sécuriser le périmètre qui a fait basculer la victoire (minage du périmètre, pose de fils barbelés pour entraver l’avancée des forces ennemies, connaissances tactiques du terrain, position avantageuse géographique, uniformes qui allaient très bien aux soldats et leur donnaient la méga classe…) mais également certaines décisions de l’armée pakistanaise : aucune reconnaissance du terrain qui a conduit les tanks à s’embourber, l’absence de vérification aérienne qui a laissé le champ libre aux avions indiens pour les surprendre et plusieurs autres négligences qui ont causé la défaite des Pakistanais.
Le siège d'Alésia
Avant d’être un horrible film avec Christophe Lambert, la défaite de Vercingétorix était avant tout réelle. Retranchée dans la fortification d’Alésia, l’armée du chef de guerre gaulois était bloquée par les légions de Jules César qui avait décidé d’entourer tout le périmètre et d’ériger d’autres fortifications pour se protéger des armées de renfort.
Même si l’armée romaine de 60 000 hommes était largement dominée par les 80 000 soldats de Vercingétorix et des renforts gaulois arrivés plus tard (240 000), Jules César est toujours parvenu à rebondir de la bonne façon et à maintenir le moral de ses troupes. Les armées de soutien gauloises se sont finalement dispersées et les armées encerclées ont accepté la reddition en balançant leur chef à l’Empereur Romain, marquant l’une des plus grosses déculottées inattendues de l’histoire.
La bataille de Gate Pa
Plusieurs affrontements marquants ont eu lieu au cours de la campagne de Tauranga en Nouvelle-Zélande mais le plus étonnant est probablement la bataille de Gate Pa (1864) qui opposait les forces britanniques et les Maoris. Les forces armées britanniques composées de 1700 soldats lourdement armés faisaient face à quelques 200 guerriers Maoris. Mais ces derniers avaient l’avantage de connaitre le terrain et ont mené les troupes ennemies dans un endroit marécageux propice aux embuscades.
Alors que les forces britanniques avaient l’avantage et que le conflit durait depuis quelques jours, la tendance s’est complètement inversée en à peine cinq minutes qui semblent encore bien floues aujourd’hui : les soldats envahisseurs ont commencé à faire demi-tour dans la panique en abandonnant le combat. Parmi les théories qui tentent d’expliquer ce retournement de situation, celle-ci domine : les soldats Maoris se seraient camouflés en attendant l’approche de leurs ennemis et auraient attendu le moment parfait pour attaquer rapidement un gros coup. Voyant de nombreux soldats tomber sous les tirs en quelques secondes le régiment aurait fait demi-tour dans la panique en abandonnant le combat.
La bataille de Rorke's Drift
Quelques heures après la bataille d’Isandhlwana (Afrique du Sud – 1879) où l’armée britannique avait été violemment repoussée et battue par les guerriers Zoulous, quelques 139 soldats vaincus s’étaient réfugiés dans une ferme en comptant dans leurs rangs plus de 30 blessés. C’est donc cent hommes valides qui se sont retrouvés à défendre la ferme pendant près de douze heures contre des vagues interminables de guerriers Zoulous (près de 4000 soldats en tout).
La lutte acharnée contre les vagues ennemies a commencé à changer de tendance au fil des heures, les soldats Zoulous refusant finalement de continuer d’envoyer des hommes au combat constatant la ténacité des Britanniques. Au final 17 soldats de la couronne sont décédés au cours de l’affrontement contre 350 Zoulous. Cette bataille est celle où ont été décernées le plus de croix de Victoria de toute l’histoire de l’Angleterre : onze soldats l’ont reçue en décoration. C’est la plus prestigieuse médaille de l’armée britannique, c’est vous dire à quel point ils étaient considérés comme des héros.
La prise de la forteresse de Qashliq
Le cosaque Yermak Timofeyevic est aujourd’hui reconnu pour être celui qui a ouvert la voie à Yvan le Terrible en 1582 en s’aventurant en Sibérie pour reprendre la capitale Sibir des mains du Khan. De nombreuses zones d’ombre entourent son périple, tout comme ses véritables origines : certaines sources disent qu’il était pirate et qu’un avis de recherche pesait sur sa tête, d’autres qu’il venait d’une famille fortunée de marchands.
Quoi qu’il en soit Yermak Timofeyevic est parti en Sibérie avec 1000 soldats cosaques et est parvenu à prendre la forteresse de Qashliq et la capitale Sibir en délogeant le Khan tout en faisant face à une armée trois fois plus imposante qui avait également l’avantage de la position stratégique et un meilleur armement, le tout en une journée selon la légende. L’armée cosaque aurait perdu près de 100 soldats alors que l’armée sibérienne aurait vu tomber ses 3000 hommes, laissant un seul survivant d’après la légende. Bon, c’est à prendre avec des pincettes mais historiquement Timofeyevic a bien pris la capitale.
La prise de Belgrade par les SS
Le commandant SS Fritz Klingenberg avait avancé vers Belgrade accompagné d’un régiment pour traverser le Danube et marcher sur la ville. Sauf qu’en arrivant de l’autre côté de la rive, le bateau sur lequel il avait traversé sombra et Klingenberg se retrouvait avec six hommes aux portes de Belgrade sans munitions. Le commandant décida d’entrer discrètement dans la ville et d’en faire tomber le drapeau pour le remplacer par le drapeau nazi.
Le maire est ensuite arrivé vers eux et Fritz Klingenberg choisit de bluffer en lui disant que l’armée allemande venait de prendre la ville et que les habitants devaient se rendre, ce que ce dernier a décidé d’accepter. C’est ainsi que six soldats allemands sans munitions ont pris une ville de 200 000 habitants dont quelques milliers de soldats en une nuit sans tirer un seul coup de feu. Pour le coup c’était plutôt bien joué, dommage que c’étaient des gros cons de nazis.
La bataille de Lacolle Mills
Cette bataille qui a pris place au Canada et a opposé les soldats britanniques et américains partait plutôt mal pour les soldats de la couronne : 80 soldats avec très peu de munitions contre 4000 soldats américains avec une force de frappe largement supérieure pour un affrontement dans la boue et la neige. Leur commandant, Richard Hancock a décidé de donner le tout pour le tout et de foncer dans le tas avec les baïonnettes, envoyant probablement ses hommes vers une mort certaine mais la charge a été rapidement repoussée.
Contre toute attente des renforts canadiens sont venus prêter main forte aux Britanniques, faisant grossir les rangs à 500 hommes contre 4000. Hancock décide alors de retenter sa charge héroïque à la baïonnette et enfin, la manoeuvre a porté ses fruits : peu de temps après les 4000 soldats américains sont déboutés et prennent la fuite face à un assaut pourtant inespéré.
La bataille d'Okehazama
Alors que le seigneur Imagawa Yoshimoto marchait sur la région de Kyoto à la tête de 40 000 soldats, son clan adverse dirigé par Oda Nobunaga ne comptait que 3000 hommes. Malgré ce déséquilibre des forces évident, Oda tente une approche plutôt téméraire : tout miser sur l’offensive, même si l’armée d’en face comptait dix fois plus de soldats.
Le chef de guerre a profite alors d’un orage pour pénétrer en furie dans le camp de Yoshimoto en prenant soin d’entrer par l’arrière de sa base pour le tuer rapidement et éviter tous ses soldats, se débarrassant ainsi de la tête pensante d’une armée désormais sans chef. Cette victoire éclair a littéralement forgé la légende de Oda, dont on vous a déjà parlé dans une anecdote tout à fait différente et qui concernait les culs qui ont changé l’histoire, un top que je vous conseille.
La bataille d'Agincourt
On pourrait résumer la bataille d’Agincourt en une règle : le choix des armes est plus que déterminant en temps de guerre. L’armée anglaise de Henry V était clairement en sous effectif face à l’armée française puisqu’elle ne comptait que 5000-8000 archers contre 15 000 à 30 000 soldats lourdement armés et cavaliers. Après avoir joué l’offensive pendant un temps Henry V a bien compris que ses hommes couraient à leur perte et a décidé de se retrancher en érigeant des barricades pour faire pleuvoir les flèches sur ses ennemis.
Sa stratégie a été plus que payante vu que près de 6000 Français ont été tués pendant la bataille contre 600 du côté anglais. Le terrain boueux et les armures lourdes n’aidant pas les soldats français à avancer jusqu’aux barricades la retraite a rapidement été sonnée et la victoire anglaise proclamée, devenant au passage l’un des exemples les plus célèbres de bataille perdue d’avance savamment menée.
La bataille de Carrhes
La bataille de Carrhes, ou la chute du général Crassus reste l’une des plus belles défaites de l’armée romaine. Le bien nommé Crassus (je sais pas vraiment si c’était un crasseux) était probablement l’une des personnalités romaines les plus méprisables de son temps et il avait décidé de partir avec son armée conquérir la Parthie (Iran), ce qui l’a amené à se battre aux abords de Carrhes dans l’actuelle Turquie le 6 mai de l’an -53 avant Jésus Christ.
À la tête de 52 000 soldats (jusque 70 000 d’après certaines estimations), Crassus avait probablement en tête qu’il ne ferait qu’une bouchée des 12 000 cavaliers parthes mais le projet ne s’est pas vraiment déroulé comme prévu. La mobilité des archers à cheval a été le véritable atout de l’armée adverse par rapport aux mouvements lents et groupés des Romains vite submergés par les flèches et incapables de répondre aux offensives. Au final entre 20 000 et 40 000 soldats romains auraient trouvé la mort contre 38 dans le camp adverse, ce qu’on peut qualifier de belle branlée.
Et sinon je vous conseille d’aller voir les batailles les plus impressionnantes de l’histoire et les histoires de guerres les plus ridicules, ça va vous en boucher un coin.
Sources : The Archive, Wikipedia, Quora, We are mighty, Hexapolis.