Cette histoire, vous en avez sûrement déjà entendu parler. C’est l’histoire d’un accident d’avion. C’est l’histoire de cannibales. C’est l’histoire d’une Nature hostile. C’est l’histoire d’hommes et femmes qui se sont accrochés à la vie en s’aventurant dans les limites les plus obscures de l’humanité. Le drame de la Cordillère des Andes, c’est tout ça à la fois, et c’est surtout une histoire incroyable. Je vais vous la conter, mais je me dois de vous avertir : les plus sensibles d’entre vous auront probablement un peu de mal à lire ce qui suit.
C'était quoi concrètement, le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571 ?
Vous l’avez deviné, on parle bien d’un vol d’avion, et plus particulièrement d’un vol qui devait relier Montevideo en Uruguay à Santiago du Chili en 1972. À son bord, il y avait 45 passagers : une équipe de rugby professionnelle de Montevideo et leurs proches. Les joueurs devaient aller disputer un match contre une équipe chilienne, d’où ce petit voyage.
Autant vous le dire, ça partait mal
Ça partait mal parce que les conditions météo n’étaient pas au top. Au lieu de rejoindre directement le Chili, l’avion avait dû s’arrêter une nuit à Mendoza en Argentine pour éviter d’être pris dans la tempête. Il repartait seulement le lendemain pour traverser la Cordillère des Andes. Plutôt prudent, donc.
Le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571 s'est crashé dans la Cordillère des Andes
Le 13 octobre 1972, l’avion a finalement pris le départ pour Santiago. Au départ, la traversée des Andes se passait bien, jusqu’à ce que le pilote fasse une erreur. Il a amorcé sa descente en pensant avoir dépassé un certain point du parcours, sauf que son avion, avec le vent de face, avait beaucoup moins avancé que ce qu’il croyait. Du coup, la descente s’est enclenchée trop tôt et l’avion a percuté un pic qui a arraché son aile droite. En se détachant, l’aile a arraché une partie du fuselage de l’appareil et l’avion a fini par se cracher à 3600m d’altitude au niveau de la frontière entre l’Argentine et le Chili. Le pire scénario possible.
17 personnes sont mortes à cause de l'accident
Certains d’entre eux sont morts sur le coup, et les autres ont succombé à leurs blessures dans les heures qui ont suivi l’accident. 17 personnes sur 45, c’était déjà beaucoup, mais ce n’était que le début des emmerdes.
Les recherches ont cessé au bout de huit jours
Juste après l’accident, les survivants ont décidé de s’abriter dans la carcasse de l’avion et ont commencé à se rationner en attendant l’arrivée des secours. Problème : au bout de huit jours seulement, les recherches ont été stoppées parce que jugées trop difficiles. C’était prendre beaucoup de risques pour rechercher un avion blanc dans la neige blanche. C’était risquer sa vie pour chercher une aiguille dans une botte de foin. Bref, les survivants ont été abandonnés.
Les survivants ont dû manger des corps des victimes
La faim peut pousser l’homme a des extrémités inimaginables, et ça a été le cas dans cette histoire. D’abord, quand les survivants sont venus à bout de leur maigre stock de nourriture, ils ont commencé à tenter de se nourrir d’à peu près tout ce qui leur tombait sous la main. Ils ont par exemple essayé de bouffer le cuir de leurs bagages, mais sans succès puisque ce n’était pas comestible. C’est là que l’un des rugbymen a fait une annonce qui allait changer leur vie à tous : il a expliqué qu’il allait manger le corps du pilote décédé pour survivre. Très rapidement, d’autres survivants ont suivi son idée, et l’un d’entre eux, étudiant en médecine, leur a expliqué comment découper la chair des cadavres. Après tout, il fallait bien survivre. L’expérience a quand même dû être horriblement traumatisante pour les survivants, surtout lorsqu’il a fallu se nourrir des corps de leurs amis.
Une avalanche a fait 8 nouvelles victimes
Comme si la situation n’était pas déjà assez catastrophique, il a fallu que les conditions météo viennent en rajouter une couche. Une couche de neige, même, puisque, le 29 octobre, une avalanche est allée recouvrir l’avion dans lequel les survivants avaient trouvé refuge. 16 jours après avoir quitté le sol de Mendoza, il ne restait déjà plus que 20 survivants sur les 45 passagers de départ. Ils souffraient de malnutrition, ils avaient le scorbut, des engelures de partout, mais ils étaient vivants.
Des hommes sont partis en expédition pour aller trouver de l'aide
Survivre en pleine montagne en mangeant des corps, c’est pas l’idéal, pour le dire gentiment. Les survivants ont donc décidé de partir à la recherche de secours. Mais dans la Cordillère des Andes, ça revient à partir en expédition et à risquer sa vie. Il y fait froid, le soleil se reflète sur la neige, l’altitude est élevée, il peut y avoir des chutes de neige… Bref, c’est dur. Début décembre, un groupe d’hommes s’est quand même équipé pour la mission en emportant les vêtements les plus chauds du groupe et quelques morceaux de cadavres. Au final, seulement deux d’entre eux ont réussi à passer la première partie du parcours et ont donc continué seuls. Au bout de 10 jours de marche, ils ont fini par tomber sur quelqu’un. Incroyable.
Les secours sont arrivés
Le paysan chilien sur qui sont tombés les deux survivants a directement alerté les secours, et, le 22 décembre 1972, deux hélicoptères sont allés récupérer les victimes du crash restées au niveau de la carcasse de l’avion. Plus de deux mois se sont écoulés entre le crash et l’arrivée des secours. Au total 16 personnes sur 45 ont survécu au drame de la Cordillère des Andes.
L'histoire de cannibalisme a été très tabou
Au départ, les survivants ont nié en public avoir mangé les cadavres des autres passagers. Le cannibalisme étant un des plus grands tabous de la plupart des cultures et plus particulièrement du catholicisme (l’Amérique du Sud est très catholique), c’était un sujet à éviter. Mais, finalement, au cours d’une conférence de presse, ils ont avoué à demi-mot ce qui s’était passé, en parlant de « communion » plutôt que de cannibalisme, histoire d’arrondir les angles. À savoir que le pape en personne leur a pardonné ce pêché. En même temps, les pauvres n’avaient pas tellement le choix.
Sacrée histoire. Et comme je ne doute pas une seule seconde qu’elle vous a captivés, je vous renvoie illico presto vers d’autres histoires de survivants totalement ouf.
Sources : Wikipedia, Ouest-France.