Le vendredi est un jour maudit depuis la nuit des temps. On voudrait nous faire croire qu'on peut avoir de la chance un Vendredi 13, mais on sait que c'est pas vrai parce qu'il est IMPOSSIBLE de réussir un truc un vendredi. En attendant le temps béni du week-end, une seule chose à faire, serrer les dents et se dire qu'il n'y en a que 52 à tirer dans l'année. S'il devait y avoir un "mois de novembre de la semaine", ce serait le vendredi, forcément. Lundi c'est peut-être ravioli, mais vendredi c'est tout pourri.
- Tout le boulot "qu'on avait dit qu'on ferait demain" à se taper
Le vendredi, c'est le jour du bilan. Et comme chaque semaine, le bilan n'est pas bien glorieux : tout ce que vous deviez faire cette semaine sera bouclé, au mieux, à l'arrache, cet après-midi, et au pire vous serez bon pour faire un peu de rab' chez vous demain. Le vendredi, c'est le jour où l'on bâcle, où l'on dé-procrastine, où l'on s'énerve, où l'on réalise qu'on s'était vu trop beau, trop performant, trop efficace. Vous voila armé pour déprimer tout le week-end. - La sempternelle question sur les "projets" du week-end
"Et toi, tu fais quoi de ton week-end?". Il est socialement impératif d'avoir des projets extraordinaires pour le week-end et il est très malvenu de répondre, "bof, pas grand chose, je vais rester en slip devant la télé". Pourtant, avec un bon chocolat chaud, c'est un super programme. - Le programme télé généralement peu glamour
Si. Y'a Thalassa. Une spéciale sur des éleveurs de perles dans un pays dont j'ignorais l'existence. "On regarde ça ? - Non. On l'enregistre ? - Non plus...". Aucun film non plus sur les chaînes gratuites comme pour encourager les gens à aller au ciné. Mais vous, vous êtes crevé là, vous irez au ciné samedi. C'est ce que vous vous dites en tout cas. - Des sorties sans grande conviction
La soirée du vendredi, ce n'est pas une VRAIE soirée comme celle du samedi. On ne se lache pas un vendredi, on ne danse pas sur des rythmes endiablés un vendredi. Est-ce qu'on parle de "La fièvre du vendredi soir"? Non. Y'a bien une raison. Si le samedi, c'est champagne, « Le Vendredi c'est demi » disait Desproges. - Du poisson à la cantine
Quand il a fallu choisir un jour pour encourager les gens à manger du poisson une fois dans la semaine, comme par hasard, c'est tombé sur le vendredi. L'Eglise Catholique n'a pas été chercher bien loin : vous avez tué Jésus un vendredi, vous mangerez du colin pané et des sardines à l'huile toutes les semaines. Ça vous apprendra. - Un relâchement vestimentaire (douteux) au bureau
Rien que pour le "casual friday" qui a encouragé ceux qui rêvaient de se pointer au boulot habillés comme des campeurs, ce jour devrait être rayé de tous les calendriers. Les start-ups d'il y a dix ou quinze ans ont fait des tas de trucs super, mais jamais le vendredi. - Des pièces jointes foireuses...
Le vendredi, ceux qui ne sont pas en RTT finissent la semaine en roue libre et trouvent amusant de polluer votre boite mail de conneries en tout genre, du powerpoint qui tourne depuis 2003 à l’insupportable "thank god it's friday".
- ...Et des débats à la con sur Internet
Le vendredi, c'est "trolldi", et on peut mettre le feu à toute conversation en racontant n'importe quoi. On doit donc pardonner les points de vue les plus arrêtés, les débats les plus stériles et les points Godwin atteint en quelques lignes. Le vendredi, c'est le jour de repos de l'intelligence, celui pendant lequel on évacue les conneries emmagasinées toute la semaine. - Des réunions et des cours de fac douloureux
Les open-space et amphis clairsemés du vendredi matin, parce que le jeudi soir a été un peu plus arrosé que prévu, semblent faire partie du folklore estudiantin commun, et deviennent plus tard un classique de la vie au travail. Le vendredi sera toujours le jour le plus long, celui qu'on passe avec la migraine, des reçus de carte bleue dans la poche et pas mal de regrets. - Le football le moins prestigieux de la semaine
Avec un bon multiplex Ligue 2 et éventuellement un match avancé de National : entre la Ligue des Champions, la Ligue Europa et les grosses soirées de Ligue 1, le vendredi est le jour maudit du footeux, celui où s'affrontent des villes qu'il ne sait pas placer sur une carte dans l'antichambre de l'élite. Si le lundi est fait pour débriefer la semaine de foot, le vendredi est là pour se rappeler qu'il y a des choses plus importantes dans la vie.
Allez, ça ira mieux demain.