De 1997 à 2003, une série a traumatisé durablement les spectateurs, et marqué au fer rouge l’histoire du petit écran. Petit flashback des familles qui, on l’espère, vous convaincra de vous y intéresser.
Le casting
Si vous vous intéressez aux séries, il y a un certain plaisir à découvrir ou redécouvrir Oz. C’est bien simple, vous allez reconnaître beaucoup, beaucoup de têtes que vous avez croisées dans d’autres shows sortis plus tard, voire au cinoche pour les plus chanceux (coucou JK Simmons). The Wire, Les Sopranos, Lost, Dexter, New York Unité Spéciale… tous ont joyeusement pioché dans le casting d’Oz, et ce n’est pas pour rien. Une sorte de centre de formation de luxe comme le Barça, mais version TV.
Précurseur
Oz a été une petite révolution en son temps. HBO cherchait à se diversifier, et la production de la série était vue à l’époque comme un pari. Sur le papier, « on va suivre le quotidien de dealers, gangsters, pointeurs et autres criminels en prison où ils cherchent avant tout à s’entretuer », pour une chaîne payante à une heure de grande écoute, c’était pas gagné. Coup d’essai, coup de maître, la série a été bien reçue par le public et la critique, et a été un des signaux forts qui ont encouragé HBO à se lancer dans d’autres projets au ton résolument dur, jusqu’à aujourd’hui. Sans les coups de lame dans la gorge de Oz, on n’aurait peut-être jamais eu Game of thrones les amis.
Une autre face de l’Amérique
Oz dépeint ce qui est peut-être le pire aspect de la partie sombre du rêve américain. Pas seulement parce que c’est une prison, mais aussi pour son fonctionnement interne. Les prisonniers se divisent en gangs communautaires qui sont en guerre perpétuelle, leur background évoque régulièrement tout ce qui cloche dans le pays. Pauvreté, drogue, injustices, c’est limite un buffet gratuit. Les rares séquences en extérieur sont… les flashbacks de moins de deux minutes qui montrent pourquoi les taulards ont été condamnés, pas vraiment une fenêtre ouverte sur un monde enchanteur.
C'est carrément shakespearien
Oz, ce n’est pas juste la routine peu reluisante des détenus en mode docu-fiction. C’est aussi une finesse d’écriture qui fait se croiser le destin de mecs qui n’auraient jamais dû se rencontrer, et surtout, des intrigues et des luttes de pouvoir intestines. On pense en particulier au personnage machiavélique de Ryan O’Reilly, qui est un des plus grands menteurs et manipulateurs de fiction moderne. Vous voyez ces comploteurs qui susurrent leur venin à l’oreille des puissants pour qu’ils les débarrassent de leurs ennemis en pensant agir pour un autre intérêt ? Ryan est de ce niveau.
Le showrunner
Le créateur, c’est Tom Fontana. Dans le genre petit mais costaud, le gars se pose là, puisqu’outre ses récompenses aux Emmy, il a pas mal bossé sur une autre série un peu oubliée mais de grande qualité : Homicide, qui était au quotidien des flics ce que Oz sera à celui des détenus. En plus le mec refusait d’utiliser un ordi pour écrire ses scripts, qu’il grattait à la main. Si ça c’est pas la marque des boss, on ne sait pas ce que c’est.
Le réalisme
Vous pouvez oublier la plupart des films et séries et leurs scènes de prison édulcorées, ici, c’est du sérieux. Les prisonniers sont d’authentiques salopards et ceux qui ne l’étaient pas au départ finissent souvent par le devenir. La violence n’est jamais amoindrie, le côté glauque de la prison non plus, idem pour les agressions sexuelles… C’est rude, mais rien ne sera épargné au spectateur, pour le meilleur et pour le pire. Conseil pour les débutants : ne vous attachez pas trop à un perso en particulier, la durée de vie ici est bien en-dessous de ce à quoi vous êtes habitués par les autres séries.
La meilleure série carcérale
Certes, ce n’est pas non plus une catégorie qui comprend 150 séries, mais quand même. Dans le registre univers carcéral sur petit écran, on n’a toujours pas fait mieux. Et par pitié, ne venez pas comparer ça avec Prison Break, on ne mélange pas le foie gras avec le canigou.
Des vrais antihéros
Le terme est parfois utilisé à tort et à travers mais pas ici. Les personnages sont tous des vrais spécimens criminels qui auraient été des antagonistes dans le cadre d’une autre série. Sauf qu’ici, pas le choix, ce sont bien eux qu’on va suivre du début à la fin, avec tout ce que ça implique comme dilemmes moraux.
Ça n’existera plus jamais
Si on observe l’évolution des séries, Oz continue de rester un ovni. Le show est une œuvre unique en son genre. Le côté claustro, l’ultra violence, physique ou psychologique, et surtout l’absence de quoi que ce soit de positif, ça semble être « trop » pour notre époque. Pour vous donner une petite idée, l’équivalent de l’héroïne de Orange is the new black dans Oz, ce serait Beecher, un type qui ne connaît rien aux réalités de la prison. Au bout d’une saison, il devient accro à l’héroïne, est forcé d’être le soumis d’un néo-nazi, finit par devenir cinglé et se venge en déféquant sur la tête de son bourreau. Voilà voilà.
L’émotion
Ce n’est pas ce qui saute aux yeux en premier, mais l’évolution de certains personnages est quand même assez touchante. Espoirs déçus, les issues tragiques, le quotidien du couloir de la mort, les descentes aux enfers et les relations amoureuses qui vont droit dans le mur… Avant de comprendre pourquoi ni comment, vous vous surprenez à plaindre sincèrement un tueur-violeur multi-récidiviste au détour d’une scène. Enfoirés de scénaristes.
Vous l’aurez compris, ceux qui ont le cœur bien accroché devraient trouver leur bonheur. Par contre si vous cherchez une série familiale, ce n’est clairement pas la bonne adresse.