Cette semaine, Canal a sorti sa nouvelle série, Les Sauvages, réalisée par Rebecca Zlotowski avec notamment Roschdy Zem. Une série plus sociétale que politique qui réinvente totalement le genre essoré jusqu’à la moelle et trouve dans le ton une ampleur qu’on voit très rarement à la télé française.
Parce que ça parle de la vraie France
Une France métissée, divisée, fracturée dans ses territoires. Une France qu’on ne voit jamais à la télévision autrement que pour remplir des quotas et faire de la discrimination positive, qu’elle soit sociale ou ethnique. Et là, cette France qui existe dans la vie réelle existe à l’écran.
Parce que Zlotowski est trop forte
Non seulement elle est une cinéaste talentueuse (la cinématographie de la série est superbe), mais c’est une excellente scénariste (co-scénariste en l’occurrence), et une vraie intellectuelle pas chiante qui essaie de traduire par l’image des sentiments, des distanciations, de reproduire l’intime.
Parce que Roschdy Zem est parfait
Roschdy Zem est depuis longtemps devenu un acteur suffisamment connu pour ne plus se coltiner des rôles d’Arabe de service. Et là, en premier président d’origine arabe, il ne joue pas simplement ça : il joue un président. Et c’est en cela qu’il éclaire la série.
Parce que c'est un très bon thriller
Qui instrumentalise les radicaux pour abattre le président ? L’Elysée et Saint-Etienne, la banlieue et les ors de la République, tout s’entremêle avec une fluidité parfaite et un vrai sens du timing.
Parce qu'il y a Marina Foïs
Au cas où vous ne le sauriez pas, on l’aime.
Parce qu'une mini-série, ça fait du bien
Le propos est serré, concis, il n’y a rien qui dépasse. Pas cette impression parfois tenace que les épisodes 8 et 9 sont un peu là pour qu’il y en ait dix. Logique, puisqu’il n’y a pas d’épisodes 8 et 9.
Parce que ça rappelle le cinéma de Cimino
Ou de James Gray. Une image froide et pourtant intime, un sens du cadrage incroyable, l’impression que la caméra a vraiment capté des instants, comme si la mise en scène s’effaçait totalement.
Parce que l'intime et le pouvoir s'y mêlent
Et s’y mêlent bien, ce qui est rare. Dans l’excellent Bureau des Légendes, la multiplication des histoires d’amour entre les personnages joue un rôle de décorum façon « ces héros sont aussi des gens normaux ». Là, la richesse du scénario permet à ces deux registres de s’entremêler sans impression d’artificialité.
Parce que ce n'est pas glamour
L’équipe n’est pas la plus glam’ paillettes beaux gosses et mannequins du cinéma et de la télé. Acteurs et technique dégagent quelque chose de moins tape-à-l’oeil que la plupart des séries françaises qui rappelle un cinéma des années 70 dont on attend le retour comme le messie.
Parce qu'une telle ampleur est rare à la télé française
Des dimensions sociétales et un sens de la cinématographie bluffant. C’est le meilleur de la série anglaise qui rencontre le meilleur de la série américaine. On est loin de Joséphine Ange Gardien.
Et c’est évidemment sur MyCanal.