Ils défilent dans la rue contre la PMA. Ils en sont sûrs : la famille, c’est un papa, une maman. L’enfant ne peut pas se développer autrement qu’avec un papa et une maman. Et nous en apportons ici la preuve par l’exemple grâce à ces photos de familles aimantes et apaisées dont nous vous racontons l’histoire pour mieux leur donner vie.

Le grand absent

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

C’était l’époque heureuse, l’époque où François n’était pas encore parti, ou son souvenir ne s’était pas transformé dans l’esprit de Corinne en un pan de mur vert. L’époque où l’avenir de la petite Marie-Aymone était tout tracé. Elle ferait SciencesPo, l’ENA et HEC comme son grand père. C’était avant que Corinne ne se souvienne des gestes déplacés de son frère André, avant qu’elle ne commence à douter de la paternité de Marie-Aymone et l’avoue à François. C’était le bon temps.

La famille modèle

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

En public, Michel ne montrait jamais sa vraie nature. On murmurait qu’il était chiant, un peu terne, même, que son travail d’expert-comptable à la COGEREP ne l’avait pas aidé à fendre l’armure. Mais en privé, c’était tout autre chose. Pénélope vivait un enfer quotidien fait de blagues de comptoir, de tire-sur-mon-doigt, d’imitations mauvaises et de karaoké. Une vie à se faire peu à peu vampiriser par un mari boute-en-train et jusqu’à la crise finale, douze coups de couteau dans le ventre. La petite Emilie ne se remettrait jamais de la fois où son père avait fait semblant de lui voler son nez, pas plus que du procès au terme duquel sa mère fut condamnée à 2 mois de prison avec sursis. Destins brisés.

Une certaine idée du bonheur

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Il n'a pas souffert, promis

Olivier et Joséphine avaient pas mal baroudé avant de s’installer pour fonder une famille. C’est la petite Virginie qui, la première, devait faire les frais de ce sédentarisme soudain. Des récits de voyage à n’en plus finir, des soirées diapo, l’isolement dans un monde fait de moments mal racontés dans une complicité parentale excluante pour la petite. Alors à l’heure où Joséphine s’apprêtait à mettre au monde le petit Pachamac, un nom volé à quelque divinité andine, Virginie savait qu’elle était désormais la plus grande, qu’il lui faudrait à tout jamais veiller sur le destin de son petit frère pas épargné par la vie. Alors, l’émotion. Alors, les larmes.

Le corps de la petite

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Il n'a pas souffert, promis

Ce n’est que 25 ans plus tard, en 2001, que les autorités retrouvèrent le corps de Bernadette, enterrée vivante par ses deux parents un jour d’hiver 1984 parce qu’elle voulait « absolument aller à Disneyland ». Bernadette était un accident et, un temps, Solange et Corentin avaient imaginé que cet accident était un cadeau du ciel à même de sauver leur couple. Mais ce jour-là, Corentin avait bu et Solange ne voulait absolument mais alors absolument pas aller à Disneyland.

La vie devant soi

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Il n'a pas souffert, promis

Toute sa vie, Timothée avait entendu cette phrase. D’aussi loin qu’il se souvienne (et il se souvenait de sa petite enfance), son père lui avait sans cesse répété qu’il irait loin. Qu’il avait la vie devant lui. Que s’il se montrait âpre à la tâche, dur au mal, qu’il restait droit et honnête, il irait loin. Que tous les horizons s’ouvriraient à lui. Le père n’avait-il pas réussi, lui, fils de contremaître à devenir contremaître en chef ? C’était question d’abnégation. Quand il avait perdu son boulot, sa mère, qui l’avait épousé pour la position sociale que cela lui conférait à Cholet, le quitta. Il sombra et mourut. Dès lors, Timothée se retrouva à élever sa soeur Mathilde tout seul tout en suivant un double cursus médecine/droit à la fac de Niort. Avant de devenir livreur Deliveroo.

Le clone

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Il n'a pas souffert, promis

Mini-moi. C’est le nom que Maxime avait inscrit à l’état-civil à la naissance du petit. La mère, qui penchait plutôt pour Nicolas, n’avait pas eu voix au chapitre. C’est que Maxime, non content d’être un mari tyrannique, était aussi un tyran marital ce qui n’est pas la même chose. Passionné de claquettes et porté sur le costume, il obligeait sa famille à revêtir tous les dimanches des habits de fête pour « marquer le coup ». Le coup, Mini-moi le marquait tous les soirs quand il ne parvenait pas à enchaîner suffisamment vite les trois entrechats que lui imposaient son père. Un jour, alors que papa tapait sur maman, Mini-Moi, entraîné à imiter son père, se mit à son tour à la rouer de coups. On le plaça en famille d’accueil où il récupéra un nouveau prénom que nous tairons ici.

Le gîte

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Il n'a pas souffert, promis

Martine et Laurent tenaient un gîte sur la route d’Yvetot. Ce gîte, ils le voulaient semblable à la maison bleue de Le Forestier, un endroit où les pauvres hères pourraient trouver refuge en cas de pépin. Mais leur dévotion à dieu et aux autres devenait envahissante. Si envahissante qu’ils ne trouvaient plus le temps de s’occuper de leurs enfants. A 6 ans, Marie dealait du crack dans les cités voisines. A 4 ans, sa petite soeur, Clothilde, s’était mise à écouter du Heavy Metal. Dans l’indifférence des parents, ils mirent sur pied avant leurs dix ans le premier mouvement national -socialiste de Normandie. Quand enfin Martine et Laurent ouvrirent les yeux, il était trop tard.

L'homme sur la photo

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Qui était cet homme qui avait photobombé leurs photos de famille ? Gwenaëlle et Léo étaient bien en peine de le dire. Bien en peine. Il était là, sur toutes les photos de famille, affublé toujours de cette même expression de dégoût. Maman disait de lui qu’il « avait été là mais qu’il était parti ». Qu’y avait-il donc de si dégoûtant chez eux pour que cet homme soit parti ? S’agissait-il de leur père ?

Bien des années plus tard, Gwenaëlle et Léo obtinrent des réponses. Si leur père était parti – car c’était bien leur père – c’était à cause de l’odeur. Une odeur rance. Une odeur de moisi.

Les otages

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Fabrice et Mélanie ne pouvaient pas avoir d’enfants. Ils avaient donc, comme tout le monde, déposé une requête en adoption, mais les papiers traînaient. Un jour, du centre commercial Parly II, Mélanie ramena des courses particulières. Deux enfants sortis de leurs poussettes et déposés délicatement à l’arrière de la Fuego Break modèle 83. Malgré les nombreux appels à témoins, les policiers ne purent jamais mettre la main sur eux. Ils grandirent, aimés, entre Fabrice et Mélanie mais sentirent toute leur vie qu’ils n’avaient pas grand’chose à faire là. Une impression diffuse, ténue, dont ils ne parlaient jamais et que seules les photos laissent entrevoir. En revanche quand – miracle ! – Mélanie tomba enceinte de Fabrice, ils produisirent une petite fille parfaitement saine. A ce détail près qu’elle cherchait par tous les moyens à tuer ses frères.

La culbute

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« Ce qu’il était maladroit papa ! » raconta Tabatha aux journalistes venus recueillir ses dernières paroles alors que, paralysée aux 3/4 dans un lit d’hôpital, elle s’apprêtait à rendre un dernier souffle. Contusions en tout genre, bleus, os disloqués : l’enfance de Tabatha n’avait pas été à proprement parler classique. Rapidement, l’école s’en était inquiété. Tabatha serait-elle battue ? Malgré les dénégations de la petite et la défense énergique du père, malgré les témoignages de moralité, Patrick et Coralie subirent la loi d’un tribunal intransigeant qui leur retira la garde des enfants. Ensuite, ils se suicidèrent. Quant à Tabatha, elle est morte depuis que j’ai commencé à écrire ce top.

Y a pas à dire, c’est le mieux deux parents ensemble.