Il existe sur terre un paquet d’endroits où il fait meilleur vivre qu’en prison. Bien conscients de cela, il n’est pas rare que les détenus cherchent par un moyen illégal à s’affranchir des contraintes d’un espace insalubre où tout le monde pue et où les conditions de vie sont à se tuer pour mieux profiter de leur vie assez foutue quand même. Et qu’ils se mutinent, donc. Pour le meilleur et souvent pour le pire.
La mutinerie d'Altamira
Une baston entre détenus survenue dans une prison de Amazonie brésilienne a tourné à l’horreur. Sur fond de guerre des gangs pour le contrôle du trafic de cocaïne, 57 prisonniers ont ainsi été tués dont 16 décapités. Il est vrai qu’on peut se demander dans quelles circonstances les prisonniers ont pu avoir accès à des machettes, mais passons. Les membres d’un gang ont débarqué dans une aile de la prison réservée aux membres d’un gang rival, ont foutu le feu, puis ont coupé des têtes et joué au foot avec. Les gardiens, dépassés et/ou corrompus, ont plus ou moins laissé faire. C’est la deuxième mutinerie en 1 an dans cette prison surpeuplée.
La mutinerie de la prison d'Attica
Entre les 9 et 13 septembre 1971, les détenus afro-américains de la prison d’Attica sont entrés en rébellion suite à l’assassinat d’un membre des Black Panthers par les gardiens de la prison alors qu’il essayait de s’évader. En quelques jours, la protestation silencieuse se change en mutinerie contre les conditions de détention, le racisme des gardiens, le manque d’hygiène et l’absence de réponse de la direction pénitentiaire qui organise des fouilles de plus en plus sévères. Un garde est blessé lors de l’émeute qui mobilise quand même 1300 mutins. Finalement, une équipe de médiation est diligentée et 28 des revendications des prisonniers sont acceptées. Mais ceux-ci ne sont pas satisfaits et les militaires donnent l’assaut sur la prison. 10 gardiens sont tués dont 9 de balles perdues tirées par l’armée, ainsi que 29 détenus.
La mutinerie de la prison de Saint-Maur
Les 12 et 13 novembre 1987, 400 des 440 détenus de la prison centrale de Saint-Maur prennent 12 personnes en otage, parmi lesquelles le directeur de la prison, 9 gardiens et 2 enseignants. 6 blessés, des dizaines de millions de francs de dommage et 16 heures de négociations plus tard, les détenus seront transférés dans d’autres centrales avant, pour certains d’entre eux, de se mutiner à nouveau dans une prison de Besançon.
Le 14 juillet 1944 à la prison de la Santé
Peu après la Libération de Paris, la prison de la Santé accueille encore des prisonniers politiques et de droit commun. A l’initiative d’un groupuscule souhaitant jeter l’opprobre sur les prisonniers politiques, un mot d’ordre de mutinerie et d’évasion circule pendant plusieurs jours auprès des droits communs, dans l’idée d’entraîner avec eux les politiques. Mais les politiques gardent leur calme et leur cellule et, tandis que les prisonniers de droit commun se font tirer comme des lapins, ils évitent la débandade. 34 morts pour rien.
Nancy 1972
Pour la toute première fois, à Nancy, en 1972, des mutins réussissent à prendre le contrôle de la prison. Une fois le personnel maté, ils montent sur le toit de la prison et haranguent la foule pour les sensibiliser à leurs conditions de détention. Concommitemment, à Toul, de semblables mutineries éclatent. Alors que le fonctionnement de la prison est encadré par des lois datant de 1945, les prisonniers font pour la première fois le procès public de la vie en prison et attirent l’attention du public sur ce parent-pauvre de la patrie des Droits de l’Homme.
Alcatraz 1946
A Alcatraz, prison réputée inviolable, des détenus ont cherché à prendre le contrôle de leur destin au sortir de la guerre. 40 heures de bataille entre les prisonniers et les gardiens. Les mutins se sont retranchés dans l’un des quartiers tandis que policiers et personnel pénitentiaire leur tirait dessus. Les trois meneurs de la mutinerie ont été assassinés, ainsi que 2 gardiens. On dénombrera 17 blessés en sus.
Les mutins de la prison de Hama
Entre 2016 et 2018, la prison syrienne de Hama est aux mains de mutins, des prisonniers politiques qui sont parvenus à prendre le contrôle total de l’enceinte et s’organisent à l’intérieur. Tout a commencé en 2016 lorsque 4 prisonniers jugés sans défense possible ont été transférés vers une autre prison pour y être exécutés. Pourtant, leurs familles avaient soudoyé un juge corrompu afin d’éviter l’application de la peine. En réponse, les détenus ont pris le contrôle de la prison lors d’une promenade. 8 jours plus tard, les autorités ont accepté de négocier.
La fin de la prison Saint-Léonard
Située à Liège, cette prison a été détruite suite à une mutinerie survenue en 1919. En pleine grève des gardiens, et alors qu’une autre prison était en construction à Lantin pour remplacer Saint-Léonard, vétuste et insalubre, les prisonniers se révoltent et détruisent le bâtiment. Plusieurs détenus s’évadent. Une fois le calme revenu, les prisonniers sont transférés à Lantin en urgence et la prison Saint-Léonard laissée à l’état de friche.
Libertad o muerte.