L'athlétisme, au fond c'est quoi ? La coupe de cheveux et les envolées lyriques mémorables de Patrick Montel, les interminables traductions de Nelson Monfort, les coupures pubs et les changements de chaîne inopinés en plein concours de saut en longueur... C'est aussi des français qui terminent souvent 4ème parce qu'ils « ont senti une douleur derrière la cuisse ce matin en s'entraînant». Oui mais pas que. Car l'athlétisme français a tout de même connu quelques très grands champions. Passage en revue des plus célèbres d'entre eux...
- Marie-Josée Pérec (200/400m): avant de devenir la risée des Guignols et la cible des chinois du FBI, Marie-Josée Pérec fut tout de même la plus grande fierté de l'athlétisme français. Sa médaille d'or sur 400m à Barcelone et son doublé sur 200/400 aux JO d'Atlanta l'ont fait définitivement entrer dans le panthéon des plus grandes de l'Histoire du sport français. On peut également ajouter deux titres de championne du monde, deux de championne d'Europe, et un autre genre de médaille, la légion d'honneur, ce qui fait quand même d'elle l'égale de Daniela Lumbroso.
- Alain Mimoun (fond): 90 ans et il vous met encore probablement une mine lors de votre footing du dimanche matin. Vainqueur du marathon des Jeux Olympiques de Melbourne en 1956, Alain peut aussi se targuer d'avoir décroché trois fois l'argent sur 10000m et 5000m. Egalement médaillé d'argent aux championnats d'Europe et 28 fois champion de France, le palmarès de cet ancien combattant de la seconde guerre mondiale (où il passa proche de l'amputation) en impose.
- Michel Jazy (demi-fond): l'homme aux 74 records : 9 du monde, 17 d'Europe et 48 de France, rien que ça. Il ne sera malheureusement jamais champion Olympique (médaille d'argent sur le 1500m aux JO de Rome en 1968) mais il pourra tout de même se consoler avec deux médailles d'or aux championnats d'Europe de 1962 et 1968.
- Guy Drut (110m haies): né dans la même rue que Michel Jazy, Guy Drut s'est illustré tout au long de sa carrière pour sa capacité à sauter les haies (et les mises en examen pour attribution d'emplois fictifs). Médaillé d'argent à Munich en 72 sur 110m haies, il atteint le Graal aux JO de Montréal en 1976. Un temps détenteur du record du monde, il complète son palmarès par un titre de champion d'Europe et une pelleté de titres de champion de France. Sa carrière en politique, l'affaire des marchés publics d'Ile de France et la « gentille » amnistie accordée par le président Chirac ternira néanmoins son image de sportif à succès...
- Colette Besson (400m): avant Marie-Jo, il y a eu Colette. Invitée surprise de la finale du 400m des JO de Mexico en 1968, on se dit qu'elle peut bien terminer dernière et que c'était déjà pas mal d'arriver jusque là. Mais voilà, alors qu'aux 200m la grande favorite Lilian Board est en tête, Colette attaque et l'emporte sur le fil, battant le record d'Europe au passage et devenant « La petite Fiancée de France ». Elle a ouvert la voie. Il paraît même que le général de Gaulle lui-même était sous le charme...
- Micheline Ostermeyer (poids et disque): Micheline nous aura appris une chose : on peut commencer par le piano et faire le conservatoire, et finir double championne olympique du lancer de poids et de disque. Particulièrement polyvalente, elle réalise le doublé disque/poids et décroche également une médaille de bronze au saut en hauteur aux JO de Londres de 1948. Elle est la première athlète française championne olympique. Elle remporte aussi 13 titres de championne de France dans 7 disciplines différentes et bat 19 records de France.
- Joseph Guillemot (demi-fond): aux jeux d'Anvers, en 1920, il décroche la médaille d'or sur le 5000 m, la plus prestigieuse des distances de demi-fond, ce qu'aucun autre athlète français n'a réussi, avant ou après lui. Et maintenant avec les éthiopiens et les kenyans, c'est même plus trop la peine d'essayer, d'ailleurs. Egalement médaillé d'argent sur le 10000m lors de ces mêmes jeux d'Anvers.
- Ahmed Boughéra El Ouafi: 28 ans avant Alain Mimoun, il est le second athlète français (après Michel Théato à Paris en 1900) à remporter l'or sur le marathon, aux jeux d'Amsterdam en 1928. Son don pour la course à pied est vite remarqué dans l'armée française. Poussé par ses supérieurs, il dispute plusieurs compétitions militaires et finit par obtenir une qualification pour les jeux olympiques de 1924 à Paris, puis décroche l'or en 1928 à Amsterdam. Il se donnera ensuite en spectacle aux Etats-Unis en courant contre des hommes ou des animaux. Le comité olympique le disqualifie pour professionnalisme. On n'entendra plus trop parler de lui jusqu'en 1959, lorsque le FLN mitraille un café parisien dans lequel il avait ses habitudes. Il paya sans doute son refus de soutenir la cause des indépendantistes algériens...
- Jean Galfione: quand vous tapez son nom dans Google, le deuxième terme de recherche proposé est « Jean Galfione nu », certes. Mais le beau breton (pléonasme) n'a pas que son physique pour lui. Il a aussi une médaille d'or, obtenue aux JO d'Atlanta en 96, en battant au passage le record olympique de l'époque, 5,92 m. En 1999 lors des championnats du monde en salle, il entre dans le club fermé des perchistes passés au dessus de la barre des 6 mètres. Son palmarès compte également deux médailles de bronze aux championnats d'Europe, et une autre aux championnats du monde. Perturbé par des blessures récurrentes, sa fin de carrière est moins flamboyante, mais il aura ouvert la voie à Romain Mesnil ou Renaud Lavillénie...
- Stéphane Diagana: en 1997 à Athènes, il devient le premier champion du monde d'athlétisme masculin français, en étant sacré sur le 400m haies. Vice champion du monde en 99 à Séville, champion d'Europe à Munich en 2002, il remporte aussi le relais 4x400 avec l'équipe de France aux championnats du monde de Paris en 2003. Il restera malheureusement un grand poissard des JO : il décroche une prometteuse 4ème place en 1992, mais déclare forfait à cause de divers pépins physiques en 96, 2000 et 2004. Dommage. A noter qu'il détient toujours le record d'Europe du 400m haies (47 s 37) et ce depuis 1995.
- Bonus : Mehdi Baala et Mahiedi Mekhissi: l'Ultimate Fighting n'étant pas reconnu comme une discipline de l'athlétisme, ils sont hélas hors catégorie.
Et vous, vous en voyez d'autres ?