Il fut un temps où acheter un disque équivalait à une aventure. On prenait le bus (ou le scooter) et on se rendait chez un disquaire (ce qu'une librairie est aux livres pour ceux qui n'en n'ont jamais vu). Là, dans cette caverne d'Ali Baba, on trifouillait pendant des heures pour savoir qui du IV de Led Zeppelin ou de l'Aftermath des Rolling Stones on allait acheter et ainsi claquer en une après-midi l'intégralité de son argent de poche. En ce temps (pas si lointain), le contact avec la musique était d'abord visuel et consistait dans la rencontre avec une pochette avant d'avoir entendu la moindre note : la musique était avant tout une affaire d'oeil. Sans vouloir jouer au vieux con, si l'apparition du MP3 a permis des choses formidables, comme pouvoir tenir sa discothèque dans le creux de sa main, elle a aussi fait disparaître toute la beauté visuelle qui était rattachée à la musique rock (déjà qu'un CD à côté d'un vinyl...). Pour ne pas oublier cette glorieuse époque, où une couverture de disque pouvait exciter l'imaginaire autant qu'un solo de guitare, le top 10 des plus belles pochettes d'album.
- The Stooges - Fun House : le monde est bien fait, le meilleur album de tous les temps a également la meilleure pochette de tous les temps, avec un montage pour le moins volcanique de deux photos de l'iguane.
- The Clash - London Calling : le monde est bien fait, le deuxième meilleur album de tous les temps a également la deuxième meilleure pochette de tous les temps (promis on arrête) avec un plagiat génial du premier Presley et un Paul Simonon massacrant sa basse au Palladium de New-York.
- Joy Division - Unknown Pleasure : illustration de Peter Saville, le graphiste de la Factory, à l'image du groupe froid, distant, génial.
- Big Brothers And The Holding Company - Cheap Thrills : montée comme une BD délirante par le grand Robert Crumb, la pochette du premier album du groupe hippie de San Francisco ne fait apparaître le nom de la chanteuse qu'en petit à droite : une certaine Janis Joplin.
- King Crimson - In The Court Of The Crimson King : selon la légende, la pochette de premier album n'indiquait... rien, ni nom de groupe, ni nom de disque. La peinture hallucinée de Barry Godber n'en est que plus saisissante.
- Patti Smith - Horses : Patti Smith et son physique androgyne posent sous l'oeil de Robert Mapplethorpe, dans ce qui constitue probablement le plus beau portrait du rock.
- David Bowie - Diamond Dogs : comme citer son Rock Dreams aurait été ici hors sujet, rendons tout de même hommage à Guy Pellaert avec cette créature mi-chien, mi-Bowie, qui perdit ses parties génitales du fait de la censure dans les rééditions de l'album.
- The Rolling Stones - Sticky Fingers : zoom warholien sur un entrejambe moulé dans un jean trop serré, la pochette de Sticky Fingers disposait dans sa première édition d'une véritable fermeture éclair et faisait apparaitre pour la première fois la langue et les lèvres stoniennes.
- Jimi Hendrix - Electric Ladyland : bon évidemment si on n'aime pas les seins. Moi, j'aime bien.
- The Beatles - Sgt Pepper Lonely Heart Club Band : les Beatles en uniforme de couleur vive au milieu d'une foule de célébrités diverses : Dylan, Marilyn, Brando, Marx...Le psychédélisme à son zénith.
Et vous, quelles sont vos pochettes rock préférées ?