C'est dimanche, c'est une petite playlist. Parfois un bon groupe repose sur un bon chanteur. Et parfois, un bon groupe, c'est vraiment un bon groupe. Pour en être sûr, rien ne vaut le test de l'instrumental, celui qui doit décider si une formation est capable d'être créative sans un refrain accrocheur, sans que le "frontman" ne monopolise l'attention et sans micro. Petit florilège de ces chansons qui prouvent que les mots sont parfois de trop.
Pour les heureux possesseurs d'un compte Spotify, press play :
- Metallica - The Call of Ktulu
2ème instrumental de Metallica, The Call of Ktulu est assez prétentieux pour prouver dès "Ride The Lightning" que Metallica sera un groupe dont l'aura dépassera le métal : 9 minutes épiques inspirées par Lovecraft avec une succession de mouvements qui en fait l'anti-tube par excellence. The Call of Ktulu est tout sauf un compromis.
- Pink Floyd - Marooned
Là encore, pas de compromis et Pink Floyd justifie son statut de "groupe de rock progressif" avec un instrumental qui montre qu'en 1994, c'est bien David Gilmour le patron.
- Jimi Hendrix - Villanova Junction
Woodstock, 1969, Jimi Hendrix tient encore la scène face à une poignée de courageux encore capables de lutter contre le sommeil et semble improviser un petit blues mineur, fait quelques signes à ses musiciens, et claque l'air de rien l'une des parties de guitare les plus magistrales de l'Histoire. C'est l'apanage des grands joueurs : être présents lors des grands rendez-vous.
- Red Hot Chili Peppers - Pretty Little Dity
Ceux qui ont eu la chance de voir les Red Hot en concert le savent, les musiciens ont parfois tendance à remplir les blancs entre les chansons pour des improvisations qui peuvent durer un peu si la sauce prend. Pretty Little Ditty, c'est une sauce qui a tellement bien pris qu'elle s'est retrouvée sur l'album Mother's Milk.
- The Beach Boys - Let's Go Away for Awhile
Sur "Pet Sounds", le chef d'œuvre de Brian Wilson, plus obsédé que jamais par les harmonies de voix, compte un instrumental qu'on rêverait d'entendre dans un ascenseur ou dans un supermarché. Parce que les plus grands génies sont rongés par les paradoxes.
- Black Sabbath - Fluff
Un album baptisé "Sabbath Bloody Sabbath", une pochette destinée à effrayer les parents et au milieu de tout ça, un instrumental qui ressemble à une (très longue) intro de REM. Comme quoi, on pouvait manger des chauve-souris et avoir un petit coeur qui bat.
- The Smiths - Oscillate Wildly
C'est fou, même sur un instrumental, on entend que Morrissey est bien coiffé !
- Radiohead - Meeting in the Aisle
La voilà la meilleure période de Radiohead : quand le groupe devait sortir ses singles en deux éditions pour écouler toutes les merveilles qui étaient disponibles en face B. Polyethylène, Pearly, Palo Alto ou ce Meeting in the Aisle qui servait un temps au groupe à entrer sur scène.
- Van Halen - Eruption
C'est l'apanage des plus grands : quand Van Halen fait le con pour tester sa nouvelle guitare en studio, y'a toujours un petit malin pour enregistrer ça et pour mettre ça sur un disque. "Comment j'ai composé 'Eruption' ? Ben... j'ai pris un café bien serré, un Fisherman's Friend et j'ai pris ma guitare..."
- The Beatles - Flying
Les Beatles n'ont pas fait beaucoup d'instrumentaux, mais quand ils en font un pour Magical Mystery Tour, ils le signent tous (oui, même Ringo).
Mais aussi Frank Black, The Breeders, Fugazi, Teenage Fanclub, Ghinzu, Cake... bref, tous les meilleurs.