Y’en a marre de ces nuits de douze heures passées à rêver de naïades nues sur des sons hawaïens, un mojito dans une main, une cigarette non-cancéreuse dans l’autre. Y’en a ras-le-bol de ces soirées torrides qui se concluent du sommeil du juste enlacés, amoureux, rêvant d’aventures communes bien plus grandes que ce que pourrait offrir la vie. Voilà, merde, rien ne vaut une bonne nuit de réveils incessants à heures fixes en se tordant de douleur, le teint jaune, l’haleine tiède. Vous en rêvez, nous vous l’offrons.
Le cassoulet
Resservez-vous de saucisse au jus de gras, les enfants. Et les flageolets, n’hésitez pas à vous en faire une pleine plâtrée. Et le confit d’oie, surtout, laissez-le bien confire dans votre ventre. Ensuite, vous aurez tout le loisir de découvrir des heures dont vous ignoriez l’existence, comme 4h06. C’est une bonne heure pour vomir, 4h06.
La choucroute
Pourquoi voyager dans l’espace, la nuit, quand on peut faire un aller-retour pour l’Est de la France par la seule force de ses papilles ? Chouchoutez votre chou, chouchoutez-vous, avalez du clou de girofle et des grains de poivre, refaites la bataille de la Marne dans votre intestin grêle et vous aurez une bonne note le jour du bac.
La soupe à l'oignon
Gratine-moi. OH OUI ! Gratine-moi ! OH OUI ! GRATINE-MOI ! ENCORE ! ENCORE ! GRATINE-MOI !
La raclette
Gardez-vous une part de côté pour la manger juste avant de dormir, sur le coup de 23h16. Ensuite, assommé par la quantité de fromage et de charcuterie ingurgitée, effondrez-vous sans vous laver les dents. Comptez jusqu’à 1000. Ça y’est ! L’insomnie commence ! L’occasion de se refaire un petit Zola en recréant l’ambiance de misère sociale dans son colon et d’épuisement dans ses neurones.
La tartiflette
100 patates, vous ne les aurez jamais, même pas en rêve. Ne vous emmerdez pas à jouer au loto, ne vous emmerdez pas à bosser comme des chiens. MANGEZ-LES. Mangez-les avec du lard. MANGEZ-LES. Et perdez dans la nuit toute force de travail et toute envie de vivre.
La bouillabaisse
Gavez-vous de soupe de poisson. Enivrez-vous des odeurs marines. Faites-du bruit en avalant vos gorgées pour laisser passer le maximum d’air. Allongez-vous sur le ventre et hurlez « aérophagie » d’un ton aérien. Laissez-vous aller, de toute façon, vous êtes foutus. Allez, laisse-toi aller, petit père.
Une pizza aux fruits de mer
Personne ne commande jamais de pizza aux fruits de mer, à part pour se prouver quelque chose. Peut-être pour se prouver qu’il est capable de vivre sans sommeil. Peut-être pour se prouver que l’esprit est plus fort que la matière. Peut-être pour se prouver que toutes les pizzas sont bonnes. Vous avez toute la nuit pour y réfléchir.
Les tacos pimentés
Le plus important est de rajouter le maximum de chile sur la viande, sans quoi l’effet ne sera pas complet. Idéal pour se préparer au rôle du méchant dans Roger Rabbit et à sa fusion finale.
Des sushis
Poisson + cru = bonheur. Un peu de riz pour tapisser le tout, et c’est l’authentique constidiarrhée qui nous enveloppe de ses bras merveilleux. Une constipation qui ne pourra se résoudre autrement qu’en diarrhée. Réinventons nos codes. Réinventons le Japon.
Une paëlla
Riz safrané, encre de seiche, moules, moules, moules, chorizo, mélangeons-les, hurlons notre joie de vivre dans une société multiculturelle, terre-mer, accueillons les borborygmes à bras ouverts, soyons-nous, soyons vrais. Tous les oreillers du monde ne suffiront pas à éponger nos larmes.
J’ai mangé du boulgour. Avec du lard confit et du saindoux. Je suis HEUREUX.