En France, ce n’est qu’à partir de 1937 que la dénomination « asile psychiatrique » a fait place à celle d’hôpital psychiatrique. Pour autant, jusqu’au milieu des années 1960, dans une ignorance relative de la maladie mentale, on a continué à pratiquer dans les asiles des politiques absolument abominables, via des pratiques d’un autre âge et dans une indifférence générale. Aujourd’hui encore, de nombreux rapports épinglent les pratiques barbares de certaines institutions, mais celles-ci sont souvent le fruit de manques de moyens. Et, surtout, on a arrêté de faire frôler la mort aux patients pour les réveiller.

La saignée

Vous êtes agité, vous avez l’air dingue ? Pas d’inquiétude, la théorie des humeurs est là pour bien vous calmer. Allez une petite saignée rapidou, v’là que je te prélève plein de sang jusqu’à que tu ne te sentes pas hyper bien, puis une petite balnéothérapie dans un bain à 55 degrés pour faire passer tout ça. Sympa pour aller mieux.

L'expérience de mort imminente

Une autre technique utilisée jusqu’au début du XX° consistait, par la médication ou l’intervention chirurgicale, à faire approcher le plus possible le patient de la mort histoire ensuite de provoquer un état de choc à même de calmer ses humeurs délirantes. Génial. Je me sentais mal et vivant, et maintenant je me sens mal et presque mort. Tu me diras, ça m’a bien calmé.

Les électrochocs (sans anesthésie)

Aujourd’hui encore, certains praticiens ont recours aux ETC (le nouveau nom donné aux électrochocs). Mais jusque dans les années 1960, les électrochocs étaient utilisés systématiquement depuis leur invention en 1930, sans le consentement du patient et d’ailleurs sans anesthésie, même locale. Le traitement était pour ainsi dire expérimental et avait pour objectif (c’est toujours le cas aujourd’hui) de provoquer une crise d’épilepsie chez le patient afin qu’il libère des endorphines. Sans anesthésie. Donc. Cool.

La compression des ovaires

On doit à Charcot cette idée géniale : une ceinture avec des tiges en acier de 4 cm censées pénétrer la peau au niveau des trompes de Fallope afin d’empêcher la génération d’hormones et ainsi soigner les nymphomanes. Le tout combiné avec des bains d’eau gelée et puis de la flagellation en mode expiation. SYMPA.

La stérilisation contrainte

Jusque dans les années 1980 en Suisse ou encore 1970 en Suède, la mesure existait encore : les personnes atteintes de maladies mentales et internées étaient stérilisées d’office dans la stricte application des préceptes eugénistes les plus dégueulasses. Souvent, les patients n’étaient pas même informés de l’intervention qu’ils subissaient. Un principe très répandu, notamment en Amérique du Sud.

De la malnutrition

C’est comme ça que Camille Claudel est morte, par exemple. Pendant l’occupation, notamment, les hôpitaux psychiatriques n’étaient juste pas ravitaillés. Les aliénés se trouvaient donc dans l’incapacité de manger et personne n’en parlait. Par ailleurs, la privation de nourriture, même temporaire, était monnaie courante dans les anciens hôpitaux psychiatriques quand un malade ne se comportait pas conformément à ce qu’on lui demandait.

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Il n'a pas souffert, promis

La lobotomie

Mise au point en 1935 et ayant valu à son concepteur un Prix Nobel, la lobotomie a été massivement utilisée dans les années 1950 et 1960 comme seul recours de psychiatrie organique aux maladies mentales. Dans les années 1950, on utilisait un pic à glace pour pratiquer des lobotomies à la chaîne (plus de 100.000 entre 1950 et 1954) avec ou sans anesthésie locale. Il faudra attendre l’invention des premiers antidépresseurs pour voir la pratique décliner. Autant dire que les patients n’étaient pas toujours consultés avant d’être opérés.

La cure de Sakel

Inventée par un médecin du début du XX°, la cure du Sakel consistait à provoquer chez les patients des comas insuliniques puis une réinjection de sucre progressive soi disant pour traiter la schizophrénie. Il s’agissait d’un protocole bidon, utilisé sans jamais avoir produit de résultat et qui provoquait chez les patients des complications graves.

La camisole de force, puis la camisole de choc

En 1952, la camisole chimique est inventée. Avant cela, les patients étaient contraints par une camisole de force qui réduisait drastiquement leur champ d’action. Par la sédation systématique et la création de la chlorpromazine, l’usage de la camisole réelle sera relégué à un second plan sans pour autant totalement disparaître avant les années 1970.

L'isolement comme fin en soi

Dès le XVIII°, Esquirol établit l’idée que l’isolement est absolument nécessaire à la guérison pour les aliénés. L’idée est qu’il faut éloigner le patient des influences externes pour vaincre ses résistances personnelles et l’obliger à observer d’autres comportements moraux, éviter surtout qu’il ne soit agité au contact des stimuli externes. Il n’était pas rare qu’on laisse des patients très atteints à l’isolement pendant des mois, voire des années.

Bien content d’être sain d’esprit, moi.

Sources : Les asiles psychiatriques en France, CCDH, Wikipédia