Une course automobile, c’est avant tout une affaire de technique, d’expérience et de matériel. Mais c’est aussi une affaire de mental, et le pilote, à quelques secondes du départ de son bolide dans d’éprouvantes joutes sur circuit, peut flancher si un élément, si minime soit-il, vient le perturber. Parce qu’une course automobile, c’est aussi une affaire de coéquipier, et certaines phrases malheureuses prononcées avant le départ peuvent ruiner des mois de travail et de préparation. Florilège.
- « Normalement, ça tient »
Un pilote, au moment de prendre le départ, c’est quelqu’un qui a besoin de certitudes. Si certaines pièces de la voiture ont été rafistolées avec de la ficelle et du chatterton, il est probable que votre pilote soit un peu sur la réserve. - « Euh... quand t’auras fini, il faudra que je te parle, à propos de ta femme... »
Avouer cette petite aventure un soir où vous aviez perdu la raison, juste avant une course exigeant 100% de concentration, ce n’est pas judicieux. Attendez donc l’arrivée et faites lui la surprise dans l’euphorie de la victoire. - « Je voulais que tu saches... T’es mon pote, je t’ai toujours aimé comme un frère »
Les grandes déclarations, les choses qu’on a peur de ne pas avoir dites faute de temps... Tout cela sent le sapin. Gardez ces épanchements pour l’arrivée d’une comète meurtrière sur Terre ou pour un accident nucléaire majeur. On parle d’une course automobile, là. - « Je sais jamais... le côté gauche, c’est celui où il y a la montre, c’est ça ? »
Certains n’y arrivent vraiment pas, depuis leur plus tendre enfance, la gauche, la droite, c’est pas clair. Ces personnes ont parfois des grandes carrières malgré ce petit handicap. Mais pas comme co-pilote. - « Il est bien passé le chili con carne pour toi ? Parce que moi, c’est un feu d’artifice ! »
Difficile d’être complètement dans sa course quand on se sait sous la menace d’un léger désagrément intestinal. Dire à un type qui va rester plusieurs heures dans un siège baquet à transpirer dans une combinaison super longue à enlever qu’il est à la merci de ses boyaux, c’est pas sport. - « Tu jetteras un oeil à la petite brune au 3ème rang à l’entrée du deuxième virage. Une jupe comme ça, ça devrait être interdit »
S’il y a un accident grave dans cette portion de la course, vous pourrez faire valoir votre argumentaire : une jupe comme ça, ça devrait être interdit, au moins sur les circuits. - « Les freins, c’est nouveau, c’est chinois, une super affaire ! »
Parce qu’ils se gavent bien les Allemands avec leurs « qualité, sécurité »... c’est quand même pas bien sorcier à fabriquer des freins. C’est comme cette boîte de vitesse achetée sur eBay, bien malin celui qui saura vous dire qu’elle a coûté moins cher qu’un plein d’essence. - « J’ai un peu tuné la bagnole, j’ai mis des jantes 20 pouces et un caisson de basse derrière. Tu vas adorer. »
Non, votre pilote ne va pas « adorer », car tuning et compétition font rarement bon ménage. Oui, même ce volant en moumoute, ça ne devrait pas lui plaire. - « Tu feras gaffe, je crois bien que j’ai vu un furet rentrer dans la bagnole »
Ou une mygale, un crotale ou un nid de frelons. Le pilote n’est pas l’ami des bêtes, surtout quand il conduit. Et il n’est pas non plus l’ami de partenaires aussi négligents que vous. - « La météo est devenue complètement dinguo, impossible de se fier aux prévisions, fais pour le mieux »
Parce que votre pilote, quand il a mis ses pneus slick, il avait un peu confiance dans les prévisions. Si une ondée s’invite sur la course, vos états d’âme sur « le temps qui est complètement détraqué » ne lui seront d’aucun secours à 300 km/h en virage.
Et vous, vous en voyez d’autres ?