Attendez, chut, chut, écoutez… J’entends des petits bidous qui gargouillent ! Bah alors, on a une grosse faim ? C’est bien normal, le mot « dessert » donne des envies de courir dans l’une des meilleures pâtisseries de Paris pour se faire couler dans le gosier tous les trucs sucrés en vitrine. Mais pendant que vous dégustez tranquillement ces petits trésors, laissez-moi vous conter l’origine de leurs doux noms. Si après ça, vous passez pas votre CAP Pâtisserie haut la main, j’y comprends rien.
Les macarons
S’il existait déjà au Moyen-Orient, le macaron n’est apparu en Europe qu’au Moyen-Âge en débarquant en Italie (en criant « Ma quééé » selon la légende). À l’époque, il s’appelle « maccherone » ou « macaroni ». C’est ensuite Catherine de Médicis qui, à la Renaissance, l’introduit en France lorsqu’elle rejoint l’hexagone. Le macaron se fait ensuite appelé « macheries », qui signifie « gâteau rond » en ancien français. Et de fil en aiguilles, il finit par prendre le nom de macaron, ce qui est quand même plus pratique pour qu’on sache si on parle des pâtes ou du gâteau.
Le clafoutis
Pour ce qui est du clafoutis, il y a deux écoles (pas littéralement, ça serait fou d’avoir deux écoles juste spécialisées dans le clafoutis). Selon certains spécialistes, le nom viendrait de l’occitan « clafir » qui veut dire « garniture » ou « remplissage ». Mais selon d’autres, cela viendrait plutôt du latin « clavum fingere » qui signifie « planter un clou ». Parce que les petites cerises ont l’air toutes plantées, vous captez ?
Les madeleines
L’origine de la madeleine remonte très vraisemblablement à 1755. En ce temps-là, le roi de Pologne Stanislas Leszczynski fait une petite teuf au château de Commercy mais pas de bol, il n’y a pas de dessert à cause d’une dispute en cuisine. Une chance pour notre cher Stanislas, une jeune servante, Madeleine Paulmier propose de faire la recette de gâteaux de sa grand-mère et bingo. Le roi, un peu trop fan du dessert, décide de lui donner le nom de Madeleine de Commercy. Évidemment, d’autres sources évoquent une origine différente, mais comme cette histoire est vraiment chou, on va dire que c’est la version officielle.
Le far breton
À la base, ce gâteau breton bien moins gras que le kouign-aman s’appelait « farz forn », soit littéralement « far au four en breton ». Constitué de farine de sarrasin, ce gâteau s’est appelé « far » car ce mot signifiait « épeautre » en latin et par descendance « froment », qui est donc l’ingrédient principal du far breton. Ils ont du far breton, vive les Bretons.
Le baba au rhum
L’origine principale de ce gâteau est le mot « baba » qui signifie « grand-mère » en polonais, pays d’où vient le baba au rhum. L’ajout du rhum s’est ensuite fait au 18e siècle par l’action du roi Stanislas de Pologne (encore lui, le pti glouton) qui, trouvant son gâteau un peu sec, l’a arrosé de vin. Les pâtissiers ont ensuite repris cette idée et utilisé d’autres alcools comme le rhum. Bien envie de voir ce que ça donnerait avec de la menthe pastille moi.
Le quatre-quart
Ce gâteau des plus faciles a aussi un nom très easy peasy. On parle simplement de quatre-quarts parce qu’on a besoin d’œufs, de farine, de beurre et de sucre en quantités égales pour le réaliser. Après tout, pourquoi faire compliqué ?
La religieuse
Cette délicieuse pâtisserie (au chocolat, je veux rien entendre) a été créée en 1855 dans le café parisien « Chez Frascati », sur le boulevard Montmartre. Et comme preuve que les idées les plus simples sont souvent les meilleures, le créateur a décidé de donner à son gâteau un nom inspiré de la forme qu’il avait : celui des tenues des nones. Malinx.
Le mille-feuille
Y a des gens qui cherchent vraiment pas midi à quatorze heure, ni à quinze heure. Et les créateurs du mille-feuille en font partie parce qu’ils ont juste rebaptisé leur création en fonction de ce qu’ils voyaient à la cuisson, aka mille feuilles. Trop futé kwa.
Le Saint-Honoré
Attention prank, Honoré n’est pas le mec à l’origine de ce dessert. Ce dernier a en effet été créé par Auguste Julien, employé des boulangeries-pâtisseries Chiboust, au 19e siècle. Et le gars, en mec sympa et reconnaissant, a décidé de nommer sa création en hommage l’évêque d’Amiens, Saint-Honoré, devenu le saint patron des boulangers. Bon, faut dire aussi que la boulangerie où bossait Auguste Julien était située rue Saint-Honoré à Paris, forcément ça aide un peu.
Les profiteroles
Les profiteroles qui font partie des desserts préférés des Français remontent à bien longtemps avant les dinosaures. Et non, je vous mène en bateau, en fait elles datent du 16e siècle, à l’époque où les domestiques étaient souvent récompensés par des « petits profits ». Ces derniers n’étaient rien d’autre que des petites boulettes de pain cuites sous la cendre que l’on garnissait avec des légumes ou de la viande pour accompagner un potage. Quand la profiterole sucrée (en mode chou) que l’on connait fut inventée au 19e siècle par Antoine Carême, cela n’a pas trop trop été difficile de lui trouver une petite appellation.
Le Paris-Brest
Le Paris-Brest va vous sembler bien moins exotique après avoir lu mon explication. Le nom de cette pâtisserie fait tout simplement référence à la course cycliste Paris-Brest, car la forme de ce gâteau ressemble beaucoup (ou pas) à celle d’un vélo. Un rond avec un trou quoi.
Le concorde
Dans les années 70, le pâtissier Gaston Lenôtre, chef de la restauration des lignes Air France, invente une pâtisserie avec des couches de meringues et une mousse chocolatée. Pour faire honneur au nouvel avion français en service de sa boîte, il décide de baptiser sa pâtisserie Le concorde. Non mais ça va les gros lèche-culs là, on vous dérange pas ???
La tarte tatin
Alors je sais, vous allez me dire que la tarte tatin a été inventée par hasard par les sœurs Tatin lorsqu’elles ont fait cuire leur tarte à l’envers après avoir oublié de mettre pâte. J’aurais aimé éviter de vous décevoir, mais je suis obligée de le faire : cette histoire est totalement bidon et a été inventée par le critique culinaire Maurice-Edmond Sailland. En vérité, cette tarte était une spécialité de la Sologne, dans le Loir-et-Cher et les sœurs Tatin ont simplement contribué à la populariser. Pas de quoi en faire tout un plat (à tarte mdr).
Les pets-de-nonne
Ce petit beignet doit vraisemblablement son nom à un vrai pet, celui d’une religieuse de l’Abbaye de Marmoutier nommée Agnès qui, en pétant pendant la préparation d’un repas, aurait fait tomber une cuillère de pâte à chou dans de la graisse chaude. Évidemment, j’ai très envie de croire à cette histoire, mais je me dois aussi de vous informer que ce dessert pourrait avoir une autre origine (sous le nom de paix-de-nonne) : la légende raconte qu’une religieuse aurait trouvé la paix en offrant la recette de ce dessert à un couvent voisin et ennemi. Et vous, vous êtes plutôt pet ou bagarre ?
Les financiers
À la fin du 19e siècle, le pâtissier suisse Lasne relance la mode des financiers (ou plutôt des Visitandines, comme on l’appelait à l’époque en raison des sœurs du couvent des Visitandines ayant créé ce dessert). Sa boutique se situant à côté de la bourse de Paris, Lasne est très vite débordé par les financiers qui se jettent sur ses gâteaux comme les gens de droite sur l’évasion fiscale. Un beau coup marketing qui ne s’arrête pas là puisque Lasne a vite changé la forme traditionnelle ovale de ce dessert pour des rectangles rappelant des lingots d’or, donnant naissance aux financiers.
L'opéra
Deux légendes s’affrontent depuis la nuit des temps au sujet de l’origine de l’opéra. La première laisse entendre que ce serait Andrée Gavillon, épouse d’un pâtissier, qui aurait donné ce nom à ce gâteau en hommage aux danseurs qui venaient dans la boutique. L’autre légende raconte que ce dessert portait ce nom à cause de sa ressemblance avec la scène de l’opéra Garnier. Un peu du mal à voir comment un peu de farine mélangée à du chocolat ressemble à une scène de danse, mais je vous fais confiance après tout.
Le pêche melba
Fin 19e, le pâtissier Auguste Escoffier tombe in love des cordes vocales de la cantatrice Nellie Melba. Alors hop, ni une ni deux, il prépare un dessert de fifou en son honneur et lui donne son nom. Boriiiing, achète-lui des fleurs plutôt mon gars, c’est comme ça qu’on choppe des nénéttes en fait.
L'éclair
Antoine Carême (encore lui, stoooop, le mec est trop parfait en fait) est aussi à l’origine de cette pâtisserie. Enfin, disons qu’il l’a un peu remixée, car avant, elle était roulée dans des amandes et appelée « pain à la duchesse », ce qui était sympa aussi. Si ce dessert porte un tel nom, c’est tout simplement parce qu’il est tellement bon qu’il se mange en un éclair (et que son glaçage brille comme un éclair par la même occasion). Eh oui, c’était pas plus con que ça.
Les truffes au chocolat
On doit ce petit bonheur de Noël au grand Dufour de Chambéry qui venait de Dunkerque (enfin je sais pas, je le connais pas). N’ayant plus de bonbons au chocolat, ce confiseur a décidé de rouler dans du cacao des petites boules de chocolat et de crème vanillée. Et franchement, il a bien fait. Au départ nommées crottes en chocolat, ce qui ne fait quand même pas trop envie, les truffes ont vite été renommées par leur nom actuel en raison de leur ressemblance avec le champignon.
Les bugnes
N’y voyez aucun, mais aucun, rapport avec les burnes. Ces beignets doivent leur nom à la traduction du mot arpitan régional « bunyi » qui signifie « beignet ». Me dites pas que ça vous en touche une bugne sans faire bouger l’autre hihi (promis, j’arrête).
« La vie est courte, commençons par le dessert » comme me disait le technicien qui réparait ma wifi la semaine dernière.
Sources : Le Figaro, Le Journal des Femmes.