Se taper une bonne grosse queue, c’est vraiment un tracas du quotidien. Mais le pire du pire, c’est de faire la queue quand on sait pertinemment que cette queue ne mène à rien, et ne sert à rien d’autre que d’illustrer l’absurdité de ton existence vaine. Nous sommes condamnés à former un perpétuel centipède humain.
Pour un concert alors que tu as tes billets
Une file d’attente blindée de gens munis de leurs billets qui attendent patiemment de le scanner ? C’est quoi le projet ? Pourquoi on rentre pas direct ? Pourquoi c’est si long ? Pourquoi on va voir des concerts ? Pourquoi on vit ?
Pour descendre du train
Pourquoi ? Quel sens donner à cet amoncellement d’humains fatigués par le voyage et prêts à tout pour descendre ? Si tout le monde veut descendre, pourquoi c’est si long ? Où est-ce que ça bloque ? Qui ? Quoi ? Comment ? Quand ? Queue ?
…de l’avion
Plus fort encore que le train, la queue pour descendre de l’avion est une simple atteinte à l’intégrité physique des passagers. Déjà qu’on attend huit ans que le putain d’avion ne s’arrête définitivement, il faut en plus poireauter comme un con dans l’allée centrale à côté des mioches qui chialent et du type devant toi qui a passé tout le vol en position allongée. Salaud.
Pour sortir de l’aéroport
Ça y est tu es sorti de l’avion, tu penses être tiré/e d’affaire mais non, le long chemin semé d’embûches ne fait que commencer. Entre les douanes, tes bagages à récupérer, les passeports, les trucs les machins. C’est plus la queue que tu fais, c’est une méta-queue.
Pour un marathon
Trop absurde ces gens qui font la queue en courant les uns derrière les autres, hey les gars vous êtes juste trop des bouffons moi j’vous le dis.
Pour rentrer dans un bar où la pinte est à 15 €
Avis aux Parisiens, on sait de quoi on parle. Entre les bars moisis qui longent les grands boulevards et les bars branchés (mais tout aussi moisis) comme le Rosa Bonheur où il faut faire la queue à l’entrée pour espérer pouvoir faire la queue au bar à l’intérieur pour pouvoir faire la queue pour avoir une place assise pour attendre moins de 45 minutes pour obtenir ton premier verre. Coucou, la mort !
Quand tu dessines un koala
Alors que les koalas ça n’a pas de queue, t’es vraiment demeuré/e.
A l’ouverture du premier Burger King en France
Alors qu’il y avait un Domac juste à côté. C’est franchement con.
Pour essayer une fringue moche dans un magasin de connards alors que tu es à découvert
Voilà un exemple de queue dans laquelle tu te jettes en toute conscience et qui mutile ton estime de toi. Fais-toi du bien, quitte cette zone de l’enfer, tu n’as ni les moyens, ni le physique de porter cette serpillière tricotée par un enfant chinois.
Quand tu attends à la mairie pendant 4h pour faire un passeport
Mais que de toute façon tu vas devoir revenir demain parce que t’as pas toutes les pièces. Tu le sais et pourtant tu fais la queue, s’il y avait une force irrépressible qui t’obligeait à rester sur place, un espoir maudit qui te laisserait croire que tu pourras peut-être passer entre les gouttes. Ne rêve pas, c’est mort.
Pour être placé par l’ouvreuse quand tu vas au théâtre
Laissez-moi tenter de comprendre. J’ai mon billet, j’ai ma place numérotée, j’ai des yeux. Alors pourquoi devrais-je attendre qu’une ouvreuse sous-payée ne me guide à mon siège que j’aurais très bien pu trouver toute seule comme une grande ? Surtout qu’il faut lâcher 2 euros pour ce service totalement débile. Non mais où va le monde ?
Pour récupérer un colis à la poste
On sait très bien que toutes les files d’attente à la poste n’ont aucun départ et aucune fin, ce sont juste des files d’attente fluctuantes de gens qui ne savent pas vraiment pourquoi ils sont là ni depuis quand et qui attendent simplement la mort comme une douce délivrance.
Pour arroser le cercueil d’eau bénite à l’enterrement de ton grand-père
C’est con parce qu’on fait tous la queue comme s’il fallait se dépêcher alors qu’a priori, le gars va pas se casser de là, il devrait même y rester pour un moment.
Tout ça pour dire la vie n’est autre qu’une longue perte de temps entre la naissance et la mort, et les files d’attente ne sont que la pour nous le rappeler. Ces putes.