En cette fête du Travail, il est bon d'évoquer ces métiers oubliés, passés sous le rouleau compresseur du progrès, qui sont aujourd'hui négligés par les conseillers d'orientation des collèges de notre pays. Au lieu de vouloir devenir médecins ou avocats, certains de nos jeunes devraient peut-être se tourner vers ces professions au charme certain qui ne leur permettraient peut-être pas de vivre décemment mais qui leur assureraient un passage au journal de 13h de TF1, ce qui vaut bien une participation à une quelconque télé-réalité. Mettre sur son CV un passage chez Pernaut, ça vaut des sacrifices, comme par exemple devenir sabotier. Ou autre chose :
- Bourrelier
Ces artisans spécialisés dans la peau tannée se faisaient appeler les « marquis de la croupière ». Le bourrelier était avant tout un bricoleur de génie, capable de tirer un max de trucs utiles d'une peau de bique, d'âne ou de boeuf, que ce soit une bâche, un harnais ou un tablier. Certains faisaient aussi dans le matelas, parce qu'il n'y a pas de petit profit. Le MacGyver de la peau de bête. - Rémouleur
On en compterait encore quelques-uns à Paris de ces rémouleurs qui savent comme personne aiguiser à la meule vos outils tranchants (sabres, poignards) quand ils sont émoussés et leur donner une seconde vie. S'il n'y a plus de règlement de compte à l'épée entre bandes rivales dans certains quartiers de Marseille et qu'on fait désormais ce genre de choses à la Kalashnikov, c'est parce qu'on ne trouve plus de bons rémouleurs dans la Cité Phocéenne. Et c'est bien dommage. - Tonnelier
A une certaine époque, le top de la technologie consistait à fabriquer des barriques parfaitement hermétiques avec des lattes de bois et un cerclage de ferraille. Grâce au savoir-faire de ces artisans, on pouvait stocker de quoi picoler toute une saison et remplir sa cave de tonneaux de plusieurs centaines de litres. On inventera l'électricité et la pénicilline plus tard, l'essentiel est déjà là. - Lavandière
Avant qu'on encombre nos appartements de volumineux lave-linges, on filait nos slibards à une professionnelle qui galopait jusqu'au lavoir avec son panier de linge pour évacuer la crasse à coups de battoir et parfumer tout ça à la lavande. Aujourd'hui, on a des machines avec toutes sortes de programmes, le séchage intégré et le dispositif anti-tartre, mais nos slips ne sentent plus la lavande depuis la disparition en 1989 de la Mère Denis, l'une des dernières authentiques lavandières.
[/ziofix-credit] - Gnomoniste
Supposons que vous ayez besoin d'installer un cadran solaire dans votre jardin. Tout naturellement, vous allez appeler un cadranier. Sauf que le mec, en arrivant, vous demandera le rapport du Gnomoniste. "Attendez, mais moi j'y connais rien en trigonométrie, moi je fabrique des cadrans solaires, si on ne me dit pas où le mettre, je ne peux pas bosser." Oui, car le cadranier est con comme une brique, et l'expression "chacun voit midi à sa porte" vient justement de ces cadrans solaires réalisés sans gnomoniste qui n'indiquaient pas tous la même heure. - Garde-Marteau
Le marteau est l'outil qui sert, entre autre, à marquer les arbres à abattre pour en tirer du bois de construction. Et comme au XVIème siècle, les gens commencent à se servir un peu trop grassement dans les forêts du coin, on désigne des "maîtres des forêts" mais on leur file un nom moins classe : ce sera "Garde-Marteau". Le Garde-Marteau a droit de vie ou de mort sur tous les arbres qu'il croise et devient le régulateur des domaines forestiers de la région. - Charron
Le Charron est LE spécialiste de tout ce qui est en bois, qui tourne ou qui roule. Une roue de brouette qui grince, une ridelle de charrette pétée, il faut appeler le charron du coin, qui vous expliquera que la pièce n'est plus disponible et que vous auriez plus vite fait de tout changer, de toute façon vous avez une bonne assurance, et il ne prend pas les chèques. Enfoiré de charron. - Regrettier
Non, le recyclage n'est pas une idée nouvelle, et nul besoin de dépenser du fric sur des poubelles jaunes ou blanches, il suffit d'avoir des gens très riches et d'autres très pauvres : Avec d'un côté des bonnes victuailles et de l'autre des miséreux, vous verrez apparaître un nouveau boulot, regrettier (ou regrattier), qui consistera à revendre les restes des repas fastueux des plus riches aux clodos du quartier, comme ce fut le cas au Moyen Age. La "théorie du ruissèlement" chère aux économistes libéraux était à l’œuvre. - Tambour de Ville
-"Messieurs, les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication sont l'avenir : il est désormais possible d'équiper les crieurs publics d'un système portable, un tambour, pour interpeler davantage de badauds dans un bourg les jours de marché. C'est une révolution!"
-"Mais c'est une nouvelle ère qui commence!"
-"Ne devrait-on pas réguler cette technologie? Et s'il y a des tambours pédophiles ou terroristes?"
-"Et si quelqu'un pirate le tambour d'un autre crieur?" - Lardonnier
Oui, il y a eu dans l'Histoire des mecs dont le boulot était de découper des lardons. Comment devient-on lardonnier? C'est une grande question. Certainement une grande passion pour la charcuterie, une habileté particulière pour la découpe de précision et ensuite, le cursus classique, CAP boucher avec option "lardon", que l'on peut suivre en cours du soir, ou la validation d'une équivalence quand on a passé un Bac Pro "Bacon" en Angleterre.
Mais aussi boisselier, scieur de long, tailleur de limes... Et vous, vous vouliez faire quoi quand vous étiez petit?
Source : geneal.busiau, wikipedia