Évidemment, l’iconographie et les récits de guerre sont plutôt accordés au masculin. Mais c’est une vision assez réduite de la réalité, car de nombreuses guerrières émérites ont émaillé l’histoire. En Europe, bien sûr, la tradition a limité la présence et l’influence de ces figures féminines, mais ce n’est pas le cas partout dans le monde, et notamment en Afrique, où de nombreuses révoltes anti-coloniales ont été menées par des femmes. Et puis, même en Europe, il n’y a pas que Jeanne d’Arc. La preuve.

Jeanne Hachette

Jeanne Hachette, née Jeanne Laisné, a eu un rôle très important dans la défense de Beauvais face aux armées du Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, au XVe siècle. Alors que celui-ci avait décidé d’envahir le Nord du royaume de France, il se trouvait face à une résistance importante des Bretons aidés par Louis XI. Le 27 juin 1472, Charles le Téméraire établit un siège devant Beauvais après avoir massacré la population de Nesle. Mais c’est sans compter sur la résistance des habitants, piégés dans une ville sans garnison. De simples sujets se retrouvent à combattre des armées de métier, hommes et femmes confondus. C’est là qu’émerge la figure de Jeanne Hachette, jeune Beauvaisienne, qui repousse avec sa hache les échelles bourguignonnes contre les remparts de la ville. Elle est aussitôt imitée par ses comparses et, bientôt, toutes les femmes de la ville se mettent en lutte. 80.000 assaillants sont repoussés.

Jeanne Hachette est dès lors devenue une héroïne locale et le symbole du courage de chacun face à l’envahisseur.

Crédits photo (Domaine Public) : Jastrow

Boadicée

Au tout début de notre ère, la reine Boadicée était l’épouse du roi Prasutagos. Celui-ci, pour se mettre dans les petits papiers de Néron, avait légué son royaume, l’Iceni, qui correspond à peu près au Norfolk actuel, à l’Empire romain. Boadicée, protestant contre l’incorporation du royaume à l’Empire, fut battue et ses deux filles violées. Sous le joug romain, la population d’Inceni se retrouva à devoir verser des sommes indécentes.

En représailles contre cette annexion de force, Boadicée prit les armes contre les Romains. Des récits, notamment chez Tacite, affirment qu’elle haranguait les soldats debout sur son char. Elle constitua une armée et s’allia avec des royaumes voisins pour affronter deux légions romaines. Décimée, l’armée de Boadicée perdit le combat. Quant à la reine, la légende raconte qu’elle avala du poison pour ne pas tomber aux mains de l’ennemi malgré la défaite.

Crédits photo (Domaine Public) : John Opie

Mary Jane Read et Anne Bonny

À la fin du XVIIe siècle, Mary Jane Read se retrouva accoutrée en garçon par sa mère pour toucher des pensions. Sous ce déguisement, elle commença à travailler d’abord comme valet puis dans l’armée britannique. Après diverses infortunes, dont la mort d’un mari, elle fit la connaissance du pirate Jack Rackham et de sa meuf, Anne Bonny. Elle s’enrôle auprès de Rackham dans la piraterie et livre des combats navals impressionnants contre la marine britannique. Avec ses alliés, ils capturent des navires de guerre anglais et renforcent leur flotte. Mary Jane Read rencontre le père de son futur enfant, Matthews, un charpentier fait prisonnier pendant la bataille. Read assassinera elle-même le capitaine Hudson, commandant du Royal Queen qui livre bataille contre la flotte des pirates.

Finalement capturés en 1720 par les troupes du capitaine Barnet, Rackham, Read et Bonny évitent la pendaison en faisant valoir leur grossesse. Read meurt quelques semaines plus tard d’une fausse couche en prison. La légende raconte qu’elle exhibait ses parties génitales aux hommes qu’elle avait vaincus avant de les achever pour leur signifier qu’une femme pouvait se battre comme un homme.

Crédits photo (Domaine Public) : Alexandre Debelle

Ching Shih

Pirate cantonaise ayant vécu au carrefour du XIXe siècle, Ching Shih est rentrée en piraterie en se mariant avec le pirate Cheng I en 1801 alors qu’il combat avec les rebelles vietnamiens. Ils adoptent un gossse. Cheng I meurt dans une tempête en 1807 et, en louvoyant à mort, Ching Shih parvient à prendre la tête de la flotte pirate avant de se marier avec son fils adoptif histoire de bien établir sa lignée. Sur les navires de Ching Shih, la discipline fait rage : quiconque tape dans le butin ou viole des prisonnières est condamné à mort, quiconque déserte et est repris se fait couper l’oreille. Sous le commandement de Ching Shih, la flotte pirate pille des navires et met des villages à sac. Une série de batailles l’oppose aux troupes chinoises en 1808, mais les pirates en sortent vainqueurs. Mais le pouvoir de Ching Shih est mis en péril par les attaques d’un autre pirate, O-po-tae, qui met sa flotte en retrait et, craignant une attaque en retour, obtient une amnistie du gouvernement pour ses hommes contre l’arrêt de ses activités de piraterie. La flotte chinoise est désormais entièrement tournée vers Ching Shih qui, sentant le vent tourner, obtient une amnistie à son tour en 1810. Elle finira sa vie à Canton en patronne de cercle de jeux et de bordel.

Crédits photo (Domaine Public) : Auteur inconnuUnknown author

Marina Raskova

Suite à l’opération Barbarossa, l’armée soviétique était totalement dépouillée. Ne sachant que faire pour renforcer ses troupes et devant l’obstination des nazis à envahir le territoire russe, Staline demande à une aviatrice, Marina Raskova, de constituer trois régiments de femmes pilotes. Marina Raskova était déjà aviatrice avant la guerre et avait établi un record de vitesse de traversée de l’URSS en avion. Raskova recrute 200 aviatrices d’une toute petite vingtaine d’années, formées dans des aéroclubs et totalement ignorantes des règles de la guerre. Ces trois régiments seront déterminants dans l’endiguement de la progression nazie et nombre de ces aviatrices, dont Marina Raskova, seront décorées de l’ordre suprême de héros de l’URSS.

Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt

Aristocrate belge, Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt se rue en France en 1789 aux premiers jours de la Révolution. Elle fréquente l’Assemblée, où elle est la seule femme, s’habille en Amazone, et participe aux premiers pas de la république française. Mais dans ces temps troublés, elle est rapidement accusée de traîtrise et doit rentrer à Liège en 1790. Elle y est arrêtée, soupçonnée par le pouvoir autrichien de fomenter un coup d’Etat ; sa mauvaise santé lui vaudra d’être relâchée 9 mois plus tard. Elle revient en France et prend des positions ouvertement féministes à l’Assemblée.

Quand la guerre contre les contre-révolutionnaires et les Chouans s’intensifie, en 1792, Anne-Josèphe de Méricourt envisage sérieusement la création d’une phalange d’amazones, sans succès. Mais elle est une artisane de la création d’une garde nationale féminine. Elle participe aussi à l’invasion des Tuileries par le peuple de Paris ; mais, accusée calomnieusement d’avoir lynché un journaliste royaliste, elle est internée et devient un peu dingue. Elle meurt finalement en 1817 après avoir passé les 23 dernières années de sa vie en internement psy.

Crédits photo (Domaine Public) : Peintre non identifié

Yaa Asantewaa

Reine de la tribu Edweso des Ashanti, dans une zone qui correspond aujourd’hui au Ghana, Yaa Asantewaa a notamment levé en 1900 un millier d’hommes pour lutter contre les forces armées britanniques qui souhaitaient les asservir et les réduire en esclavage. Asantewaa livra un siège devant le fort britannique de Kumasi qui ne fut brisé qu’à l’aide d’importants renforts rapatriés d’autres zones occupées. Cette défaite militaire sonna le glas du leadership d’Asantewaa, qui fut exilée aux Seychelles jusqu’à sa mort en 1921.

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Les Amazones du Dahomey

Le royaume du Dahomey pouvait compter, entre le XVIIe et le début du XXe siècle, sur un régiment militaire exclusivement féminin, composé d’Amazones, comme devaient le décrire les Européens plus tard. Sur le territoire de l’actuel Bénin, les Amazones du Dahomey, ou Ahosi, en langue locale, livraient des batailles sanguinaires, procédant à la décapitation des soldats ennemis lors des batailles et ne faisant aucun prisonnier – autant dire qu’elles tuaient tout le monde. Parmi les figures connues des Ahosi, on compte Seh-Dong-Hong-Beh, cheffe de guerre qui dirigea en 1851 une armée de 6000 femmes contre les Egbas, soutenus par les Européens. Les Amazones combattirent aussi contre les Français lors de la première guerre franco-dahoméenne.

Crédits photo (Domaine Public) : Auteur inconnuUnknown author

La reine Nanny

Nanny est une héroïne nationale, en Jamaïque, où elle fut la cheffe de file des marrons au milieu du XVIIIe siècle. Nanny fut enlevée au Ghana, en Afrique de l’Ouest, étant enfant, et fut réduite en esclavage en Jamaïque. S’enfuyant de la plantation où elle était exploitée avec quelques autres esclaves, Nanny forma une communauté de marrons, des esclaves Noirs en fuite qui formaient des communautés pour survivre. C’est de là que Nanny organisa des troupes pour mener diverses révoltes dans la Jamaïque. En 30 ans de combat, elle parvint à libérer 800 esclaves et gagna de nombreuses batailles contre les Britanniques.

Jeanne d'Arc

On ne refait pas toute l’histoire de Jeanne d’Arc, avec les voix, et tout. Mais ce qu’il faut quand même noter, c’est qu’envoyée par le roi à Orléans à la tête d’un simple convoi de ravitaillement en 1429, Jeanne d’Arc s’est alignée du côté des troupes françaises pour réussir à repousser les Anglais qui avaient assiégé la ville en 1429.

Si mon oncle avait une hache, on l’appellerait ma tante.

Sources : Listverse, Him-mag, Les Grandes guerrières de l’Histoire, de Louise Depuydt, Black Feelings