Los Angeles, c’est un peu la capitale mondiale du cinéma. Pas de tous les cinémas certes, mais quand même. À L.A. où se trouve Hollywood, avec son fameux panneau perché sur sa colline, son boulevard et ses étoiles de stars, ses billboards géants qui décorent les rues, ses studios connus dans le monde entier… Mais si on a toujours fait beaucoup de films à Los Angeles, la mégalopole tentaculaire a aussi largement inspiré les cinéastes. Certains ayant réussi à capturer l’essence de la cité des anges avec des œuvres mémorables comme celles qui composent ce top…
The Big Lebowski (Ethan et Joel Coen, 1998)
Des types comme le Dude, incarné dans le film par le monumental Jeff Bridges, on en croise toujours quelques-uns à Los Angeles. Dans le quartier de Venice Beach et ailleurs… Avec The Big Lebowski, les frères Coen ont un peu signé le film ultime sur Los Angeles. Sur une certaine facette de Los Angeles en tout cas, où la trajectoire de gars comme le Dude se télescope parfois avec celle des aspirants au succès, des millionnaires, des artistes un peu barrés et autres producteurs zélés. Le tout sur un air de Creedence tandis que sur la côte, le ressac de l’océan Pacifique donne le tempo. Pour un peu vous replonger dans le délire, allez donc je ter un œil aux meilleures répliques de The Big Lebowski.
Under The Silver Lake (David Robert Mitchell, 2018)
Merveille à la limite du surnaturel, le troisième film de David Robert Mitchell (faisant suite à It Follows) est à la fois un brillant thriller lynchien, un spectaculaire bien que nonchalant trip pop et une déclaration d’amour à Los Angeles. Une ville dans laquelle le personnage incarné par Andrew Garfield traîne ses guêtres, entre le Griffith Observatory, le Hollywood Forever Cemetary et ses soirées spéciales, de magnifiques demeures habitées de personnages vaguement (voire carrément) flippants et autres quartiers résidentiels où tout peut arriver à tout moment. Une vision juste fantasmée comme il faut, magnifiquement orchestrée et incarnée.
Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)
Si Reservoir Dogs, dont l’action se déroulait déjà à L.A., faisait davantage office de huis-clos, Pulp Fiction a quant à lui exploré avec plus de passion la cité. Et c’est alors qu’il accompagne ses anti-héros, tueurs sur la voie de la rédemption, truand cogneur et épicurienne sur le fil du rasoir, que Tarantino raconte aussi la ville où sont nés tant de ses héros. Avec la hargne, le décalage et cette cool attitude qui lui sont propres. Ça marche aussi avec Jackie Brown et évidemment avec Once Upon A Time In Hollywood.
Mulholland Drive (David Lynch, 2001)
Dans la réalité, Mulholland Drive est une route souvent empruntée par les touristes désireux de prendre un peu de hauteur sur Los Angeles et ainsi profiter des quelques spectaculaires points de vue jalonnant le parcours. Une route qui la nuit venue, devient un poil inquiétante. Peu éclairée, si ce n’est quand on s’approche des maisons cachées derrières de hauts murs, elle a inspiré à David Lynch un de ses meilleurs films. Une réflexion sur le succès ou tout du moins les garants de celui-ci, à Hollywood, avec ce qu’il faut de visions cauchemardesques et évocations perturbantes.
La La Land (Damien Chazelle, 2016)
Dans La La Land, on chante et on danse sur l’autoroute, transformant les légendaires bouchons de Los Angeles en scènes de théâtre. Le soleil brille, comme les stars dont l’aura inspire depuis toujours les deux personnages principaux, dont les rêves font écho à la magnificence d’Hollywood, l’ambiance de ses studios et le caractère feutré des clubs de la ville basse. Avec La La Land, sans cynisme, Damien Chazelle a tout simplement offert aux évocations de L.A. un cadre vintage savoureux à la gloire de celles et ceux dont la musique et les numéros ont contribué à bâtir la légende.
Boogie Nights (Paul Thomas Anderson, 1997)
On aurait pu choisir Magnolia du même réalisateur. Mais Boogie Nights semble plus indiqué car c’est l’un des rares films qui s’intéresse à ce qui est mentionné par le personnage de Burt Reynolds comme le « cinéma exotique pour adultes ». Car Los Angeles, c’est aussi la San Fernando Valley. La capitale mondiale du X, dont est ici relatée l’histoire à travers celle de Dirk Diggler (Mark Wahlberg), un jeune acteur dont la vie est largement inspirée de celle du véritable John C. Holmes. Un chef-d’œuvre tragi-comique à la gloire de Los Angeles et de certains de ses marginaux.
Plus tard, en 2015, Paul Thomas Anderson reviendra à Los Angeles avec Inherent Vice, qui, si il reste très bon, est aussi beaucoup plus nébuleux.
L.A. Confidential (Curtis Hanson, 1997)
Un hommage au pur polar hollywoodien dont le génie est aussi de disserter sur l’Amérique post-Rodney King. Un chef-d’œuvre venimeux à souhait porté par une vraie passion et par un casting en or massif. Un classique du film angeleno.
Boyz n The Hood (John Singleton, 1991)
Le réalisateur John Singleton lui-même ne s’est jamais vraiment remis de Boyz n The Hood, son premier film et seul chef-d’œuvre. Un conte initiatique brutal prenant pied au cœur de South Central, l’un des quartiers les plus chauds de Los Angeles. Il y a clairement eu un avant et un après Boyz n The Hood et encore aujourd’hui on tente, souvent sans succès, d’en reproduire la recette.
The Doors (Oliver Stone, 1991)
Né d’une rencontre sur la plage de Venice entre Jim Morrison et Ray Manzarek, le groupe The Doors est devenu l’un des plus emblématiques de Los Angeles. Fan de Morrison, qu’il a découvert au Vietnam, où il servait l’Oncle Sam, Oliver Stone a réalisé un biopic contesté car marqué par une vision que tous les fans ne partagent pas, entre fantasmagorie et prises de distance avec la réalité. Reste que le film, porté par la performance surréaliste de Val Kilmer, raconte presque tout autant l’histoire des Doors que celle du Los Angeles de la fin des années 60, entre la folie du Strip et le mysticisme propre à des endroits situés à la périphérie, comme ce désert dans lequel Morrison et les siens allaient planer afin d’ouvrir les portes de la perception.
Invasion Los Angeles (John Carpenter, 1988)
Inspiré d’une nouvelle de Ray Faraday Nelson, Invasion Los Angeles voit un vagabond s’opposer à des aliens infiltrés dans la cité des anges. Un des films les plus politiques de Big John, qui a donc choisi Los Angeles pour orchestrer un affrontement d’envergure entre des humains aux abois et des extraterrestres belliqueux. Critique sans filtre du capitalisme, avec ses messages subliminaux ayant semble-t-il inspiré Shepard Fairey (Obey), ce film de science-fiction jubilatoire n’a peut-être pas eu le succès escompté mais il n’en reste pas moins incontournable à plus d’un titre. Et cela, même s’il nous offre une des pires scènes de baston de l’histoire du cinéma.
Sans oublier Heat, Terminator 2 : Le Jugement dernier, La Fureur de Vivre, Piège de Cristal, Barton Fink, Short Cuts, Chinatown… Bref, sans aller à Los Angeles, il y a pas mal de films qui permettent de s’en faire une petite idée.