Tu étais petit, tu ne t’en souviens plus. On t’a mis un stylo dans les mains, et tout s’est joué pendant ces quelques minutes où tu as appréhendé l’objet. 10 minutes qui ont changé ta vie, déterminé ton parcours scolaire, fait la somme de tes amis futurs et présents, mis une date sur le jour de ta mort. Tu étais petit, tu ne t’en souviens plus. Ce n’est plus du classement, c’est de la psychanalyse.
A trois doigts, coincé sur la dernière phalange du majeur
Tu fais comme tout le monde, et on t’en félicite. Du genre pas de vague… Pourquoi faire des vagues ? Tu finiras chevalier des Arts et lettres ou assureur.
A quatre doigts, coincé sur la dernière phalange de l'annulaire
Tu es un être de génie qui sait qu’une bonne assise, c’est le début d’une longue vie sans rhumatologue. Bravo. Par contre, les gens te regardent étrangement quand tu écris. Ta main forme une sorte de dessin satanique. Bravo.
A trois doigts, coincé par le pouce et entre le majeur et l'index
Tu aimes que les choses soient bien calées. Tu aimes aussi ne pas te salir les doigts. Tu aimes cette sensation de puissance, celle qui veut que, séisme ou pas, ton stylo ne bougera pas d’un iota. Tu es un pervers narcissique.
A cinq doigts, pour que toutes les empreintes digitales soient dessus
C’est ta manière à toi de combattre les démons intérieurs, ceux qui te hurlent en permanence : « TUE-LE ! POIGNARDE-LE A LA GORGE AVEC TON STYLO-BIC ! TUE-LE ! » De cette façon, tu sais que tu ne pourras pas t’en tirer à bon compte si tu cèdes.
A deux doigts, le pouce et l'index
Le reste des doigts étant levé. Tout ça en dit long sur le peu d’investissement que tu places dans l’écriture. Tout ça en dit long sur ta capacité à mépriser les autres. Tout ça en dit long sur ton talent pour faire des ombres chinoises. Tout ça en dit long sur ton arthrose.
Dans la bouche
Tu n’as pas de mains, manifestement.
Très loin du bout
Tu distilles tes écrits avec la frivolité d’une vieille marquise. D’ailleurs, tu n’écris jamais que sur des chèques à plusieurs zéros.
Trop proche du bout
Tu galères pour laisser ta trace. Enfin, pas tout à fait : tu laisses beaucoup de traces de doigts partout sur les feuilles et beaucoup de traces de stylo partout sur tes doigts. Illisible, certes, mais très appliqué.
Entre les deux mains tendues façon prière
Le stylo roule, d’ailleurs tout roule. Le monde est une coquille de noix. Par contre, ta tendance à n’écrire qu’en majuscules et très lentement est peut-être à l’origine de ton soixantième redoublement en CP.
Dans ta paume
Bravo, Grumpf ! Tu es le plus intelligent des hommes de Néandertal.
De Gaulle, Mitterrand, Churchill, Einstein, Mandela, Mère Theresa et l’Abbé Pierre tenaient leur stylo sur l’annulaire. Moi aussi. Étonnant, NON ?