Entre quelques phénomènes météorologiques inexpliqués et les manipulations du temps par l’homme au fil de l’Histoire, on a parfois l’impression de vivre dans un bon gros blockbuster de science-fiction. Ce top a principalement été inspiré par l’ouvrage d’Olivier Marchon « Le 30 février et autres curiosités de la mesure du temps » qui nous livre une série d’anecdotes sur l’évolution de la manipulation de temps et c’est DINGO.
La nuit du 4 au 15 octobre 1582
Eh oui, on a sauté en effet dix jours en France, comme ça, tranquillou. Pour vous la faire courte, le calendrier julien a été mis en place par Jules César en -45 (c’est d’ailleurs lui qui a fixé le 1er janvier comme premier jour de l’année puisque ça correspondait à la rentrée administrative des consuls). Le problème c’est qu’une année du calendrier julien ne correspond pas exactement à une année sidérale (en astronomie, c’est l’unité de mesure exacte d’un tour de la Terre autour du Soleil) qui dure 14 secondes de moins. Du coup, chaque année on prend 14 secondes de retard. Le nombre de retards cumulés en 1582 est évalué à 13 jours. Le pape Grégoire XIII décide donc de supprimer 10 jours d’un coup et de changer le système des années bissextiles de façon a rétablir ce décalage (en l’occurrence garder le 29 février sauf pour les années non divisibles par 400, allez comprendre mais mathématiquement ça permet de compenser le retard de 14 secondes). C’est ainsi qu’est né le calendrier grégorien que nous utilisons toujours actuellement.
Une semaine de 5 jours avec des noms de couleurs en URSS
C’est à ça que ressemble l’Union Soviétique au début des années 30. Grâce à Yuri Larin, un économiste qui ne manquait pas d’humour et dont les idées ont plutôt séduit un autre petit rigolo : Staline. Afin d’augmenter la productivité et d’annihiler toute pratique religieuse, on met donc en place une semaine de travail de 5 jours (jaunes, roses, rouges, violets et verts les jours). Le travailleur est affublé d’une couleur qui correspondra à son jour de congé. De cette façon, chaque jour il y a toujours 80% de travailleurs, et seuls 20% de travailleurs en congé. Évidement, sur le plan social ça puait grave du steak parce que se retrouver en congé mais pas le même jour que ta femme, tes amis ni tes enfants, ça ne sert plus à rien. La semaine de travail revient à la « normale » en 1940.
La création des fuseaux horaires en Amérique en 1883
Un changement majeur que l’on doit à Charles Ferdinand Dowd et qui mit en place un système de zones horaires aux Etats-Unis. Jusque là il y avait une disparité problématique avec pas moins de cent horaires différents. Or, c’est l’époque du développement des chemins de fer et il faut imaginer le casse-tête que c’était d’avoir des heures de quelques minutes différentes d’une ville à l’autre. Du coup, afin de simplifier l’organisation des compagnies ferroviaires, Mr. Dowd appliqua le système des fuseaux horaires (qui existait déjà un peu partout dans le monde sauf en France où il faudra attendre 1891 quand l’heure de Paris devient l’heure nationale). Le jour 18 novembre 1883, tous les Américains ont ainsi avancé ou reculé leurs montres et horloges. Si tu n’a rien compris à Retour vers le futur, sache que tu aurais galéré ce jour-là.
Une année en Ethiopie dure 13 mois
C’est pas compliqué, on y a conservé les douze mois traditionnels (qui ne durent que 30 jours) et on y a ajouté un treizième mois à la fin du mois d’Août appelé « Pagunem ». Plutôt sympa faut dire, ça fait un été un peu plus long.
Ah oui, et puis aussi le premier jour de l’année en Ethiopie c’est pas le 1er janvier mais le 11 septembre. Donc le mieux si tu veux fuir les autorités après un braquage de banque c’est d’aller te cacher en Ethiopie dans cette faille temporelle.
1816, année sans été
C’est le doux nom que porte cette année étrange où l’Europe du nord (et une partie des Etats-Unis et du Canada) s’est vue confrontée à de graves perturbations météorologiques qui l’ont privée de soleil durant un été. La faute à une série d’éruptions volcaniques en Indonésie en 1815 dont celle du mont Tambora. Elles auraient éjecté une quantité élevée de poussière atmosphérique formant un nuage qui s’est déplacé jusqu’en Occident. En Hongrie et en Italie, le phénomène s’est manifesté par de la neige marron ou rouge. Des catastrophes naturelles ont eu lieu doublant par deux le taux de mortalité. Et pour couronner le tout, c’est cette même année que Marie Shelley a écrit Frankenstein. Faut dire que l’atmosphère s’y prêtait.
Les suicides de chien du haut du pont d'Overtoun
Ce pont situé en Ecosse est depuis les années 50 une zone qu’ont choisi déjà une cinquantaine de chiens pour se suicider. Bon, dans la mesure où le suicide canin n’est pas foncièrement reconnu comme un suicide en tant que tel, on peut juste signaler que des dizaines de chiens se jettent de ce pont sans qu’on puisse expliquer pourquoi. Premier constat scientifique, les races de chiens concernées avaient un odorat très développé. On peut donc supposer que les chiens se tuaient parce ça fouettait sévère.
Les pluies d'animaux en tout genre
Vous resituez un peu la scène apocalyptique dans Magnolia où une pluie de grenouilles s’affale dans la ville ? Un phénomène rare et étonnant qui s’est produit toutefois à plusieurs reprises avec des races d’animaux très diverses (même si les poissons et les grenouilles sont les plus courantes). C’est arrivé pour la dernière fois en Martinique avec une jolie pluie de poissons. En fait, tout ça serait naturellement dû à une tornade qui transporte un banc de poisson ou un gang de grenouilles dans un étang. Bon, on a beau avoir cette explication, on ferait pas les malins si ça nous arrivait.
La suppression du 30 décembre 2011 du Samoa
En même temps, c’est tellement éloigné de tout, c’est vrai qu’ils peuvent naturellement faire ce qu’ils veulent au niveau du temps. La brillante décision vient du premier ministre Tuilaepa Sailele Malielegaoi (qui était déjà parti dans un trip en 2009 en imposant le fait de rouler à gauche du jour au lendemain). Pour mettre en oeuvre cet étrange projet rien de plus simple, l’état du Samoa a décidé de se placer de l’autre côté de la ligne de changement de date (encore une affaire bien cheloue expliquée ci-dessous). Ce choix s’explique en fait par la volonté d’être calé sur la même date que l’Australie et en faciliter les échanges.
Il existe une ligne de changement de date
Quand on franchit cette ligne plus ou moins imaginaire on passe soit au jour d’après soit on recule d’un jour. Comme le tracé de cette ligne n’est pas précis, c’est ce qui a permis au Samoa d’en changer la trajectoire de façon à sauter un jour dans son calendrier (comme on l’explique juste au dessus). Cette ligne s’est avérée nécessaire dans le cadre d’un tour du monde (appelé aussi circumnavigation). En gros, si je fais le tour de la Terre, je cours après le Soleil, donc logiquement ma journée ne s’arrête jamais tant que je poursuis le Soleil. Un paradoxe bien illustré dans Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Bref, la ligne permet de compter le jour +1 ou -1 lors d’un tour du monde et c’était naturellement plus simple de la situer là où il n’y a pas grand monde. A part le Samoa.
Nagui qui est en même temps à la radio et à la télé le lundi et vendredi
LE MONDE EST UNE VASTE ILLUSION NOUS SOMMES TROMPÉS PAR NOS SENS LES ANIMATEURS SONT EN FAIT DES CLONES ENVOYÉS PAR L’EMPEREUR D’UNE AUTRE GALAXIE CHERCHANT A COLONISER NOS ESPRITS FAIBLES.
La bonne nouvelle après ce top, c’est que finalement, le concept de temps est assez malléable, n’hésite pas à donner cette excuse la prochaine fois tu arriveras à la bourre.
Source : Le 30 février, et autres curiosités de la mesure du temps Olivier Marchon, Ed. Seuil, 2017