On ne se rend jamais vraiment compte de la chance qu’on peut avoir (parce qu’on aime beaucoup se plaindre) mais quand on entend certaines histoires bien glauques, on est bien content de ne pas avoir d’autre problème à gérer que celui du voisin qui fait du bruit à 9h du matin. Aujourd’hui, on va parler d’un sujet bof marrant : celui des enfants nés en captivité. C’est un sujet très large et ce top n’est pas une liste exhaustive mais on espère tout de même que vous apprendrez des choses (surtout toi là, un peu de culture ne te ferait pas de mal).
Des enfants nés de mères kidnappées
L'affaire Jaycee Lee Dugard
Chaque année, des enfants ou jeunes adultes sont enlevés et dans de très rares cas, on les retrouve des années plus tard.
En 1991, Jaycee Lee Dugard (11 ans) est kidnappée devant son arrêt de bus en Californie et séquestrée par un couple pendant 18 ans. Régulièrement violée, elle donne naissance à deux enfants alors qu’elle n’a que 14 ans puis 17 ans. Elle est enfin retrouvée en 2009 et est libérée avec ses deux filles, Angel et Starlit, âgées de 15 et 12 ans.
L'affaire des séquestrées de Cleveland
En 2013, trois jeunes femmes parviennent à se libérer d’une maison de Cleveland où elles étaient séquestrées depuis une dizaine d’années. L’une d’entre elles, Amanda Berry, n’avait que 17 ans lors de son enlèvement et est parvenue à s’enfuir avec l’aide d’un voisin, portant sa fille de 6 ans dans les bras. Jocelyn est née en captivité et n’a vu que 4 personnes en 6 ans : sa mère, les deux autres femmes captives et son ravisseur qui est aussi son père biologique. Jocelyn était la seule à sortir occasionnellement de la maison et à passer du temps à l’extérieur.
L'affaire de la famille Fritzl
La dernière histoire est celle de la famille Fritzl, un fait divers autrichien glaçant. Elisabeth Fritzl a 18 ans lorsqu’elle est séquestrée par son père dans un abri antiatomique sous la maison familiale, elle y restera 24 ans avant d’être enfin libérée. En captivité, Elisabeth donne naissance à 7 enfants (6 ont survécu), tous engendrés par son père. 3 des enfants vivent dans l’abri avec leur mère tandis que les 3 autres sont adoptés par le père et la mère d’Elisabeth (la mère n’est pas au fait de la situation et pense que sa fille est dans une secte et dépose ses enfants sur le pas de la porte).
À leur libération, Elisabeth et les enfants ayant vécu dans la cave passent un long moment dans une clinique psychiatrique et tentent de nouer des liens avec les autres enfants de la famille ainsi qu’avec les frères et soeurs d’Elisabeth, sans nouvelle d’elle depuis 24 ans. Elisabeth a par la suite accepté la proposition des autorités autrichiennes de changer de patronyme pour se reconstruire ailleurs avec ses enfants, sous une autre identité.
Des enfants nés en prison
L'histoire de Sandra et Barbara
En France, une femme qui accouche alors qu’elle est incarcérée a le droit d’élever son enfant en prison jusqu’à ses 18 mois. Il y a 31 établissements pénitentiaires qui disposent d’un quartier mères-enfants dans le pays, ce sont des endroits spéciaux pour élever un enfant dans les meilleures conditions possibles pendant la détention.
En 2017, Sandra et Barbara sont incarcérées à Fleury-Mérogis et vivent toutes les deux avec leur bébé en prison. Au centre pénitentiaire, il y a une pièce aménagée en cuisine et une autre en salle de jeux mais les bébés dorment dans la cellule de leur mère. Sandra aimerait que sa fille puisse sortir régulièrement et aller au parc comme les autres enfants et en théorie, rien ne l’interdit, mais c’est beaucoup d’organisation. Barbara a réussi à trouver une place en crèche mais aucune association ne peut s’occuper du transport de l’enfant. Les deux mamans craignent déjà le moment de la séparation, quand les enfants fêteront leurs 18 mois et devront être confiés à d’autres membres de la famille.
Des enfants nés de parents retenus en otage
L'affaire Coleman-Boyle
En 2012, Caitlan Coleman part pour un voyage en Asie avec son mari, Joshua Boyle, alors qu’elle est enceinte. En arrivant sur place, Caitlan découvre que son mari a prévu de visiter l’Afghanistan pour obtenir de vrais récits sur les talibans qu’il croit mal représentés par les médias. Ils sont pris en otages par le groupe Haqqani, lié aux talibans, et sont séquestrés pendant 5 ans.
Caitlan est enceinte de 6 mois lors de son enlèvement et donnera naissance à cet enfant et à deux autres en captivité, tous engendrés par son mari. En plus du calvaire de la séquestration par les talibans, Caitlan est maltraitée par son mari. Lorsqu’ils sont libérés en 2017, les 3 enfants de Caitlin Coleman découvrent le monde pour la première fois. La famille est rapatriée au Canada et Caitlin parvient à rentrer aux Etats-Unis avec ses enfants un an plus tard, suite au procès de son mari.
Des enfants nés dans des camps de concentration
Les bébés rescapés des camps de la mort pendant la Shoah
Sur plusieurs millions de femmes raflées pendant la Seconde Guerre Mondiale, seules quelques-unes ont pu survivre en étant enceintes. C’est le cas de Priska, Rachel et Anka qui sont déportées en fin 1944. Arrivées à Auschwitz, elles échappent aux chambres à gaz en passant la sélection de Josef Mengele et sont envoyées dans le camp de femmes de Freiberg. À cette époque, les alliés approchent et les gardiens des camps sentent le vent tourner : s’ils épargnent quelques vies, ils seront peut-être protégés à leur tour.
Priska accouche dans sa baraque et les prisonnières cousent une robe et un chapeau avec leurs haillons pour le bébé, Hana. Quelques jours plus tard, les nazis décident d’évacuer le camp et Rachel donne naissance à son fils Mark dans le convoi en direction de Mauthausen. Arrivée à la gare, Anka a ses premières contractions et doit marcher 6km jusqu’au camp. Un fermier l’aide à se délacer dans sa charrette et c’est là qu’elle accouche de sa fille, Eva, dont elle ne se sépare plus jusqu’à la fuite des gardiens nazis quelques jours plus tard, juste avant la libération du camp par les Américains.
Aujourd’hui, Eva, Hana et Mark font partie des derniers survivants de la Shoah. Ils se sont rencontrés pour la première fois en mai 2010, quand le gouvernement autrichien les a invités à revenir à Mauthausen pour témoigner et se recueillir.