Guitare sur le dos, il voyage seul : lui, c’est le baroudeur. Mais pour s’octroyer ce titre, l’employer à dessein dans les conversations, il a dû cravacher. D’un bout à l’autre du monde, à pied, en stop ou en train de nuit, il s’est forgé une expérience du voyage qui n’appartient qu’à lui. Il veut la partager. Il veut désespéramment tirer sa crampe.
Bahia
« J’ai joué de la guitare dans des hamacs devant des bidonvilles avec des Noirs et des métisses, ils m’ont appris ce qu’était la vraie samba. Ensuite, nous avons partagé des joints au clair de lune et je ne me suis jamais senti aussi vivant, aussi vivo, comme ils disent, là-bas. Oui, je suis bilingue. »
En vrai la Chapada diamantina et Bahia, c’est inoubliable.
Les temples d'Angkor
« Je suis allé à Angkor à la tombée de la nuit, pour éviter les touristes. La majesté des vieilles pierres donnaient à ce crépuscule tropical des allures de paradis. Ma vie a changé depuis. »
Le Sahara
« J’étais bercé par les récits de voyage de Kessel ou de Saint-Exupéry. Je voulais voir la vie touareg, traverser le Sahara, comme un Tintin des temps modernes. Du Maroc à Dakar, j’ai plus appris sur moi dans le reflet des sables que devant un miroir… »
Le fleuve Congo
« C’est l’appel de Conrad qui m’a mené là-bas. J’ai descendu le fleuve majestueux à la rencontre des habitants de cette Afrique pleine de contrastes et d’étrangetés. Je ne me sentais pas colon ; glissant au fil de l’eau, j’ai découvert la nature nomade de mon coeur. »
L'Amazonie
« Iquitos, Manaus, Pucalpa : mythique. En prenant l’Hyahuasca avec les Indiens, je me suis reconnecté à la Terre. La forêt veillait sur nous. Après un orage tropical, je sentais que mes idées noires s’évaporaient en même temps que les gouttes d’eau. »
En Mongolie
« L’appel des steppes, tu me suis ? Le courage de ces peuplades nomades qui parcourent la steppe à dos de cheval. La convivialité de ces yourtes où l’on est accueilli comme faisant soudain partie du clan. Je n’étais plus moi-même, je faisais partie du grand tout. »
La Sibérie
« De la Mongolie, j’ai pris le Transsibérien. Un rêve. En arrivant à Vladivostok, après 6 jours de trajet et autant de dizaines de litres de vodka en compagnie d’un Russe bougon avec qui je communiquais sans parler la même langue, j’ai découvert ce que sous-entendait l’expression ’bout du monde' ».
Cuba
« Dès les premiers jours du voyage, j’ai compris que j’étais arrivé chez moi. L’accueil réservé par ces gens qui n’ont rien mais donnent tout, leur niveau d’études et de compréhension de l’autre, les solidarités qui se mettent en oeuvre pour pallier le plus urgent : Cuba n’est pas une île, c’est une terre d’accueil pour toutes les solitudes. Les couleurs de Cuba me manquent. »
Buenos-Aires
« Traîner la jambe à Buenos-Aires ; parcourir la ville à pied, le nez en l’air, en s’arrêtant dans les dizaines de librairies qui continuent d’alimenter la vie culturelle de cette Europe loin de l’Europe. Buenos-Aires n’est pas une ville, c’est un agrégateur, un soleil vers lequel convergent tous ceux qui préfèrent la fiction à la vie. »
Canton et Macao
« Dans cette atmosphère moite où la ville devient tripot, au milieu des ruines décaties du colonialisme portugais, l’air lui-même se charge d’ambiance. On ne sent pas la caresse du vent ; on est soulevé par une envie d’ailleurs : et l’ailleurs est partout. L’on peut s’asseoir sur une de ces terrasses faites de tables en plastique et voyager, statique, au rythme où la bière se consomme. »
« Ouais, j’ai pas mal roulé ma bosse. Tu veux faire l’amour avec moi ? Ou m’embrasser ? Au moins sur le front ? Me serrer la main ? »