"Je ne suis pas féministe mais...". Voilà surement la phrase dans laquelle on entend le plus souvent le mot féministe. Oui le F-word, comme l'appelle les anglophones, fait peur et on hésite avant de s'en réclamer pour diverses raisons qui ont la peau dure. Tour d'horizon des petits et gros clichés sur les féministes et le féminisme.
- La féministe n'en a jamais assez
Certains diront que le féminisme c'est "has been". Ou comment associer un combat à une coupe de cheveux. Pour beaucoup, le féminisme c'est un truc de hippies des années 60, nécessaire à l'époque, mais dépassé aujourd'hui. En bref, un truc perpétré par une bande de chieuses qui en veulent toujours plus et râlent tout le temps. Et c'est vrai que mis à part les inégalités de salaires persistantes, une femme tuée par son conjoint tous les trois jours, 75 000 viols par an, les réflexions machistes ou de publicités dégradantes qui circulent en tout impunité ... tout est réglé aujourd'hui. - La féministe n'aime pas les hommes et voudrait tous les réduire en esclavage après les avoir émasculé (de toute façon elle est lesbienne)
A part dans les cauchemars d'Eric Zemmour, les féministes se réunissent rarement en société secrète pour comploter et conquérir le monde tels les Minus et Cortex en jupette. Le féministe, ce n'est pas du machisme à l'envers évidemment. ce n'est pas militer pour la supériorité des femmes mais simplement pour une juste égalité bénéfique à tous. La course à la virilité, c'est fatiguant pour tout le monde. - Variante suivante sur le thème de la guerre des sexes
La féministe veut être un homme, car elle est jalouse et rêve secrètement d'avoir un pénis. Merci à Freud. Ben oui, certaines féministes jouent sur les codes masculins... et d'autres au contraire, surjouent la féminité. En plein essor du lipstick féminism (strip tease burlesque et autre) le féminisme aujourd'hui consiste plus à se réapproprier les codes de genre et les réinventer pour que chacun(e) puisse s'épanouir comme il le souhaite (ce qui est justement le contraire de l'uniformité). Il y a même des féministes qui se maquillent et portent des jupes! Si si. - Au contraire, la féministe est frustrée, hystérique, mal baisée, moche ou n'a pas trouvé le bon (rayer la mention inutile)
"Et quand elle a ses règles j'vous raconte même pas mon pov' monsieur". En gros une femme ne peut pas être heureuse par elle même, mais seulement avec l'aide d'un homme (à savoir celui qui la remettra dans le droit chemin et lui donnera envie de vivre heureuse derrière ses fourneaux et au milieu de "beaucoup d'enfants"). Faut-il rappeler qu'il y a pas si longtemps encore, hystérie et sexualité étaient "médicalement" liées ? Comme quoi le progrès des mentalités n'est pas toujours rapide... - La féministe est poilue
D'abord Jésus aussi était poilu et on l'a bien écouté. Et Frida Khalo ? Et Julia Roberts ? Et... et on s'en fout non ? D'autant plus que cette "moquerie" risque de ne plus en être une dans quelques années. La roue de la mode tourne aussi. - La féministe défend une pensée unique
Allez dire ça à celles qui s'arrachent les cheveux sur la question de la prostitution ou du voile. Sans rentrer dans les différent(isme)s (matérialisme, différentialisme et autre réjouissances), le féminisme c'est de nombreux courants et des débats profonds. En bref, le contraire de la pensée unique. - La féministe n'a aucun sens de l'humour et sort les griffes à chaque blague sexiste
Effectivement une petite blague machiste n'a jamais tué personne. Mais les blagues sur les blondes et les clichés sur les femmes, à la longue, c'est usant. En plus comme humour entre Bigard et Télé Loisirs on doit pouvoir faire mieux non. Pour les lourdauts qui trouvent toujours ça drôle et inoffensif, amusez vous à remplacer le mot "femme" par "noir" ou "arabe" dans ce genre de blagues. "Pourquoi les femmes/les arabes ne peuvent pas attraper la maladie de la vache folle? Parce que c'est une maladie qui touche le cerveau". - La féministe est réactionnaire et moralisatrice
Elle crie au scandale devant le moindre téton échappé d'une pub et s'oppose à la prostitution ou aux mères porteuses. D'abord cela ne reflète pas la totalité du mouvement féministe (voir par exemple le courant "pro-sex" en pleine expansion qui inspire notamment les syndicats de travailleurs(euses) du sexe. Ces sujets touchent certes à la sexualité mais le problème ce n'est pas "ce sein qu'on ne saurait voir" ou l'aspect moral mais bien la marchandisation d'un corps et souvent celui de la femme. Se mettre à poil, coucher ou faire ce qu'on veut de son utérus n'a jamais posé problème si cela ne s'inscrit pas dans un rapport marchand. - La féministe nie les évidences naturelles
L'homme plus fort que la femme, l'instinct maternel, l'horloge biologique, Mars, Vénus tout ça tout ça... Sans parler du sublime argument animalier "C'est comme ça que ça se passe chez nos amis les animaux et on reste quand même des animaux". Pourtant, le reste du temps on est bien content de dépasser les contraintes naturelles et d'être plus que des animaux. Après on pourrait envenimer la situation en criant sur tous les toits que c'est la lionne qui chasse et les hippocampes mâles qui élèvent leurs petits. Les modes d'oganisations peuvent être variés, oui. D'ailleurs 5% des humaines naîtraient intersexués, comme quoi cette grande différence des sexes, elle tient pas à grand chose. - La féministe est une femme
Celui-là, on n'est pas allé le chercher bien loin. Il y a bien sûr des hommes féministes mais en minorité. Et c'est bien dommage car contrairement au machisme qui tue tous les jours, le féminisme, lui, n'a jamais tué personne.
Et vous, vous en voyez d'autres ?