On aurait envie de faire rire, ou faire sourire déjà, et pourtant tout d'un coup c'est plus dur. Quelque chose s'est cassé. Ca reviendra bien entendu, mais la douleur du poing que l'on a pris dans la tronche alors que bêtement on se croyait à l'abri mettra un peu de temps à s'estomper. Ce matin pourtant, l'envie est là, c'est déjà ça.
- L'envie d'essayer de comprendre, un peu au moins, comment on peut en arriver là, comment on peut faire ça...
- L'envie de pleurer, sans que ça se voit trop
- L'envie de laisser monter la colère, doucement, quelques minutes. Et comprendre dans la foulée les ravages qu'elle peut faire
- L'envie de couper BFM TV et I-télé, sans y arriver
- L'envie de s'éloigner d'Internet aussi et le trop plein d'émotions qui vient avec
- L'envie de savoir ce que je ferai moi si je savais dessiner
- L'envie d'ajouter "apprendre à dessiner" à mes résolutions que je ne tiendrai sans doute pas
- L'envie de revoir des images de Cabu dans Récré A2 pour me souvenir qu'il a toujours été là
- L'envie de croire qu'il le sera encore demain là justement
- L'envie d'être assez intelligent pour pouvoir expliquer calmement à celui qui ne comprend pas ce que c'est un "amalgame"
- L'envie d'appeler des amis musulmans, même pour parler d'autre chose
- L'envie de croire que demain et après demain on dira encore "je suis Charlie", coude à coude. Et se demander ce que ça voudra dire demain justement
- L'envie d'espérer que demain ne sera pas pire
- L'envie d'espérer qu'on n'aura plus jamais à expliquer ce genre de choses à son gamin avant qu'il aille au lit
- L'envie d'avoir un peu du courage de Cabu, Charb, Wolinski, Tignous et les autres quand on publiera quelque chose et quand on prendra la parole demain. Tous. Sinon comme dit Val, "c'est le silence"...
- L'envie d'éteindre son téléphone, aussi. Et la lumière. En espérant que ce sale goût dans la bouche passera, un peu.
Je ne fais que Topito. Je ne suis pas journaliste. Mais il y a des matins où être debout a plus de sens que d'autres...