En cette fin d'année, à ce qu'on appelle "l'heure du bilan", on peut être amené à se demander ce qui restera dans 80 ou 100 ans de la musique qu'on a écouté en 2013. Si les chansons du XIXème siècle qui nous sont parvenues sont essentiellement des chants partisans ou guerriers, le début du XXème a permis de populariser, pour des décennies, des chansons plus divertissantes, entre la comédie grivoise, la complainte amoureuse ou la tragédie romancée. Petites sélection de ces chansons françaises qui ont dépassé l'âge de la retraite mais qu'on sifflote toujours.

  1. Fascination (1905)
    C'est un Italien, Dante Pilade Marchetti, qui écrit cette valse, sur laquelle Maurice de Féraudy pose des paroles pour permettre à la star de l'époque, Paulette Darty, d'en faire un tube. Tout ce petit monde étant mort depuis plus de 70 ans, l'oeuvre est dans le domaine public.

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    "*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

  2. La Mer (1946)
    Pour toutes ces chansons mythiques, on préfèrera toujours la légende, celle qui veut que Trenet ait écrit cette chanson en 10 minutes sur du PQ de la SNCF dans un train allant de Montpellier à Perpignan et croisant l'étang de Thau, que la réalité qui nous rappelle que ce classique français d'après guerre ressemble quand même grossièrement à Heart and Souls composé en 1938, une période où décidément, on ne se faisait pas trop chier sur les droits d'auteurs.
  3. Parlez-moi d'amour (1930)
    Si la chanson française devait avoir un "Over the Rainbow", ce serait ce titre interprété par Lucienne Boyer avec des "r" roulés sans complexe et que la légende attribue à une nuit de contrariété de Jean Lenoir après une dispute avec Mistinguett. Le morceau mettra près de 6 ans à trouver une interprête. C'est un carton, Lenoir aurait pu arrêter de bosser, mais non, il continuera et signera 20 ans plus tard Voulez-vous danser Grand-Mère.
  4. Le Trou de mon quai (1906)
    On savait rire il y a un siècle, à telle point que cette bonne humeur a encouragé les Charlots du regretté Gérard Rinaldi à en faire une très fidèle reprise en 1971. Comme quoi, les blagues sur le métro et sur l'homosexualité, c'est éternel.
  5. Les roses blanches (1925)
    C'était ça aussi les années 1920, alors que Dranem reprenait une chanson à base de jeux de mots douteux reposant sur le potentiel comique du trou de balle, on enregistrait des "chansons réalistes" telles que les Roses Blanches, idéale pour se foutre en l'air pendant les fêtes.

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    Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

  6. C'est si bon (1947)
    La France savait produire des tubes planétaires avant Get Lucky. Cette chanson est reprises par tous les opportunistes de l'hexagone, de Yves Montand, qui l'avait dans un premier temps refusée avant de voir que le titre devenait un tube, jusqu'à Mireille Matthieu ou Arielle Dombasle. Le titre connait une vie internationale en anglais, en espagnol ou en allemand, mais également en français grâce à des reprises dans des films américains.

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  7. Nuits de Chine (1922)
    Cette chanson, vous en connaissez peut-être la version de 1922 par Berthe Delny, vous en connaissez certainement l'interprétation de poivrot de Gabin et Belmondo dans Un Singe en Hiver, mais l'une et l'autre ont moins vieilli que la version de Bambou, la compagne de Serge Gainsbourg, en 1989. Selon ce dernier, le disque ne marche pas à cause des évenements de Tian An Men. Non, Serge, soyons sérieux un instant, c'était tout pourri.

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  8. Mon Légionnaire (1936)
    L'ancien légionnaire Raymond Asso a fricoté avec Edith Piaf (oui, à l'époque, on pouvait dire "fricoter"), mais c'était surtout pour refiler ses textes à La Môme après les avoir vendu à la chanteuse Marie Dubas. Si il voit juste avec Mon légionnaire, la légion idéalisée par les yeux amoureux d'une femme, il se plante salement avec Le Fanion de la Légion, un texte complètement con sur 30 mecs qui tiennent une fortification au milieu du Sahara.
  9. Du gris (1920)
    Si c'est à Fréhel qu'on attribue la première interprétation notable de cette chanson de Benech et Dumont, il n'en reste pas de trace sur disque. La chanson n'aura d'ailleurs pas beaucoup d’interprètes à part les dernières gardiennes d'une certaines idée de la chanson, telle Berthe Sylva, Mistigri ou Pierrette Souplex. Finalement, celui qui a fait la meilleure affaire avec cette chanson qui pue le tabac froid et les marrons qui chauffent à côté d'un orgue de barbarie, c'est Renaud, qui l'a incorporé dans un tour de chant dédié aux chansons d'avant-guerre.
  10. Ma Pomme (1936)
    Il parait que Maurice Chevalier a été, et restera, le chanteur français le plus connu aux Etats-Unis. On se demande bien avec quel répertoire, même si quelques chansons sont restée, comme Valentine ou Ma Pomme, qui donne ici l'occasion à Mireille Matthieu de saboter un nouveau truc.

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    Il n'a pas souffert, promis