Le milieu du sport connait parfois des évènements qui soulèvent des questions et ouvrent des débats qui sortent parfois de son cadre et touchent un public plus large que celui qui le suit. Parfois d’ordre financier, politiques et parfois sur des sujets de société, il y a eu historiquement des situations dans le sport qui ont impacté notre histoire. Certaines affaires et situations ont d’ailleurs littéralement provoqué des boycotts et poussé les mentalités à changer.
Le match PSG - Basaksehir
Ce mardi 8 décembre, le match de football opposant le PSG au club turc Basaksehir a été complètement interrompu après que l’arbitre Sebastian Coltescu ait utilisé des propos racistes pour parler de Pierre Achille Webo. La colère a grondé du côté des joueurs qui ont donc décidé de quitter la pelouse ensemble afin de démontrer leur dégoût face à cette injustice. Nous espérons d’une part des sanctions mais également que cela changera radicalement les dérapages racistes qui proviennent aussi bien souvent des supporters dans ce sport.
La NBA qui annule plusieurs matchs en 2020
Suite à l’assassinat de Jacob Blake, citoyen Afro-Américain par un policier à Kenosha le 23 août 2020, des émeutes font rage dans le pays. En soutien à la cause « Black Lives Matter », l’équipe des Milwaukee Bucks refuse de jouer leur match contre Orlando. La NBA est alors contrainte d’annuler également les deux matchs suivants. Cela provoque une mobilisation du monde sportif puisque des matchs de football, de baseball et un tournoi de tennis sont également annulés. Une mobilisation forte qui on l’espère portera ses fruits.
L'affaire Colin Kaepernick
Le célèbre joueur de NFL qui a posé le genou à terre pendant l’hymne américain pour protester contre le traitement fait aux Afro-Américains a divisé les États-Unis. Soutenu par une large partie des citoyens, il est aussi décrié par un nombre important. Le sponsor Nike le soutient, donnant lieu à des centaines de vidéos d’Américains détruisant volontairement des produits de la marque. Un sondage le donne en tant que « joueur le plus détesté de la ligue » et il reçoit de nombreuses menaces de mort. Son geste courageux a néanmoins provoqué un tremblement de terre dans le monde de la NFL avant d’être mondialement partagé.
Le boycott général des jeux olympiques d'été de 1976
Tout commence lorsque les nations unies appellent à organiser un embargo sportif en Afrique du Sud pour protester contre l’Apartheid. L’équipe de rugby de Nouvelle-Zélande se rend quand même jouer là bas, ce qui passe très mal auprès de plusieurs pays qui demandent comme sanction leur interdiction de se présenter aux JO suivants. Mais la Nouvelle-Zélande n’est finalement pas bannie. Les jeux Olympiques d’été de Montreal sont alors boycottés par plus de 30 pays qui refusent d’y participer et le Canada engrange 1,5 milliards de dollars de dettes suite à l’échec de ces jeux.
Le boycott NBA de 2014
Les joueurs de la NBA avaient à l’époque prévu de boycotter la première série des playoffs après les propos racistes de Donald Sterling, propriétaire du club des Los Angeles Clippers. Cependant, le commissaire de la NBA Adam Silver bannit Sterling à vie de la NBA, l’obligeant également à vendre le club des Clippers. Le boycott n’arrive finalement pas suite à cette décision mais cela prouve que la grogne des joueurs et du public n’a pas été vaine.
Le boycott de 14 ans de l'Indian Wells des soeurs Williams
Serena et Venus Williams ont refusé de jouer le tournoi de tennis de l’Indian Wells se déroulant en Californie de 2002 à 2015. Lors du tournoi de 2001, elles devaient toutes les deux s’affronter en demi-finale mais Vénus déclare forfait à cause d’une tendinite. Serena est donc qualifiée en finale contre Kim Clijsters et gagne le match sous les huées du public et des insultes racistes. L’histoire qui avait fait beaucoup de bruit à l’époque avait secoué le monde du tennis.
Le boycott des jeux de Moscou en 1980
Une cinquantaine de pays boycottent les jeux Olympiques de 1980 en Russie en refusant tout simplement d’y envoyer leurs athlètes. Cela fait écho à l’intervention militaire de l’URSS en Afghanistan en 1979. C’est le président Américain Jimmy Carter qui demande aux athlètes américains de ne pas s’y rendre et finalement une cinquantaine de pays suivront ce conseil. Lors du début des jeux, 81 pays seront tout de même présents pour participer.
Les Olympiades d'échec de 1970
Lors de ce tournoi d’échecs, plusieurs joueurs et équipes boycottent la compétition pour protester contre l’apartheid et la participation de l’Afrique du Sud. Certains joueurs ne se présentent pas et d’autres se retirent de la compétition. L’équipe d’Albanie qui doit affronter l’Afrique du Sud préfère déclarer forfait. L’Afrique du Sud est d’ailleurs finalement exclue du tournoi et ne pourra pas y participer de nouveau avant 1992.
Les poings levés de Smith et Carlos des JO de 1968
La photo de Tommie Smith et John Carlos qui brandissent le poing ganté de noir sur le podium de l’épreuve du 200 mètres des jeux olympiques de Mexico est devenue mondialement connue. Leur geste dénonce le racisme et l’exclusion à l’encontre des Afro-Américains aux États-Unis en cette période trouble : cinq mois après l’assassinat de Martin Luther King. Les deux athlètes sont dès le lendemain bannis du village olympique par le président des jeux et seront interdit à vie de courir à nouveau en compétition. Virés de leurs travails respectifs, recevant des menaces de mort continuellement, la femme de Smith le quitte et celle de Carlos finit par se suicider. Ce n’est que vers 1990 qu’on reconnait la puissance de leur geste et qu’on leur donne un semblant de pardon.
Le visage baissé de Peter Norman des JO de 1968
Il s’agit du troisième coureur présent sur cette célèbre photo. Si les gestes de Smith et Carlos sont aujourd’hui reconnus, celui de l’australien Norman l’est moins. Cet athlète a pourtant soutenu les deux coureurs et a décidé de rallier leur cause après les avoir entendu discuter. Il porte d’ailleurs le badge « Olympic project for humans rights » sur la photo, porté par d’autres athlètes noirs, et c’est lui qui a donné l’idée à Smith et Carlos de partager la même paire de gants. Les autorités l’empêcheront de se présenter aux jeux de 1972 et il reprendra son poste d’instituteur. Lorsqu’il meurt d’une crise cardiaque en 2006, Smith et Carlos se rendent directement à Melbourne et portent son cercueil. Lors de l’enterrement, Carlos dira les mots: « Je pensais voir la crainte dans ses yeux. J’y vis l’amour ».
Sources : Le Monde, L’obs, Perspective, CbbsSports.