Au petit matin, ou à l’heure du goûter, chez Topito, on fait le plein viennoiserire. Et vous, c’est quoi votre moment baguette préféré, hein, les p’tits loups ? Le sourire de la boulangère ? La franche camaraderie des boulangers à l’aube ? Les avoirs sur les tickets resto ? On fait le point.
Une demi-tradition
Père de famille, tu aimes perpétuer. Perpétuer quoi ? Perpétuer, quoi. Marie-Cécile, Chantal, Louis et Anatole ne diront pas le contraire, puisque c’est à toi qu’ils doivent la vie. Quel dommage qu’une vulgaire procédure d’éloignement décidée par un juge ignare t’empêche désormais de les voir… Tu te mangeras ta demi-tradition en demeurant bien droit dans tes bottes.
Un pain aux raisins
Les fruits secs, c’est une deuxième nature chez toi. La crème pâtissière, le raisin, des choses saines… Pas comme ces connards de bouffeurs de pains au chocolat qui se foutent des traces noires partout sur les mains. Tu pourrais passer des heures à regarder la spirale infinie d’un beau pain aux raisins sans jamais t’ennuyer. Bizarre, quand même, que tout le monde te trouve chiant.
Des chouquettes
Miam miam les chouquettes. Ce que tu aimes, toi, dans les chouquettes, c’est le pluriel. Miam miam. Tu alternes : la première, tu la mâches, la seconde, tu la gobes, la troisième, tu la mâches, et ainsi de suite. Certains s’étonnent que tu montres les crocs quand ils approchent leur grosse paluche de ton petit sachet. Mais bordel, ce sont TES chouquettes. CE SONT TES CHOUQUETTES A TOI, LES TIENNES, VA ACHETER TES PROPRES CHOUQUETTES SI TU EN VEUX TELLEMENT.
Un éclair au café
Avec ton pantalon beige en velours côtelé et tes mocassins à glands, tu aimes à penser que la boulange est un art. Pour toi, le contact avec l’artisan vaut bien un passage au musée. Chaque détail te rappelle un moment de ton existence : cet été 72 quand, avec Florence, vous aviez croqué à deux dans le même Paris-Brest ; l’hiver 81, rigoureux, celui-là, toi, très beau dans ton pull moutarde, commandant pour l’anniversaire de Solange deux petites parts de flan ; surtout, ce jour béni de 1964 quand tu goûtais pour la première fois un éclair au café. Depuis, tu milites pour l’éclair au café en société, partout. Pour être tout à fait exact, tu milites CONTRE l’éclair au chocolat. CONTRE CETTE MERDE D’ECLAIR AU CHOCOLAT, CETTE TENTATION DU GOUT SIMPLE POUR PERSONNES DEGENEREES.
Une quiche
Déjeuner seul, cela n’a pas QUE des avantages. Quand même. Personne ne t’emmerde quand tu croques dans ta quiche toute molle réchauffée au micro-ondes. Et comme personne ne te parle, personne ne saura que tu pues de la gueule.
Un pain bûcheron
Grosses mains, carrure de manutentionnaire, famille nombreuse. Pas d’articles dans tes phrases. Pas de de verbe non plus. Pas de bonjour. Pain bûcheron, comme d’habitude. Bien cuit. BIEN cuit.
Un sandwich au thon
Une sombre histoire de roulement t’oblige à aller déjeuner après tous tes collègues. Résultat, il ne reste jamais aucun sandwich correct à la boulangerie. La boulangère, qui te connais par coeur, te demande tous les jours si tu veux qu’elle te prépare un sandwich rapidement, mais tu dis non de peur de la déranger. Tu mangeras ton sandwich au thon à ton bureau, mais c’est toujours mieux que de prendre une quiche, comme l’autre nullard qui déjeune seul.
Une viennoiserie
Pour toi, les bonbons sont des confiseries et le reste des viennoiseries. Tu te fais un petit plaisir coupable tous les jours, à la même heure. Tu souris pour toi-même de tes petites habitudes, de ces petites joies sereines qui font le sel de l’existence. La dernière fois que tu as fait l’amour, c’était jamais.
Un pain au lait
Comme tu n’as pas fait l’apprentissage des goûts mais que tu veux quand même être dans l’ambiance « on va s’acheter un truc à la boulangerie », tu commandes un pain au lait. Serais-tu un enfant loup ou une personne profondément triste ? Nul ne le saura jamais. Toujours est-il que tu es la dernière personne à commander des pains au lait de tout le territoire français et que M6 veut t’interviewer pour Capital, les inédits de l’été.
Des bonbons
Tu as 5 ans. Oui, je sais que c’est celui qui dit qui y est.
Tout ça, ça donne de la brioche. On est vendredi, les mecs, vous croyez vraiment que j’ai envie d’écrire une conclusion ?