« Maman j’ai raté l’avion » à Noël, c’est un peu comme Arthur au moment du réveillon de la Saint Sylvestre, on n’y coupe pas. On ne va pas vous rappeler le scénario du film, qui doit tenir sur une feuille de PQ, vous le connaissez par cœur pour l’avoir vu et revu une dizaine de fois avec le même bonheur. Pourtant, on est certain que, dans le feu de l’action, vous n’avez pas forcément remarqué que ce chef d’oeuvre riche en guimauve toute niaise regorge de questions dont les réponses ont étrangement été laissées sous silence. Pour certaines, il vaut mieux, en fait.
Comment peut-on oublier son gamin deux ans de suite ?
Enfermer son gosse dans le grenier parce qu’il a renversé du Pepsi, ok, ça se tient, quoi que… L’oublier dedans, une fois, au moment du départ, dans l’euphorie, d’accord, ça peut arriver à tout le monde. Mais recommencer l’année d’après et faire limite pire, à savoir le laisser seul dans un aéroport international prendre un autre vol et ne se rendre compte de son absence qu’une fois arrivée en Floride, on se foutrait pas un peu de notre gueule, par hasard ?
Pourquoi y a t-il au moins 25 enfants dans la maison ?
D’accord, la famille chrétienne nombreuse, c’est cool surtout au moment des fêtes de Noël. Mais là, ça frise le grand n’importe quoi. Il y a limite plus de morpions dans la maison que dans le slip de DSK. Et c’est pas comme s’ils étaient quasiment tous nés à 6 ans d’intervalle. Ah bah si, en fait, ils ont tous plus ou moins le même âge, ces cons. Ça doit coûter cher en cantine, tous les mois, même quand on est blindé comme les Mc Allister. Evidemment, en plus, ils sont tous super cons et tous les clichés y passent. L’aîné totalement abruti mais néanmoins fin manipulateur, la sœur rouquine tête d’ampoule et le plus petit binoclard dont la dégaine suppose qu’il se fera voler son pain au chocolat à l’école. Une famille où les torgnoles n’ont certainement pas assez fusé.
Pourquoi avoir appelé le fils ainé "Buzz" ?
« Kévin », ok, c’est Américain, on peut comprendre la déconnade. Mais « Buzz » ? Sérieusement ? Décemment, on n’appelle pas son enfant comme ça, surtout quand on lui refile en plus une coupe à la brosse rouquine dégueulasse et une physiologie d’obèse en devenir. « Buzz », quoi. Et pourquoi pas « Top » ou « Viral » pendant qu’on y est ? Dans certains pays, on fusille pour moins que ça. Et puis bon, on ne confie pas une tarantule à un gamin qui a tout du futur suspect numéro 1 lors de la prochaine fusillade universitaire dans le Kentucky.
Pourquoi leur oncle vit-il avec dans la maison avec eux ?
On en a vu des conneries, mais là, c’est quand même malsain. Depuis quand on fonde un foyer avec tonton et tata à la maison à plein temps ? La première année, on peut le concevoir. Une mauvaise passe, un dépannage, ça se tient. Mais que foutent-ils encore là l’hiver qui suit ? En plus, l’oncle est un enfoiré de chauve qui passe son temps à gueuler. Le genre qui insulte les gamins devant les parents, sans que ces derniers ne bronchent. Il doit en savoir des saloperies sur la famille Mc Allister pour qu’on lui laisse le totem de l’immunité à ce point.
Pourquoi personne ne devine que Kévin finira pas mal tourner ?
Il y avait pourtant quelques signes annonciateurs. Déjà, le gamin se fait pourrir par tout le monde de sa famille. Ensuite, il tire une brosse à dent dans une supérette, copine avec un vieil écossais qui se balade avec une énorme pelle et des mitaines avant de se trouver comme nouvelle amie, dans un parc mal famé du côté de New York, une femme passant sa vie avec des pigeons et qui bouffe certainement des graines avant de chier sur les gens. Mais le pire, c’est que le môme, qui argue certainement la légitime défense, fait quand même tout pour buter les deux cambrioleurs. Briques et fer à repasser dans la gueule, chalumeau sur le crâne, kérosen sur une corde pour l’enflammer pendant que les deux pieds nickelés sont dessus, tout y passe. Et tout le monde s’étonne que ce bon vieux Macaulay ait fini par totalement craquer. Société aveugle.
Où Kévin trouve-t-il tous ses mannequins ?
Nous, on veut bien qu’un gamin de six ans se trimbale avec des faux corps humains. On ne sait pas, il pourrait avoir de la famille qui fait dans la mercerie. Mais ce n’est apparemment pas le cas, ses parents sont blindés. Alors, comment le gosse fait-il pour se fournir en mannequins et ficelles en tous genres ? Et comment fait-il pour les articuler comme ça et arranger un tel manège tout seul ? A six ans, on sait à peine monter ses Legos, non ?
Pourquoi tout le monde regarde la caméra tout le temps ?
Bon d’accord, c’est un effet de mise en scène à la con, mais quand même. Rarement dans un film, les acteurs ne se seront autant directement adressés au spectateur pour partager l’embarras de leur situation. Kévin, poursuivi par les deux cambrioleurs gogoles en criant comme une chèvre qu’on essaye d’égorger ; la mère qui réalise 24h après que son gosse n’est pas présent ou encore Marv après avoir reçu trois briques dans la gueule, tous se trouvent un interlocuteur fantôme à qui ne pas parler. N’importe quoi.
Comment Kévin fait-il pour dessiner un plan aussi facilement ?
Le gosse a beau n’avoir que six piges, il est parfaitement compétent pour dessiner les plans d’une maison qu’il ne connaît pas (dans le deuxième film), sans feuille ni même crayon. Le talent, ça doit être un truc du genre. Encore mieux, sans une thune, il se monte – facilement et en 10 minutes – un arsenal à faire fuir un gang de bouchers albanais. Un gamin capable de faire de tels branchements, d’imaginer des pièges aussi vicieux a forcément quelque chose de louche.
Pourquoi personne ne comprend que le son de mitrailleuse sort de la Télé ?
A part l’adynamie cérébrale, il n’y a aucune explication rationnelle à cette interrogation qui ne devrait même pas en être une. Recadrons les choses, quand même. On parle d’une demi douzaine de personnes se faisant enrhumer par une vidéo d’un film en noir et blanc, EN VHS, projetée sur UN TUBE CATHODIQUE SANS SYSTÈME DOLBY STEREO. Aucune personne « capable », ne peut se dire à un instant que les bruits de la sulfateuse sont réels et/ou proviennent de la pièce d’à côté. Et pourtant, un livreur de pizza, le service hôtelier du plus hôtel de New York et deux cambrioleurs de renom tombent dans le panneau. Bon en même temps, le type de la vidéo est convaincant.
Depuis quand les cambrioleurs annoncent avec précision l'heure d'un délit ?
Et évidemment, au moment de la discussion, le gamin est là pour tout entendre, évidemment. Et puis, dans les deux films, c’est à la même heure, 21h. Dans le genre on a envie de se faire gauler comme des bleus, on n’a pas encore fait mieux. M’enfin, le pire, c’est peut-être que les mecs se sont pointés exactement à l’heure, histoire d’être certain qu’on les attende avec un fusil à pompe. Tiens, en passant, autre truc à la con, comment fait-on pour croiser la même personne plusieurs fois en une journée, dans New York ? Y a quand même des coïncidences sympas dans la vie des Américains.
(Bonus) Pourquoi ce film passe-t-il TOUS LES ANS à Noël ?
On sait que Noël c’est la nostalgie, le retour en arrière, mais quand même les gars 1990, ça fait 30 ans… Il s’agirait de grandir.
On charrie, mais on regardera quand même. Parce que c’est aussi ça, l’esprit de Noël.