En cette époque où l’hygiène est reine, où la moindre mauvaise odeur corporelle est traquée, où les poils sont exterminés en masse, où le rot et le pet sont assimilés à des pratiques moyen-âgeuses, affirmer haut et fort que l’on défèque s’assimilerait presque à un acte de résistance. Et c'est bien sur le lieu de travail que la loi du silence est la plus forte. Peu nombreux sont ceux qui osent avouer qu’ils éprouvent parfois le besoin de se soulager au bureau. Pourtant ils sont nombreux à s’adonner à cette activité naturelle, considérée comme honteuse par notre société moderne où productivité sembler rimer avec constipé. Comment concilier réputation professionnelle et besoin physiologique ? Voici quelques conseils et astuces pour crotter en toute impunité sur votre lieu de travail.
- Trouvez un alibi
Levez-vous avec assurance de votre bureau, en prenant sous le bras quelques documents (qui pourront d’ailleurs s’avérer utiles en cas de pénurie de papier toilette). Si l’on vous questionne quant à la raison de votre déplacement, prétextez avoir des papiers à déposer à la compta. ou un coup de téléphone urgent à passer. Si vous fumez, usez du besoin de nicotine, mais gare aux intrus qui pourrait vous asséner un redoutable "attends, je t’accompagne" qui ne manquerait pas de vous mettre dans une situation des plus délicates alors que vous avez le cigare aux lèvres. - Changez d’étage
Afin de limiter au maximum les risques d’identification, rendez-vous dans les toilettes d’un autre étage, de préférence ceux d’un service où personne ne vous connaît. Dans le cas où vous seriez pris en flagrant délit, votre anonymat sera plus aisément préservé. - Choisissez le bon horaire
S’il vous est possible d’exercer un minimum de contrôle sur vos sphincters, évitez les créneaux horaires identifiés comme "rouge" par bison futé, à savoir le retour de la pause déjeuner et ses inévitables embouteillages intestinaux. Vous seriez en situation de stress intense et auriez les plus grandes difficultés à dissimuler votre forfait, entouré de tous ces témoins potentiels qui n’hésiteraient pas à vous dénoncer pour le seul plaisir de rire de vous. - Utilisez les toilettes handicapés (s’il y en a)
Quitte à déféquer au travail, autant le faire dans un endroit spacieux et confortable. - Limitez le bruit
Votre pire ennemi est ce honteux « ploc » qui ne manquera pas de vous trahir au moment où vous ferez votre offrande à la faïence. Vous pouvez recourir à des stratagèmes tels que la quinte de toux subite au moment de l’impact ou, solution plus efficace encore, tapisser le fond de la cuvette d’une généreuse poignée de PQ qui aura pour effet d’amortir le choc. - Effacez les traces ADN
Muni de cette merveilleuse invention qu’est la brosse à chiottes, frottez avec application jusqu’à faire disparaître tout résidu de matière fécale. - Masquez l’odeur
Le fumet dégagé par votre crotte ne manquera pas d’éveiller les soupçons si vous ne veillez pas à enrayer cette agression olfactive au plus vite. Plusieurs armes sont à votre disposition dans cette lutte : craquer une allumette, vaporiser quelques gouttes de parfum ou imprégner votre feuille de papier toilette de gel antibactérien et le secouer fortement dans les airs. - Préparez votre sortie
Une fois la scène de crime nettoyée (cf points 5, 6 et 7), vous devez songer à quitter ce lieu dont avez été le héros. Attendez donc, tapi dans l’ombre, qu’il n’y ait plus personne dans les toilettes. Dans le cas où l’une des étapes précédentes n’aurait pas été menée à bien, cela vous mettra à l’abri d’une certaine gêne… - Ne laissez pas paraître votre culpabilité
Il ne faut en aucun cas quitter précipitamment la scène du crime, se sauver en hâte vous fera paraître suspect et tous vos efforts seront ruinés par cet élan de panique. Mieux, il vous faut prendre le temps de vous blanchir totalement. Pour cela ouvrez la porte des toilettes d’à côté et allumez-y la lumière, toute personne qui entrera sera ainsi persuadée que vous sortez de cette cabine et ne songera pas le moins du monde à vous attribuez la responsabilité du carnage qui a sévi dans celle d’à côté. - Condamnez vivement les gens de votre espèce
Offusquez-vous auprès de vos collègues de telles pratiques. Prenez un air des plus dégoûtés et fendez-vous d’une tirade sur le fait que quelqu’un (vous pouvez même aller jusqu'à accuser et donner des noms) a encore osé pourrir les chiottes et que, décidément, il y en a qui sont vraiment des chieurs.
Top écrit par coz, topiteur sans scrupule