Si vous croyez que la guerre biologique c’est une invention récente et que jusqu’aux années 90 les armées se contentaient de se balancer des obus à la tronche, vous vous fourrez le doigt dans l’œil et ceci n’est pas un geste barrière. Il semble que les armes biologiques et chimiques ont été inventées à peu près au même moment que la guerre elle-même, parce que autant c’est rigolo de tuer des ennemis, autant c’est carrément fendard fun de leur refiler la peste. Quiconque a fait la guerre de Cent ans sait ça.
Les flèches empoisonnées
Les Grecs avaient identifié leur plante préférée : l’hellébore, une plante médicinale qui soignait à peu près tout pour les médecins de l’époque en petite quantité mais dont les surdoses pouvaient être mortelles. Les cueilleurs d’hellébore étaient particulièrement susceptibles de mourir sans prévenir après avoir souffert le martyr de crampes, convulsions et autres super délires. Du coup, il n’était pas rare de tremper le bout de sa flèche dans un bouillon d’hellébore avant de la tirer vers les lignes ennemies, histoire de foutre l’ambiance chez l’adversaire à défaut de faire un strike dans la tête du général.
L'hellébore pour contaminer l'eau
Et franchement, il y avait une autre technique vraiment pas mal pratique pour tuer des gens sans tirer 750.000 flèches empoisonnées (ça fait mal au doigt) : empoisonner l’eau. C’est ce que les Grecs ont fait durant la Première Guerre sacrée, 600 ans avant JC pour gagner le siège de Khirra. Un peu d’hellébore dans les sources d’eau, quelques jours avec les aqueducs déconnectés pour donner soif à tout le monde, on reconnecte les aqueducs et le tour est joué. Complètement déglingués, malades au dernier degré, les Kirrhiens ont dû rendre les armes sans combattre.
Les cadavres et les miasmes
Quitte à perdre ses amis, autant s’en servir contre ses ennemis, non ? Lors de la grande conquête des Mongols, dans les années 1340, les troupes mongoles ont été touchées par une épidémie de peste bubonique. Et ils n’ont pas tardé à réaliser que la promiscuité des cadavres répandait la maladie. Qu’ont-ils décidé ? Catapulter lesdits cadavres vers la ville de Caffa pour refiler la peste aux ennemis, les affaiblir et leur saper le moral. Bonne idée pas vrai ?
Les béliers contaminés
C’est la toute première mention de l’utilisation d’une arme biologique dans l’Histoire. On était en 1350 au Moyen-Orient et les Hittites, un peuple d’Anatolie, ont eu l’idée de refiler une bactérie à leur béliers et de les abandonner dans les villages qu’ils pillaient histoire de dissuader les gens de revenir. Régner sur un royaume de gens malades et morts, c’est le top.
Du bon usage des serpents venimeux
En plus des éléphants, que l’Histoire a retenus, Hannibal a utilisé des serpents venimeux lors des guerres puniques contre les Romains. Les troupes carthaginoises capturaient des serpents et les envoyaient dans les troupes romaines, ce qui devait générer quelques petits mouvements de panique pas piqués des hannetons (pas venimeux).
Les excréments dans les puits
De manière générale, les gens ont compris assez vite que quand on ne buvait pas d’eau, et bah on mourait. Du coup, pendant les sièges médiévaux, il n’était pas rare que l’armée assiégeante aille balancer des kilos et des kilos d’excréments dans les puits du coin histoire de contaminer l’eau et ainsi assurer le succès rapide du siège.
Le premier gaz lacrymo
Avez-vous déjà failli mourir dans un incendie ? Non ? Tant mieux pour vous. Mais sachez que la fumée, c’est toxique et ça pique les yeux. En Chine, avant notre ère, il n’était pas rare d’utiliser des fumées toxiques pour mettre les gens au pas. Une révolte paysanne a ainsi été matée en 178 en brûlant une herbe toxique dans des petits seaux accrochés sur des chevaux pour accroître sa diffusion. La fumée attaquait les yeux des paysans et les empêchait de respirer. A quoi ça vous fait penser ? Au gaz lacrymo ? Eh ouais, ça y ressemble drôlement.
En avant les ruches
Il y a des milliers d’histoires de la sorte : une armée s’équipe de ruches pleines d’abeilles qu’elle catapulte dans les rangs ennemis afin que les abeilles se mettent à piquer tout azimut et paralysent la progression des adversaires. Dès l’Antiquité, on essayait de calmer les abeilles avec de la fumée pour éviter qu’elles ne pètent un plomb avant d’être propulsées. Cette technique vieille comme le monde était encore utilisée par le Vietcong pendant la guerre du Vietnam. C’est dire si elle marche.
Le miel empoisonné
A malin, malin et demi. En 401 avant JC, des fantassins grecs se sont arrêté dans un petit village d’Anatolie, Colchide. On était bien, à Colchide, il faisait bon, il faisait doux, et y avait des stocks entiers de miel sauvage qui avait l’air délicieux et que les soldats se sont empressés de déguster. Et c’était une erreur car, très rapidement, tous les soldats ont commencé à tomber les uns après les autres. Il faut dire que le miel était le fruit du travail d’abeilles qui collectaient leur pollen dans des rhododendrons toxiques. Alors c’était pas fait exprès exprès, mais c’était quand même un super move pour ralentir l’ennemi.
Et pourquoi pas les scorpions ?
Les serpents, c’est sympas, les abeilles, c’est sympa, mais pourquoi ne pas carrément utiliser des scorpions ? Il y en avait des tas en Mésopotamie, lorsque les Romains s’efforçaient d’étendre leur domination sur toute la terre et les troupes attaquées n’hésitaient pas à fabriquer des munitions bourrées de scorpions et à les envoyer sur les Romains. Il s’agissait de remplir des pots de terre cuite de scorpions puis des les envoyer directement au milieu de l’armée ennemie. En plus, si les scorpions ne mordaient pas tout de suite, ils s’empressaient de se cacher dans les bardas et représentaient de ce fait une menace à long terme pour les troupes. Malin, hein ?