L’apéro est un mélange de détente, de convivialité, d’improvisation et de copains. Bref, un truc à la bonne franquette où on se vautre avec délices dans le gras et le sel, une main près des cacahuètes et l’autre agrippée à la bouteille de bière. L’apéro, c’est le moment où on sacrifie le respect de son corps à celui de l’instant présent. Bref, l’apéro, c’est spontané et pas très raffiné. Sauf chez les connards. Je le sais, parce que j’en fais partie.
Les chips de légumes
Les pommes de terre, c’est vulgaire. Pour des variations de goût, oubliez les chips au poulet rôti réservées aux piques-niques de beaufs. Pour se distinguer, le connard préfère les chips de légumes (betterave, panais, topinambour, rutabaga…) qu’un bain d’huile et de sel a vaguement rendus comestibles. Mais que fait la police ?
Le houmous
Fait maison, bien sûr. Parce qu’il l’a cuisiné lui-même, le connard est persuadé de tenir une alternative saine aux préparations industrielles. Et tant pis si sur le plan calorique, sa préparation se rapproche d’une mayonnaise aux pois chiches : le connard aime les pois chiches.
Le caviar d'aubergine
Le caviar d’aubergine est à la tartinade ce que le virgin mojito est au mojito : le concept vidé de sa substance, et donc de tout plaisir. La rillette du pauvre.
Les bâtonnets de radis noir
N’imaginez même pas ramener des carottes ou des concombres, tout juste bons à tremper dans du tarama industriel. Ramenez du radis noir, ça rime avec connard.
Le fromage et la charcuterie corses
Hors de question pour le connard d’arriver à l’apéro avec du Comté de supermarché et du saucisson dans un emballage plastique agrémenté de carreaux. Non, il aura forcément acheté ses denrées à « l’épicier corse » qu’il est persuadé de bien connaître. Même s’il ne lui dit jamais rien d’autre que « bonjour-merci-au revoir ». Et même si l’épicier corse crache secrètement dans sa bouffe car il déteste tous les connards de son espèce.
La burrata
Le connard doit toujours se différencier. C’est pourquoi il ne mange pas de mozzarella mais de la burrata, une mozzarella farcie de crème qui lui coûte la peau du cul. Il l’a d’ailleurs acheté à « l’épicier italien », qui le déteste au moins autant que l’épicier corse.
Les muffins sans gluten
Tout bon apéro de connard comprend ses alternatives « gluten-free ». Il y en aura toujours un (une, en fait) pour se ramener avec de vieux gâteaux tout secs et étouffe-chrétien sur lesquels toutes les nanas vont se jeter en jurant qu’on ne sent pas la différence avec les muffins normaux. Tristesse.
Les falafels
On vous l’a dit, le connard a un truc avec les pois chiches. Du coup, il aime aussi cette spécialité du Proche-Orient. Son côté citoyen du monde, tu vois.
Les crackers soja-pomme de terre
Achetés au Monop’ du coin, aka le supermarché officiel des connards. Les crackers allégés et sans gluten sont comme des crackers normaux, mais sans aucun intérêt.
Le tartare d'algues
À étaler sur des blinis au sarrasin ou du pain pita en faisant mine de se régaler. Alors que le tartare d’algues a la texture des épinards et le goût de haricots à l’huître. Mais c’est bon pour la santé, il paraît.
N’oubliez pas de faire descendre tout ça avec de la bière locale et brassée artisanalement, ou bien l’eau détox concombre-citron-gingembre. Et de vous étouffer avec.