Il est extrêmement difficile d’avancer des chiffres certains pour dresser le bilan de la guerre en Syrie, commencée en 2011. En effet, l’ONU a renoncé en 2014 à tenir l’inventaire faute de bénéficier des moyens nécessaires (un signe que ça va pas très fort, quand même) et l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, qui publie régulièrement des estimations, est un interlocuteur sujet à caution. Sur cette base et malgré ces réserves, il est possible de réaliser quelques comparaisons qui donnent une idée de l’ampleur sans précédent de ce conflit qui menace l’équilibre général du monde et qui constitue sans aucun doute la plus grande catastrophe humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.
Plus de 470.000 morts, soit déjà plus que le bilan de la guerre d'Espagne
400.000 personnes seraient mortes en raison de violences directes, et 70.000 en raison des privations d’eau et de nourriture. Le bilan ne dépassait pas 250.000 morts avant l’intervention russe.
Pendant la guerre d’Espagne, 284.000 personnes ont été tuées directement et on estime toutefois à 630.000 le nombre de morts de maladie. A titre de comparaison supplémentaire, la Seconde guerre de Tchétchénie a fait 2,5 fois moins de morts que la guerre en Syrie.
L'espérance de vie des Syriens a baissé de 15 ans en 6 ans
L’espérance de vie moyenne en Syrie était de 70 ans en 2011. Elle est aujourd’hui de 55 ans.
12 millions de personnes ont été déplacées, soit 3 fois plus que pendant les guerres d'ex-Yougoslavie
8 millions de personnes ont dû s’enfuir au sein même du pays et 4 millions se sont réfugiés dans d’autres pays, l’immense majorité en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Égypte.
Plus de 31.000 morts à Alep, soit près de 4 fois plus qu'au massacre de Srebrenica
Environ 9.000 personnes sont mortes à Srebrenica.
11,5% de la population tuée ou blessée en 5 ans
Plus d’une personne sur 10 a été directement touchée par la guerre.
70% des Syriens vivent dans un état d'extrême pauvreté, soit deux fois plus qu'en Afrique sub-Saharienne
L’extrême pauvreté se définit comme la nécessité de vivre avec moins de 2 dollars par jour. En Afrique sub-Saharienne, le taux d’extrême pauvreté est de 35%.
Fin 2015, la perte de PIB pour le pays était de 254,7 milliards d'euros, soit 468% du PIB de 2010
50% des hôpitaux du pays ont été détruits
A Alep, les médecins expliquent devoir intervenir en sous-sols, car les hôpitaux sont systématiquement bombardés.
Outre les forces locales, près de 70 pays sont impliqués, soit autant que pendant la Seconde Guerre mondiale
Pour faire simple, la coalition formée en 2014 à l’initiative des Etats-Unis pour combattre Daech réunit environ 60 pays. Par ailleurs, la Russie intervient depuis un an pour bombarder les rebelles en soutien au régime de Bachar-Al-Assad, aux côtés également de l’Iran. La Turquie joue un jeu trouble, entre appels au départ d’Al-Assad et soutien supposé à Daech qui combat les forces kurdes indépendantistes. A ces forces internationales s’ajoute l’armée régulière de Bachar-Al-Assad, les rebelles (nombreux et fragmentés), les islamistes (divisés en différentes mouvances qui s’opposent) et donc les Kurdes.
C’est une situation plus qu’explosive qui rappelle les prémisses de la Seconde guerre mondiale à de très nombreux observateurs.
Par crainte d’un affrontement direct avec la Russie qui pourrait conduire à cette fameuse troisième guerre mondiale tant redoutée, les Etats-Unis observent actuellement une stratégie attentiste. La victoire attendue de Clinton à la Présidentielle américaine pourrait changer l’ordre des choses, celle-ci étant connue pour son tempérament plus interventionniste que celui d’Obama.
Source : Confronting Fragmentation