La notion de génocide date de 1943 et désigne le massacre des membres d’un groupe ethnique, racial, religieux ou politique à des fins de faire disparaître ce groupe. Et sa pratique n’est pas nouvelle. Entre conquêtes coloniales et guerres mondiales, le XX° siècle a donné lieu à plusieurs épisodes génocidaires tous aussi effrayants les uns que les autres.
Le génocide ukrainien
Egalement appelé « Holodomor » qui signifie en gros « extermination par la faim », le génocide ukrainien fait partie, selon plusieurs historiens, d’une entreprise délibérée des autorités de l’URSS pour affamer la population ukrainienne en profitant des grandes famines touchant tout le territoire soviétique. De 1932 à 1933, entre 3 et 6 millions de personnes sont ainsi mortes de faim avec des pics à 370 morts pour 1000 habitants. Selon les historiens qui soutiennent l’idée d’un génocide orchestré, les autorités staliniennes ont savamment organisé la réquisition du blé en Ukraine dans le but de détruire les fondements du nationalisme ukrainien, limitant par décret les déplacements des paysans afin de leur interdire de s’exiler pour trouver de la nourriture ailleurs. Mais d’autres historiens estiment que si l’Ukraine a plus souffert de la famine que les autres régions, c’est en raison de sa démographie et non dans le cadre d’une politique d’extermination délibérée.
Le massacre des Héréros et des Namas
Le mot génocide a été inventé en 1943, plus de 30 ans après l’extermination systématique de ces deux peuples de l’actuelle Namibie. Pourtant, ce massacre est considéré par la plupart des historiens comme le tout premier génocide perpétré au XX° siècle. Sous l’autorité de Lothar von Trotha, les troupes allemandes ont ainsi assis leur domination sanglante en assassinant 80% des représentant des Héréros et des Namas qui étaient entrés en rébellion contre leur joug. Meurtre de masse, travail forcé, camps de concentration où les rebelles sont conduits par le train. Une superbe répétition pour les années 1940 qui entraîna la mort de 85.000 personnes.
Le génocide arménien
Le génocide arménien a eu lieu au cours des années 1915 et 1916 et certains historiens estiment qu’il s’est prolongé jusqu’en 1923. Déportations, famines forcées et massacres : 1,2 million d’Arméniens (soit 77% de la population arménienne en Turquie) font les frais de la politique d’extermination des Jeunes Turcs qui les accusent de pactiser avec les ennemis russes pour obtenir la défaite de l’Empire ottoman. 100 ans plus tard, la Turquie continue de nier l’existence de ce génocide que la France a officiellement reconnu seulement en 2012…
Le génocide assyrien
Déjà bien occupés à massacrer les Arméniens, les Ottomans ont également profité de la confusion générée par la première guerre mondiale pour éliminer une autre de leurs populations : les Assyriens. Entre 1914 et 1920, les populations assyriennes ont en effet été systématiquement assassinées par les Turcs – bien aidés par les Kurdes. Ruraux et catholiques, les Assyriens étaient persécutés de longue date par le pouvoir ottoman. Au total, ils sont 5 à 750.000 à avoir péri au cours de ces 6 années, soit 70% de la population assyrienne.
Les massacrés du Mandchoukouo
Jusqu’en 1905, la Mandchourie était russe. Mais la victoire surprise du Japon face à l’Empire russe lors de la guerre de 1905 change la donne : le Japon occupe la Mandchourie et, après une longue période d’instabilité, crée un état indépendant, le Mandchoukouo, afin de récupérer le maximum de ressources naturelles. Des colons sont envoyés sur place. Pendant la guerre, le Japon cherche à accroître encore son emprise sur le territoire chinois et se livre à des exactions affreuses. Entre 1942 et 1945, l’armée japonaise enrôle de force une dizaine de millions de civils chinois pour les envoyer au Mandchoukouo exercer des travaux forcés. Surpris par la rébellion du parti communiste chinois, les Japonais ont mis en place la Politique des Trois Tout, une politique de la terre brûlée visant à massacrer les populations chinoises et à tout brûler sur place. C’est ainsi que 2,7 millions de Chinois ont trouvé une mort systématique. Une décision génocidaire.
Le génocide khmer
De 1975 à 1979, Pol Pot et les Khmers rouges ont mené une politique systématique d’uniformisation ethnique, religieuse et idéologique au Cambodge, ce qui se traduit par « massacrer tous ceux qui n’étaient pas exactement conformes à notre idée du peuple cambodgien ». 1,7 million de morts dans des massacres plus affreux les uns que les autres. Il aura fallu attendre 2018 pour que des tribunaux reconnaissent officiellement le caractère génocidaire de ces actions sur les minorités vietnamiennes et cham du pays.
Le Massacre de Plan de Sánchez
En 1982, les forces armées guatémaltèques et leurs alliés paramilitaires se rendent dans le village de Plan de Sanchez que le gouvernement du général Rios Montt soupçonne de soutenir les insurgés de gauche. Cherchant à frapper un grand coup, l’armée massacre TOUT LE VILLAGE : 250 personnes meurent, presque unanimement issue de l’ethnie Achi Maya. Les familles de survivants ont poursuivi Rios Montt qui a été condamné en 2013 par un tribunal international pour génocide et crime contre l’humanité.
Le massacre des Kurdes par Saddam Hussein
Au cours des années 88 et 89, Saddam Hussein a développé l’opération Anfal dont l’objectif était de mettre un terme définitif au problème kurde en Irak (les velléités d’indépendance du peuple kurde ne plaisaient pas du tout à Hussein). En 2 ans, 182.000 personnes ont ainsi été assassinées par l’armée irakienne, dont 7.000 lors du massacre de Halabja au cours duquel l’armée a gazé sa propre population kurde au cours de la guerre Iran-Irak. La Haye a qualifié ces massacres de génocide en 2005 et Ali Hassan al-Majid, responsable de l’opération et commanditaire des attaques chimiques, a été exécuté par pendaison après avoir été jugé par un tribunal irakien.
Le massacre de Sabra et Chatila
Bonne ambiance, décidément, en cette année 1982. Le massacre de Sabra et Chatila a en effet été considéré comme un acte de génocide par l’ONU. Cette tuerie survenue à la fois dans un quartier de Beyrouth et dans un camp de réfugiés palestiniens le 16 décembre a causé la mort de 3000 personnes. 150 phalangistes (représentants d’une milice chrétienne) y ont en effet assassiné les populations pour venger le meurtre du président libanais Bachir Gemayel, imputé à l’OLP. Mais l’attribution de la mention de génocidaire à ce massacre fait débat dans le corps universitaire et législatif, certains voyant dans cette décision de l’ONU une volonté politique de déstabiliser Israël plutôt qu’une recherche de précision sémantique.
Le massacre de Srebrenica
En juillet 1995, 8000 Bosniaques sont systématiquement assassinés par les militaires serbes à Srebrenica. Le TPI qualifie le massacre de génocide. Les Casques bleus de l’ONU étaient pourtant déployés dans la ville pour maintenir la sécurité des populations. Cet épisode majeur de la guerre des Balkans est encore aujourd’hui dans toutes les mémoires.
Bonne ambiance.