S’il existe près de 50 nations et 600 communautés autochtones au Canada, la Constitution canadienne de 1982 distingue ces peuples en trois groupes : les Premières Nations (auparavant appelées « Amérindiens »), les Inuits (qui vivent dans les régions arctiques) et les Métis (qui descendent à la fois des Amérindiens et des Européens). Récemment, de tragiques évènements ont conduit le Canada à se pencher sur l’histoire de ces peuples autochtones au sein du pays, qui ont vécu et vivent encore des situations inhumaines.
Ils sont encore des millions à vivre dans différentes régions du Canada
D’après le recensement canadien de 2016, les autochtones seraient près d’1 673 700 à vivre au Canada, et représenteraient donc 4,9% de la population totale du pays. On dénombrerait près de 977 200 personnes représentant les Premières Nations, 587 500 Métis et 65 000 Inuits.
Ils ont vécu l'assimilation forcée
À la fin de la conquête anglaise, au 18e siècle (après avoir été décimés par les maladie importées par les européens et par les différentes guerres pour la colonisation en Amérique du Nord), les autochtones ont été confrontés à « l’assimilation » à la culture canadienne, mise en place par le gouvernement. Cette stratégie était très populaire à la fin du 19e et au début du 20e siècle et se matérialisait à travers des sanctions pour les personnes non converties au christianisme, l’interdiction de certaines religions, l’interdiction de porter des costumes et d’effectuer des danses traditionnelles, et la création de réserves pour sédentariser les autochtones. Des pensionnats ont également été créés en partenariat avec l’Église catholique pour que les enfants autochtones quittent leurs maisons et deviennent des « citoyens civilisés ».
Les femmes autochtone ont vécu la stérilisation forcée
Les lois sur la stérilisation adoptées en Alberta (1928–1972) et en Colombie-Britannique (1933–1973) ont permis de mettre en place des campagnes de stérilisation à l’encontre des « personnes inaptes » et plus particulièrement des femmes autochtones. Il y a bien évidemment eu des débordements hors du cadre législatif mais également à l’intérieur. Cette pratique a même duré jusqu’au 21e siècle puisqu’une centaine de femmes autochtones ont déclaré avoir été forcées à accepter la stérilisation entre les années 70 et 2018.
Les autochtones ont vécu une grande rafle d'enfants dans les années 60
Cette rafle, aussi appelée rafle des « Sixties Scoop » a été menée par le gouvernement canadien et réalisée entre les années 60 et 80. Près de 20 000 enfants ont été victimes de cette rafle afin d’être adoptés par des familles blanches canadiennes, voire étasuniennes et européennes. En 2017, le gouvernement canadien a annoncé vouloir dédommager les victimes en leur versant près de 800 millions de dollars.
Les autochtones ont été victimes d'un génocide culturel
C’est ce que conclut la Commission de vérité et réconciliation du Canada dans un rapport finalisé en 2015. Lancée en 2008, cette enquête retrace les expériences, souvent terribles, vécues par près de 150 000 enfants en pensionnats autochtones. Le rapport conclut à un « génocide culturel », expression reprise par Beverley McLachlin, juge en chef de la cour suprême du Canada. On pouvait notamment y lire que « les pensionnats indiens faisaient partie d’une politique cohérente visant à éliminer les peuples autochtones en tant que peuples distincts et à les assimiler contre leur gré à la société canadienne ». L’utilisation du terme « génocide » a longtemps été très critiquée par les politiques. Il a pourtant été accepté 4 ans plus tard par le Premier Ministre du pays.
Justin Trudeau a reconnu que les femmes et filles autochtones avaient été victimes d'un génocide
Après le rapport de 2015, la gouvernement canadien a lancé une enquête nationale indépendante sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées (FFADA). En 2019, le résultat de l’Enquête était sans appel : il s’agit d’un « génocide ». D’après différents rapports, entre 1 200 et 4 000 femmes et filles autochtones auraient disparu ou été assassinées entre 1980 et 2012. Le taux d’homicides était d’ailleurs près de sept fois plus élevé pour les femmes autochtones que pour les femmes non autochtones entre 1970 et 2000. Suite à ce rapport, pour la première fois, le premier ministre canadien Justin Trudeau a accepté publiquement l’utilisation du mot « génocide ».
Les restes de 215 enfants autochtones ont été retrouvés près d'un pensionnat
L’une des dernières actualités liées aux crimes commis contre les autochtones est la découverte, en juin 2021, des ossements de 215 enfants à proximité d’un pensionnat indien de Colombie-Britannique, où les élèves étaient scolarisés entre 1890 et 1969. Une nouvelle qui a bouleversé le pays et suite à laquelle Justin Trudeau a approuvé le lancement de nouvelles recherches de restes humains sur d’autres pensionnats, à la demande des dirigeants autochtones. Il a aussi reconnu l’échec du gouvernement dans ses relations avec les populations autochtones.
En 2021, 751 tombes ont été découvertes à côté d'un pensionnat autochtone
Suite à la découverte des ossements d’enfants, près de 751 tombes autochtones anonymes ont été découvertes, fin juin 2021, lors des fouilles du site d’un pensionnat dans la région de la Saskatchewan, géré par l’Église catholique jusqu’en 1970. Une majorité de ces tombes seraient celles d’enfants. Il s’agirait de la plus importante découverte du genre au Canada. Des excuses du Pape ont été demandées par les dirigeants autochtones suite à ces découvertes atroces.
Leur situation socio-économique est catastrophique
Encore aujourd’hui, les autochtones souffrent de stigmatisation, qu’ils soient urbanisés ou qu’ils vivent dans les réserves indiennes. Cette mise à l’écart se ressent dans différents pans de leur vie puisque leurs salaires varient de 60 à 90% par rapport à ceux des non autochtones. Leur taux de chômage est aussi deux fois supérieur au taux national, leur taux d’incarcération six fois plus élevé que parmi la population canadienne, et leur taux de suicide fait partie des plus élevés au monde. Le Canada a par ailleurs été épinglé par l’ONU en 2019 pour le mal-logement des communautés autochtones. Il faut aussi savoir qu’environ 400 communautés sur 600 continuent d’avoir de réels problèmes avec l’eau potable. Sans oublier l’alcoolisme qui fait de nombreuses victimes au sein de ces communautés.
5 000 livres "néfastes" aux autochtones ont été brûlés dans des écoles
En septembre 2021, le conseil scolaire de Providence, dans le Sud-Ouest de la région de l’Ontario, et la « gardienne du savoir » autochtone, la chercheuse Suzy Kies (qui n’a d’ailleurs pas d’ancêtres autochtones), ont initié un grand tri dans les bibliothèques d’une trentaine d’établissements canadiens. Près de 5 000 livres jugés discriminatoires envers les autochtones ont été brûlés. Parmi eux, des grands classiques comme Astérix et les Indiens, Tintin en Amérique, Pocahontas, ou encore Lucky Luke, accusés de représenter ces communautés comme paresseuse, alcooliques ou méchantes. Beaucoup de personnalités politiques ont dénoncé cet acte isolé.
D’autres crimes ont également été longtemps cachés dans le monde, comme le montre ces génocides méconnus du 20e siècle et ces drames historiques dont personne ne parle.
Sources : L’Encyclopédie canadienne, Radio-Canada, Le Soleil, La Presse, Le Devoir, L’ONU, Policy Options, Le Monde, Libération, Ouest-France, Courrier International, France Info, Wikipédia.